Un fouet en rotin que lecornac utilisait pour diriger l’animal, un matelas de bât d’éléphantconfectionné à base d’écorce de barringtonia, des lassos, des sacs, descors... Une vingtaine d’instruments ont été offerts au musée par KhamPhet Lao, le dixième fils d’Ama Kông, surnommé le « roi chasseurd’éléphant ». Ces instruments sont faits essentiellement de matièresnaturelles comme le bambou, la cire d’abeille, la corne et la peau debuffle... et datent d’une centaine d’années déjà. Il s’agit d’unvéritable trésor pour notre musée d’ethnographie, s’est réjoui sondirecteur Vo Quang Trong. « C’est la première fois que nous recevons unegrande collection offerte par une famille ethnique. D’ailleurs, elleappartient à Ama Kông, un chasseur d’éléphant légendaire des M’Nong.Avec ces instruments, Ama Kông a attrapé près de 300 éléphants sauvages.De plus, ces outils permettent de conserver des valeurs culturelles,des témoignages de la vie, ainsi que des mœurs et des coutumes d’uneépoque de l'histoire des Mnong ».
À la fin du 19èmesiècle, Khun Ju Nôp (1828-1938), de l’ethnie M’Nong du district de BuônDôn, province de Dak Lak, a commencé à confectionner des instruments dechasse et d’entraînement de ces grands mammifères. Après son décès, sesdescendants ont hérité de tout ce matériel. Parmi eux, Ama Kông étaitsans doute le plus vaillant. Kham Phet Lao ne cache pas sa fierté àl’égard de son père célèbre. " Voilà tout un trésor ! Aujourd’hui, onne chasse plus l’éléphant et ces instruments sont devenus des objets àfaire découvrir au grand public. Après le décès de mon père, ma mère adécidé d’offrir toute la collection au musée », a-t-il dit.
En effet, il y a deux autres collections que la famille d’Ama Kôngconserve encore chez elle, dans une maison de bois séculaire, dans lacommune de Krông Na du district de Buôn Dôn. À l’intérieur, on trouvedes photos et des objets retraçant la carrière brillante du « roichasseur d’éléphant ». Il reste de nos jours un lasso de 120 mètres delong, tressé avec la peau de sept buffles ; un matelas de bât pouréléphant, mais aussi un cor à base de corne qu’Ama Kông utilisaitsouvent pour sonner le succès de ses chasses. Ces instruments nousprésentent un aspect vaillant des M’Nong qui ont un lien trèsparticulier avec l’éléphant, leur animal sacré. -VOV/VNA