Des autorités locales aux insulaires, toutle monde sur l’île de Poulo Condor parle de Trân Thi Yên, patronne del’entreprise Thai Binh, spécialisée dans l’hôtellerie, le tourisme, laréparation de bateaux. Cette femme chef d’entreprises est à l’image deson île : ambitieuse. Trân Thi Yên a fait partie des premiers groupes dejeunes volontaires, les fameuses «forces de choc», arrivés à Côn Daoaprès la réunification de 1975. Près de 40 ans se sont écoulés. Depetite commerçante, Trân Thi Yên est devenue patronne d’une chaîned’hôtels, d’ateliers de réparation de bateaux... «Les courageux qui sontrestés pour construire cette île ont désormais une vie confortable»,dit Trân Thi Yên. Et d’ajouter : «Ce territoire sacré, aux nombreuseslégendes, est un peu notre maison commune».
Une vie quotidienne qui reste difficile
Autre personne établie depuis plus de 30 ans sur cette île : levice-président du Comité populaire du district de Côn Dao, Châu AnhKiêt. Témoin des changements intervenus ces dizaines d’années, il ditfièrement : «Nous sommes +riches+ car nous possédons un trésor, unvestige historique, c’est la prison de Côn Dao, ancienne école politiquedes patriotes communistes». Et d’ajouter : «Côn Dao a encore beaucoupde difficultés. Mais le pays entier est à nos côtés. Des dirigeants à lapopulation, ils s’intéressent à nous et créent de bonnes conditionspour le développement de l’île. Ce qui nous encourage beaucoup». Levice-président du Comité populaire de Côn Dao avoue que «la populationlocale possède aussi une autre force, c’est sa solidarité. Les vestigeshistoriques, les âmes des morts sacrifiés pour la Patrie, leslégendes... ont tissé des liens forts entre les insulaires».
Cette solidarité entre habitants n’est pas un vain mot. Sur le planmédical, l’île ne compte que le Centre de santé militaire et civil(combinaison entre le Centre de santé du district de Côn Dao etl’infirmerie militaire du Commandement militaire du district). Leshabitants souffrant de graves maladies doivent regagner le continent.Mais parfois, lors de certains cas d’urgence (hémorragie pendant uneopération chirurgicale ou lors d’un accouchement), il suffit d’annoncerla nouvelle par haut-parleur pour que de nombreux habitants viennenttout de suite, même la nuit, au Centre de santé pour offrir leur sang.
Avant d’être un paradis touristique, l’île de PouloCondor a été un enfer, un vrai, et ce pendant des décennies. Sonpénitencier avait été fondé en 1862 par l’administration colonialefrançaise pour détenir les prisonniers politiques vietnamiens.D’innombrables patriotes, communistes y ont été emprisonnés et torturés.Plus de 20.000 y sont décédés. «Ici, on compte trois fois plus d’âmesmortes pour la Patrie que d’habitants», déclare le chef du Comité degestion du vestige historique de pénitencier de Côn Dao, Nguyên ThiThanh Vân.
Dans le cimetière de Hàng Duong, le plusgrand de l’île, reposent des dizaines de milliers de morts pour laPatrie. Venir leur rendre hommage est une habitude des insulaires. Etlors des mariages, les mariés et leurs proches viennent y brûler desbâtonnets d’encens.
Les habitants de Côn Dao sontfiers de leur île. Parlant de leur «maison commune», les insulairessemblent oublier les difficultés qui sont encore légion. Par exemple,les navettes de bateaux reliant l’île au continent restent trop peunombreuses. Elles ne satisfont qu’à 20% des besoins de déplacement desvisiteurs, militaires et civils. Durant la saison creuse (de juillet àfévrier), il n’y a parfois qu’un seul bateau par mois transportant à sonbord 200 passagers. Concernant la voie aérienne, deux ou trois vols parjour relient Hô Chi Minh-Ville et Côn Dao, avec 200 passagers pourchaque vol. Le tarif de l’électricité (pour l’usage familial et laproduction) est de 8.600 dôngs/kWh, soit cinq fois plus que sur lecontinent. Les prix des services, des marchandises sont quant à eux deuxfois plus élevés.
D’ici à 2015, le districtinsulaire de Côn Dao a fixé le tourisme, les services et l’industriecomme ses orientations de développement prioritaires. En 2015, l’îleespère attirer 64.000 touristes par an. Pour cela, elle concentre sesinvestissements dans les infrastructures. Et bien sur, l’ensemble desinsulaires, autorités et locaux, unissent leurs efforts pour un belavenir. -VNA