Hanoï (VNA) - Le règlement communal ou huong uoc est lié à la fondation et au développement des villages traditionnels.Il est l’un des outils de régulation des relations villageoises au seinde la communauté.
Décidément, nos archivistes et nos historiens ont du pain sur la planche. L’énorme masse de documents han et nôm accumulée depuis des centaines d’années, dont beaucoup sont encoreéparpillés au sein des familles et dans les villages, est à peineexploitée.
Rappelons que le Vietnam traditionnel employait parallèlement deux écritures : les idéogrammes chinois han dans l’administration, l’enseignement, les créations littérairessavantes… (comme le latin au Moyen Âge en Europe) et les idéogrammes nôm forgés selon le modèle chinois pour la transcription phonétique vietnamienne et employés dans la littérature populaire.
Les mentalités évoluent dans le bon sens
Les archives han et nôm englobent en particulier d’innombrables cadastres (dia ba) et règlements communaux.
Les règlements communaux sont fixés par chaque village. Ils régententtoutes ses activités : culte du génie tutélaire, mariage, deuil,propriété, juridiction, récompenses et punitions pour affaires de mœurs…Ils doivent souvent recevoir l’agrément des instances supérieures. Ilsont une signification très pratique et assurent une certaine autonomieau village. Un proverbe ne dit-il pas : "Les prescriptions du roi ne valent pas autant que les coutumes du village".
L’esprit des règlements communaux relève du bon sens, de la moraleconfucéenne et se base également sur les ordonnances royales.
Ainsi, une ordonnance du roi Lê Thánh Tông (1442-1497) en vue deréformer les coutumes villageoises comprenait 80 articles qui devaientinspirer les règlements communaux de l’époque : les parents doivent bienéduquer leurs enfants, les empêcher de devenir chanteur ou comédien ;le chef de famille est responsable des fautes des membres de sa famille ;le mari ne peut abandonner sa femme que dans sept cas, la femme ne peutabandonner son foyer qu’après avoir été punie de ses fautes ; la veuvene peut héberger chez elle des jeunes gens dans un but inavoué ; lelettré ne doit pas flagorner les puissants pour faire du mal ; lemandarin doit être exemplaire ; le commerçant doit être honnête ; lesaubergistes hébergeant des femmes doivent veiller sur leur sécurité ;les hommes et les femmes ne doivent pas se baigner dans un même endroit ;les anciens du village doivent donner des conseils moraux à la maisoncommunale ; les voyous doivent être dénoncés. Chez les ethniesminoritaires (Muong, Mán), les fils, les neveux ne doivent pas épouserles femmes de leur père ou de leur oncle décédé, etc.
Ordonnance sur les questions pratiques
Deux cents ans après Lê Thánh Tông, en 1662, le roi Lê Huyên Tôngpromulgua une autre ordonnance dont l’essentiel reproduisait l’ancienne.
Je viens de lire avec beaucoup d’intérêt des documents traduits du han-nôm,d’un village à quelques kilomètres de Huê, à Kim Long, près de lafameuse pagode Thiên Mu, au bord de la rivière des Parfums. Il s’agit duvillage de Xuân Hòa (anciennement Hà Khê). Ces archives couvrent unepériode allant du milieu du XVIIe siècle au début du XIXe.
La convention communale (1797) est l’une des rares pièces qui demeuredu règne de l’illustre roi Quang Trung, vainqueur des Chinois et desSiamois, fondateur de la dynastie des Tây Son (1786-1802). Le villageétait en pleine reconstruction après une longue période debouleversements politiques, sociaux et militaires. La conventioncommunale stipule des règlements sur des questions très pratiques. Lemarché venant d’être restauré, il était interdit aux habitants, souspeine de contravention, d’aller faire des achats dans les marchés horsde l’enceinte communale.
Tous les villageois devaient se tenir prêts à intervenir en casd’alerte (deux roulements de crécelle en cas de brigandage, un en casd’incendie…), prescription des cérémonies de sacrifice à la maisoncommunale, comme offrande culturelle, il fallait de l’alcool, après lacérémonie, chacun n’avait droit qu’à une tasse, l’ivresse étantcondamnée, etc. - Huu Ngoc/CVN/VNA