Ils sont les lointains descendants des hommes de l’ère duhoabinhien, le terme « hoabinhien » désignant une industrie lithiqueayant connu son apogée en Asie du Sud-Est à l’époque du paléolithique.
On peut dire que les Muong sont ethniquement et linguistiquementproches des Kinh. Le muong est étroitement apparenté au vietnamien, aveclequel il fait partie du groupe dit des langues Viet-Muong de lafamille austroasiatique. Ces deux langues ont environ 75 % de leurvocabulaire de base en commun.
Les Muong s’établissentdonc dans des régions certes montagneuses, mais favorables aux travauxchampêtres. Ils pratiquent d’ailleurs la riziculture inondée, en dignescousins des Kinh. Pour se prémunir des attaques d’animaux sauvages, ilsvivent dans des maisons sur pilotis, bâties à flanc de montagne,l’espace qui se trouve sous le plancher servant d’abri aux animauxdomestiques et aux volailles.
Côté vêtements, les Muongont vraiment du style ! Les hommes arborent un chemisier fendu sur lapoitrine, avec un col rond et deux pochettes, et un pantalon à largesjambes. Ils utilisent un grand foulard en guise de ceinture. Et ils sontcoiffés d’un foulard blanc. Mais pour peu qu’il y ait une festivité,ils revêtent des couleurs plus vives : chemisiers jaunes ou pourpres,foulards bleu marine foncés, manteaux noirs avec des boutons sur lecôté. Quach Van Suong, un Muong de Hoà Binh, est très fier des costumesde son ethnie : « Je porte des costumes traditionnels depuis que je suistout petit. L’identité culturelle de mon ethnie se perpétue par cesvêtements. Du coup, j’aime beaucoup les porter, aussi bien dans la viede tous les jours que pour les festivités. Il faut donner exemple auxjeunes ! »
Quant aux femmes, elles portent une vestecourte à longues manches en blanc ou en brun, et en-dessous, un yếm, uncache-seins traditionnel chez les Kinh également. Il s’agit d’un carréde soie ou de coton dont les extrémités sont fixées par des cordonslacés dans le dos au niveau du cou. Pour le bas, elles se vêtent d’unelongue jupe noire et se coiffent d’un simple foulard, soit blanc, soitvert. Mais ce qui apporte de la grâce et du charme aux femmes Muong, cesont les motifs brodés qui décorent la ceinture et la bordure de lajupe. Il convient d’ailleurs de préciser qu’une bordure de jupe ne peutpas être réalisée par n’importe qui ! Il faut de l’habileté et du sensesthétique afin que les motifs soient parfaitement associés. Il existeune bonne quarantaine de motifs traditionnels, mais c’est le dragon quireste dominant, comme nous l’explique Quach Thi Lan, un autre Muong deHoa Binh : "C’est très difficile ! Il faut être très précis et choisirdes fils différents pour chaque partie du dragon : un fil pour la tête,un autre pour la queue, un autre encore pour le corps ondulé... Et puisil faut aussi savoir créer une harmonie entre toutes les couleurs".
Les Muong possèdent un très riche patrimoine,notamment littéraire, avec de longs poèmes, des légendes, des contes,des proverbes, des berceuses, mais aussi musical, avec de trèsnombreuses chansons folkloriques. D’après Bui Thi Xuan, qui fait partied’un club voué à la préservation de l’identité culturelle Muong, leschants folkloriques se divisent en plusieurs catégories, selon lescirconstances dans lesquelles ils sont chantés. Mais les Muong ontégalement des épopées, dont la plus célèbre est sans doute « De dat denuoc » - La naissance des terres et des eaux, en français.
« Notre club essaie de remettre au goût du jour d’anciens chantsfolkloriques pour les apprendre aux jeunes. Par exemple, on chante des «ram thuong » et des « dum » pendant les mariages. Quand j’étais encorejeune, on travaillait en chantant toute la journée. Les chantsfolkloriques Muong sont tellement riches et variés ! » dit Bui Thi Xuan.
Les Muong chantent aussi : « Bien que moi et vous soyonsDEUX êtres, nous ne faisons qu'UN. Etant UN seul être, moi et vouspourrions être considérés toujours comme DEUX. » Autrement dit, bienqu’on soit issue de différentes ethnies, on cohabite dans un même pays !-VNA