Les groupes publics doivent se recentrer sur leurs métiers
Dans un récent arrêté, le
gouvernement exige des groupes économiques publics et autres compagnies
générales de s’être retirés d’ici 2015 de la totalité de leurs
investissements hors champ d’activité principale tel que défini par leur
statut légal.
Le secteur économique public, et
plus parti-culièrement les groupes économiques et compagnies générales,
ont subi ces derniers temps des pertes continues. Au-delà de divers
facteurs tels que conjoncture économique mondiale, gestion déficiente ou
contrôles trop irréguliers de leur autorité de tutelle, ces pertes
résultent aussi d’investissements dans trop de secteurs, dont certains
ne relevant pas de leur champ d’activité ou de leur objet social...
C’est la restructuration globale du secteur public qui va remédier à
ce problème, le traitement de tels investissements étant l’un des points
essentiels de celle-ci. À noter que cette opération ne répond pas
seulement à des considérations d’ordre prudentielles : en effet, une
économie de marché à orientation socialiste suppose pour le gouvernement
une délimitation précise du rôle de l’État comme du secteur public au
sein de cette dernière. Le gouvernement a donc ordonné aux groupes
économiques et compagnies générales de limiter leurs activités à leur
objet et, en conséquence, de procéder au retrait de la totalité de leurs
investissements effectués en dehors de celui-ci.
Désormais, leurs investissements sont limités à leur champ d’activité
principal ainsi qu’à ceux directement connexes, tous autres étant
prohibés, à commencer dans des secteurs à risques tels que bourse,
banque ou assurance..., sauf s’il s’agit de leur activité bien sûr.
L’échéance fixée est, au plus tard, courant 2015.
Conformément à cet arrêté, les groupes et compagnies générales doivent
élaborer prioritairement un plan de restructuration devant
spécifiquement prévoir les modalités de sortie de tels
investissements... Dans les secteurs où les risques de perte sont
élevés, ces dispositions de retrait devront être mises en œuvre
immédiatement, et pour les autres, suivant un processus graduel et
précis.
Le gouvernement a confié au ministère des
Finances la réalisation de missions d’audit auprès de ces groupes
publics et compagnies générales afin d’inspecter et de modifier le cas
échéant l’emploi et la gestion des biens publics confiés par l’État.
S’il est indéniable que les groupes et compagnies générales ont
notablement contribué au développement de nombreux secteurs tels
qu’aviation civile, télécommunications ou grandes infrastructures où le
secteur privé est incapable de participer, il n’en demeure pas moins
qu’elles souffrent d’un certain nombre de «lourdeurs» qui plombent leur
efficacité ...
Selon les statistiques, 21 des 31
groupes et compagnies générales que compte le pays disposaient en 2011
d’investissement réalisés en dehors de leur secteur principal, s’élevant
à un total de 22.590 milliards de dôngs. Une situation préoccupante,
sachant que l’économie nationale a déjà lourdement payé les frais de
tels écarts, pour ne pas citer les péripéties du groupe de construction
navale Vinashin, ou encore de transport maritime Vinalines. De même, le
groupe Électricité du Vietnam a accusé de graves pertes avec ses
investissements dans le secteur des télécommunications.
Le renouveau de l’entreprise publique - à commencer par ces groupes et
compagnies générales - est un impératif non seulement au titre de la
transition économique engagée comme précité, mais aussi pour
l’amélioration de l’efficience et de la rentabilité de son activité, en
vue d’une meilleure compétitivité. Or, selon le Comité de réforme et de
développement des entreprises, aujourd’hui encore les mécanismes de
gestion plombent l’efficience des investissements de ces entreprises.
Bénéficiant de politiques privilégiées comme du soutien de l’État,
l’entreprise publique a peu de motivation pour s’améliorer sur ces
points. Enfin, les mécanismes actuels d’évaluation de leurs performances
n’ont toujours que peu ou pas d’effets concrets pour les empêcher
d’employer inefficacement des capitaux publics.
D’où
la décision du gouvernement d’accélérer cette restructuration, mais
aussi d’appliquer d’autres mesures de rigueur. Aucun groupe public ne
peut être désormais créé dans les secteurs où l’État détient ou conserve
le monopole tels que nucléaire civil ou loterie nationale. Le ministère
des Finances doit créer prochainement le Département général de gestion
et de contrôle financier des entreprises publiques qui, sous sa tutelle
directe, révisera toutes leurs activités, y compris de la Compagnie
générale d’investissement et de commercialisation de fonds publics.
Enfin il y a peu, le gouvernement a approuvé le projet de contrôle et de
transparence des finances des entreprises publiques, lequel prévoit une
information finan-cière étendue et régulière du public comme de leurs
autorités de tutelle. – AVI