Les estampes populaires, fierté du village de Sinh

En plus des antiquités et des spectacles romantiques de Huê, la province de Thua Thiên-Huê (Centre) étend sa gamme d’attractions aux estampes du village de Sinh, un de ses sites touristiques incontournables.
Enplus des antiquités et des spectacles romantiques de Huê, la province deThua Thiên-Huê (Centre) étend sa gamme d’attractions aux estampes duvillage de Sinh, un de ses sites touristiques incontournables. Situéà 9 km à l’est du centre-ville de Huê, le village de Sinh (égalementappelé Lai Ân) dans le district de Phu Vang (province de Thua Thiên-Huê,Centre), regorge des estampes datant d’environ quatre siècles. Valeurs spirituelles Contrairementaux estampes du village de Dông Hô (province de Bac Ninh, Nord) servantd’objets d’ornement pendant le Têt traditionnel, celles de Sinhrenferment des valeurs spirituelles des Huéens utilisées pour le culte.L’autre différence est d’ordre chromatique. Alors que les estampes deDông Hô n’ont que quatre couleurs (noir, vert, jaune et rouge), cellesde Sinh en ont plusieurs dont les principales : jaune clair, bleu, rougefoncé, rouge primaire, vert et noir. À Sinh, lesartisans gravent les images brutes sur du bois, puis les sèchent avantde colorer les détails. Bref, les estampes de Sinh se distinguent parleurs couleurs fraîches, leurs détails et leur plan naturel. Selon lacroyance populaire du Centre : Thua Thiên-Huê, Dà Nang, Quang Tri, QuangNam, leur utilisation lors des cultes apporte la chance dans la vie.Après usage, elles sont brûlées comme papiers votifs. Sinh porte fièrement son statut d’ancien village du Vietnam. Tout comme sa longue histoire artistique.

L'artisan Ky Huu Phuoc en plein travail de fabrication d'estampes.
D’aprèsl’artisan chevronné, Ky Huu Phuoc (65 ans), à l’époque dynastique desNguyên (du milieu du XVIe siècle à 1777), de nombreuses personnes parmilesquelles Ky Huu Hoà se sont rendues à Thuân Hoa (région abritant ThuaThiên-Huê, Quang Binh et Quang Tri) pour la défricher et lasédentariser. Ky Huu Hoà y a développé latechnique de fabrication d’estampes en papier pour gagner sa vie. C’estainsi que sont nées les estampes du village de Sinh. À l’origine, ellesétaient de simples images utilisées comme accessoires lors des officesreligieux. À travers elles, les habitants invoquaient la paix. SelonPhuoc : «Les habitants du Centre croient que dès la naissance, touthomme est voué à un destin sur sa santé, ses affaires et des situationsmalencontreuses. Aux 1er et 2e mois de l’année lunaire, ils pratiquentla cérémonie du culte de la terre et de l’étoile afin de conjurer lemauvais sort et laisser place à des grâces abondantes». Les estampessont alors posées sur l’autel pour implorer la bonté. Produit touristique Audelà des couleurs, chacune des estampes reflète le style de sonartisan. Outre le papier, les villageois utilisent le so diêp (une sortede coquillage mince, multicolore, du nom scientifique : mimachlamysnobilis) qu’ils vont chercher dans la lagune de Tam Giang. Ensuite,place au travail. La coquille est broyée avant d’être mélangée avec dela colle en pâte de riz. La substance obtenue est par la suite enduiteen deux couches sur le giây do (papier rouge traditionnel épais etrésistant) pour le transformer en giây diêp.

Grâce à ses estampes, le village de Sinh attire de plus en plus de touristes.
Afinde les répandre dans d’autres localités et en faire un produitéconomique de valeur, Phuoc table sur de nouvelles images ayant uncontenu touristique. Jeux populaires, spectacles, calendriers et touteune kyrielle de croquis à estampiller afin d’attirer davantage destouristes. Cependant, l’artisan regrette que cesestampes soient difficiles à transporter vers d’autres localités. Encause, le temps assez court de conservation du giây diêp et des couleurssur l’estampe. À cela s’ajoute la rareté des touristes. Afin decontourner cette difficulté, il a conçu le tube en bambou pour contenirl’estampe. La technique a marché et le petit souvenir a dès lors résistéà l’usure du temps au grand plaisir des touristes. Ainsi,la merveille de Sinh a franchi les frontières aux quatre coins duglobe. Le nom du village, celui de l’artisan ainsi que ses coordonnéessont aussi inscrits sur le tube en bambou. Si la petite trouvaille de KyHuu Phuoc permet à Sinh d’écouler son joyau, en parallèle, elleconforte un trait original de Huê dans le tourisme national. Pourles touristes, le village de Sinh est le lieu idéal pour embellir leurspropres estampes avec des gravures brutes. -CVN/VNA

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