Hanoi (VNA) – Le Théâtre de la Jeunesse présente au public hanoïen « Les rives lointaines » du dramaturge Le Thu Hanh, avec deux versions, une en vietnamien et une en coréen. La pièce, mise en scène par l’artiste du peuple Ngo Xuan Huyen, avait reçu une médaille d’or lors du Festival national de théâtre de 1996. Elle a ensuite été présentée un peu partout dans le pays. Plus de 20 ans après, elle continue de nous aller droit au coeur.

« Les rives lointaines » tournent au tour des relations entre le couple Tung et Thuy et leur ami Trung. Thuy et Tung ont fait un mariage d’amour. Ils vivent une vie sans histoire, avec leur fils Quang. Tung est un fonctionnaire fade. Résignée, son épouse, Thuy, se contente de son rôle d’épouse et de mère. Mais tout va changer avec l’apparition de Phuong, la petite amie de Quang. Avec son style de vie moderne, celle-ci va susciter chez Thuy des aspirations nouvelles, des aspirations qui vont même aller jusqu’à menacer sa vie conjugale, lorsque survient Trung, un homme généreux et à esprit libre. C’est Si Tien qui joue le rôle de Tung.

« Les rives lointaines »: deux versions, un message hinh anh 1 Les acteurs sud-coréens. Photo: Bao Moi

Les conflits familiaux varient d’une époque à l’autre, nous dit-il. A l’époque du rationnement, on ne parlait que des besoins de la vie quotidienne: la nourriture, les vêtements... De nos jours, c’est différent. Ce qui reste d’actualité, c’est que l’argent peut parfois prendre le pas sur les sentiments.   

La pièce est donc mise en scène pour une nouvelle fois, en vietnamien et en coréen, par deux équipes de comédiens et deux metteurs en scène. Dans la version réalisée par l’équipe du Théâtre de la Jeunesse, après avoir quitté sa famille pour Trung avec lequel elle connaît un échec amoureux, Thuy se suicide pour mettre un terme à sa solitude. Dans la version sud-coréenne, la metteuse en scène Lee Eun-son, qui assume aussi le rôle de Thuy, a choisi une autre issue à son personnage: Thuy a quitté sa famille pour une autre terre, avec une nouvelle vie et un nouveau travail. La musique jouée en live donne aussi à la pièce une certaine fraîcheur.

Au Vietnam, mais en République de Corée aussi, il y a beaucoup de gens comme Thuy, qui ont une vie familiale paisible, mais qui souhaitent vivre autrement, nous explique-t-elle. On peut facilement s’identifier au personnage de Thuy. De même, on peut trouver de nombreuses similitudes entre la vie au Vietnam et en République de Corée.

« Les rives lointaines »: deux versions, un message hinh anh 2 Photo: To Quoc.vn

Dans les deux versions, Phuong est le personnage qui donne à la pièce un tournant majeur. C’est Thu Quynh qui joue ce rôle dans la version vietnamienne.

Phuong dans « Les rives lointaines » est le personnage le plus jeune, le plus optimiste, l’unique point lumineux de la pièce, représentant la jeunesse, l’avenir. Elle est comme une réforme idéologique pour tous les autres personnages. Au moment de la création, c’est Lan Huong qui jouait ce rôle. Nous, les jeunes d’aujourd’hui, nous sommes encore plus audacieux, plus ouverts. J’ai donc changé quelques détails pour rendre mon personnage plus proche du public et plus moderne aussi, nous confie-t-elle.

Jouer sur une scène dépouillée avec comme unique décor un salon en rotin, c’est un grand défi pour chaque comédien. A travers les personnages de la pièce, chaque spectateur trouvera lui-même la réponse à cette question: Pourquoi avec une famille prototype - le mari gagne de l’argent, la femme fait le ménage - le bonheur reste toujours comme une rive lointaine? Comme en 1996, c’est l’artiste du peuple Le Khanh qui joue le rôle de Thuy.

« Les rives lointaines »: deux versions, un message hinh anh 3L'artiste du peuple Le Khanh et l'acteur Duc Khue. Photo: Théâtre de la Jeunesse

Chaque fois que j’invite quelqu’un à venir voir la pièce, je dis toujours que c’est une pièce pour toute la famille. Ce serait formidable si les grands-parents, les parents et les enfants allaient la voir ensemble. On dit souvent que la famille est le noyau de la société, une société en miniature. Je suis convaincue que chaque spectateur peut trouver une partie de soi-même dans cette pièce, estime-t-elle.

Avec la fin douloureuse de Thuy, le dramaturge Le Thu Hanh a sonné le glas des liens superficiels de nombreuses familles asiatiques... – VOV/VNA