Hanoï, 14 janvier (VNA) - Pour faire face à leurs difficultés économiques en 2019, les pays membres de l'ASEAN devraient donner la priorité à la mise en œuvre de la Communauté économique de l'ASEAN 2025 (AEC) et à la conclusion des négociations du RCEP.
C’est ce qu’a écrit Kaewkamol Pitakdumrongkit, directeur adjoint et professeur assistant au Centre d'études sur le multilatéralisme (CMS) de l'École d'études internationales S. Rajaratnam (RSIS) de l'Université technologique de Nanyang (NTU) à Singapour, dans un article publié le 9 janvier dernier sur Eurasia Review.
Selon l’auteur, en ce début d'année, les économies de l'Asie du Sud-Est seront probablement confrontées à des difficultés économiques majeures, à savoir les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine et les hausses des taux d'intérêt par la Réserve fédérale américaine (FED).
En conséquence, le monde en 2019 pourrait assister à davantage de séries de progressions de tarifs ou de mesures de restriction du commerce mises en place par Washington et Pékin. Les économies régionales devront se préparer à des impacts futurs.
Sur le front financier, le 19 décembre, la FED a relevé le taux d'intérêt de 2,25 à 2,50 points et prévu deux augmentations en 2019. Les augmentations supplémentaires en 2019 pourraient provoquer des retraits de capitaux des pays de l'Asie du Sud-Est, les investisseurs mobilisant des fonds pour rechercher des rendements plus élevés aux États-Unis. S’ils ne sont pas bien gérés, ces retraits de capitaux peuvent être à l’origine d’une instabilité financière et d’une crise des économies régionales.
S'il est peu probable d'éviter les effets de telles mesures sur les économies régionales, en 2019, les pays membres de l'ASEAN peuvent néanmoins y faire face par le biais d'initiatives régionales telles que l’AEC 2025, les accords de libre échange et d'investissement ASEAN-Hong Kong (AHKFTA), le Partenariat économique global régional (RCEP) et l’Initiative de Chiang Mai sur la Multilatéralisation (CMIM).
Premièrement, les décideurs politiques de l'Asie du Sud-Est devraient donner la priorité à la mise en œuvre complète de l'AEC 2025 - un projet d'intégration économique régionale mené par les dix États membres de l'ASEAN. La progression de l’AEC 2025 permettra aux entreprises de mieux exploiter le marché de 630 millions d’habitants, renforçant ainsi la résilience des économies régionales face aux vents contraires.
Deuxièmement, les gouvernements de l'Asie du Sud-Est devraient ratifier les AHKFTIA signés en novembre 2017 afin que ces traités puissent entrer en vigueur au début de 2019. Ces accords renforceront les flux transfrontaliers de biens, de services et les investissements entre les économies de l'ASEAN et de Hong Kong.
Ils permettent non seulement aux entreprises de bénéficier d'un meilleur accès aux marchés de biens et de services et d'une meilleure protection des investissements. Ils permettent également aux pays de l'ASEAN de resserrer leurs liens en matière de commerce et d'investissement avec la Chine et de se remettre des dégâts causés par les futures tensions commerciales Washington-Pékin.
Troisièmement, les autorités de l'ASEAN devraient se concentrer sur la conclusion des pourparlers sur le RCEP - un accord de libre-échange entre 16 économies. S'il est conclu, ce bloc englobera un marché de 3,6 milliards de personnes et contribuera à un tiers du PIB mondial. Il couvrira 29% du commerce mondial et 26% des flux d’investissements directs étrangers dans le monde.
Ces négociations ne créeront pas seulement plus d'opportunités pour les entreprises d'approfondir leurs chaînes d'approvisionnement, elles permettront également aux économies du RCEP de se diversifier et d'atténuer les conséquences négatives des futures guerres commerciales entre les États-Unis et la Chine.
Quatrièmement, les pays d'Asie du Sud-Est (ainsi que la Chine, le Japon et la Corée du Sud) devraient faire progresser le CMIM, un filet de sécurité financier régional relevant du processus de coopération financière ASEAN + 3.
Lancé en 2010, le CNIM fournit une aide financière via un réseau d'échange de devises pour aider les pays de l'ASEAN + 3 à surmonter leurs difficultés en termes de balance des paiements.
Du fait que les futures hausses de taux de la Fed pourraient déclencher la panique des investisseurs, entraînant une instabilité financière et des fuites de capitaux, le CMIM peut fournir une assistance financière pour remédier à ces problèmes.
Cependant, selon l’auteur, les initiatives précitées font face à leurs propres problématiques. Ainsi, chaque pays de l'ASEAN doit trouver le moyen de mieux coordonner le travail entre les autorités impliquées. -VNA