Les montagnards ne savent pasexactement quand ces marchés sont nés. Une chose est sûre : ils lesattendent avec impatience. C’est une partie importante de leur vieculturelle. Ces marchés ont comme particularité de ne pas avoir lieuchaque jour mais à certaines dates (une fois par semaine, parfois deuxou trois fois par mois). Ceux de Dông Van (province de Hà Giang) et BacHà (province de Lào Cai) se tiennent le dimanche. Celui de Dào San(province de Lai Châu) tous les cinq à sept jours.

Les jours de marché, les routes sont effervescentes de l’aube aucrépuscule. Jeunes filles en robes traditionnelles colorées, parapluie àla main, hotte sur le dos ; garçons apportant poulets, porcs, vaches…Beaucoup, qui vivent loin du marché, doivent marcher des dizaines dekilomètres, escalader des montagnes et traverser des ruisseaux.Cependant, pour rien au monde, ils ne manqueraient cet événement. Carles distractions sont plutôt rares dans ces montagnes...

Ce qui frappe le plus les visiteurs venus de la plaine, c’estl’explosion des couleurs. Les femmes H’Mông ont la palme avec leursjupes chamarrées. Les Thai sont plutôt chics avec leur jupe noire, leurchemisier (rouge, bleu ou vert) fermé par des agrafes en argent.Lesquels, dans un coin, avec un sourire charmeur, présentent desarticles à vendre. Dans un autre, les visiteurs admirent des dàn tinh,un instrument de musique des Tày à long manche et deux ou trois cordes.Les produits agricoles et plantes médicinales sont vendus au milieu dumarché.
Attroupement autour de la marmite de thắng cố
En même temps que des morceaux de viande, des chiens et des porcsvivants sont également disponibles, de même que des poulets et autresanimaux d’élevage. La section «frais» de la viande n’est pas pour lesfaibles de cœur et pourrait inciter quelques visiteurs à devenirvégétariens.

Enfin, les visiteurs sont invités à goûter xôi ngũ sắc (riz gluant aux cinq couleurs), bánh dày (gâteau de riz gluant), bánh quẩy nhúng mật (you tiao trempé de mélasse de canne), thịt trâu gác bếp (viande de buffle boucanée), thịt lợn nướng trên than hồng (porc grillé sur du charbon de bois). Mais le plat le plus emblématique de ces marchés c’est sans contexte le thắng cố, une soupe de viande de cheval, qui bout à gros bouillons sur un four en terre. Pour les gastronomes aventureux... Hommes et femmes, de tous âges, se regroupent autour du poêle, discutant de tout et de rien, sirotant quelques tasses d’alcool de maïs.
Échanges culturels
Le marché est aussi l’occasion d’interpréter de façon spontanée des chansons traditionnelles, des mélodies à la flûte ou au khèn (une sorte d’orgue à bouche).
À midi, quand les marmites de thắng cố et les jarres d’alcool de maïs sont entièrement épuisée, les chalands et les marchands rentrent chez eux, mettant fin à un jour de marché animé. Des forêts et des montagnes, s’élève le bruit des sabots de leurs chevaux.
Visiter un marché ethniqueest un moment inoubliable. Point de rencontre de nombreuses minoritésethniques, le marché offre l’opportunité d’admirer les costumestraditionnels, de découvrir des mystères cachés des régions montagneuseset surtout de vivre au rythme des habitants locaux. – VNA