Les économistesont fait le point sur le développement économique du pays en 2014 ainsique sur les solutions à appliquer pour l’année 2015. Ils ont analysé,sous divers angles, bon nombre de mesures adoptées par le gouvernementles années passées afin de stabiliser l’économie.
«Parlerde l’année 2014, c’est parler de l’inflation et du taux de change», aentamé le Docteur Nguyên Xuân Thành, enseignant du programme despolitiques publiques et directeur du programme économique Fullbright duVietnam. Début 2014, les économistes et les politiciens avaient prévuune inflation de l’ordre de 5% sur l’année. Pourtant, l’inflation a étébien moindre, notamment en fin d’année avec l’effondrement des coursmondiaux du pétrole brut.
Concernant le taux de change, legouvernement avait approuvé, en 2014, un ajustement ne dépassant pas 1%de variation par rapport au taux d’alors. L’effet s’est immédiatementfait sentir, puisque le taux de change, en proie à de nombreusesfluctuations, a enfin pu être stabilisé. Résultat : l’économievietnamienne a pu atteindre une croissance de 5,9%.
Pistes, mesures et solutions
Selonle Dr. Thành, le gouvernement a axé ses politiques sur quatre priorités: le renforcement des exportations, la relance de l’investissementpublic, le redressement de l’industrie de transformation etl’augmentation de la production pétrolière.
«En regardantla consommation d’électricité et des combustibles fossiles, l’objectifde croissance de 6% en 2015 semble crédible», a remarqué le Dr. Thành.
Etd’ajouter que les deux principaux moteurs de l’économie vietnamiennesont le secteur public et les entreprises à capital 100% étranger, lesentreprises domestiques ne générant que 13% du Produit intérieur brut(PIB) du pays.
Phénomène qui persiste et inquiète leséconomistes, le fait que les ventes de produits dans le marché intérieurne progressent que de 5% à 6% par an, ce en dépit de la hausse desexportations et de l’investissement public. «Ce qui reste insuffisant», ajugé le Docteur Thành. D’autre part, les investissements publics sontissus à hauteur de 32% des prêts bancaires, tandis qu’en 2014, lesrecettes budgétaires ont diminué de 20-25% par rapport aux annéesprécédentes, ce qui amplifiera la tension sur l’équilibre du budget del’État.
Le Dr. Thành affirme que les banques accordent enpriorité des prêts aux projets du secteur publics et des entreprises àcapital direct étranger. Les entreprises privées, quant à elles, peinentà y accéder, avec les difficultés que cela engendre. Par ailleurs, ladette publique représente actuellement 60% du PIB, à comparer auplancher dit de sécurité fixé à 65%. Pour éviter toute déconvenue sur cepoint à moyen terme, le Dr. Thành propose de baisser ce seuil dès 2016.
Quid de l’intégration internationale ?
Au niveaurégional, l’économiste Pham Chi Lan n’est pas très optimiste. Elleindique que l’indice de compétitivité des entreprises vietnamiennes2014-2015, en prenant en compte les 12 éléments les plus importants des125 soumis à l’étude - chiffres publiés par la Banque mondiale -n’atteint que 4,4 points sur 7 possibles, faisant du Vietnam le 79e payssur les 144 étudiés.
En se basant sur ces données,l’économiste Pham Chi Lan souligne l’importance de l’indice decréativité. Mais là aussi, le Vietnam n’apparaît qu’à une modeste 98eplace sur 144 pays, avec 3,4 points sur 7, soit en-dessous du niveaumoyen.
«L’organisation des entreprises vietnamiennes entermes de production reste en retard, puisque 70% du chiffre d’affaires àl’export sont issus des produits peu ou pas transformés, contre 13%seulement pour les Philippines par exemple. Le risque est de voir leVietnam être envahi par les produits transformés - et à forte valeurajoutée - de l’étranger», s’inquiète-t-elle.
Dans le contexte del’intégration économique mondiale, avec notamment l’opportunité departiciper à l’accord de partenariat transpacifique (TPP) en cours denégociations, Herb Cochran, directeur exécutif de la Chambre du commerceaméricaine au Vietnam (Amcham Vietnam), estime que le Vietnam s’efforced’assumer de nombreuses tâches tant au niveau public que privé. Ils’agit des engagements dans les traités commerciaux, la simplificationdes formalités administratives, la réduction des coûts de production,l’établissement des chaînes de distribution, l’application de latechnologie informatique, etc. Il propose au Vietnam de créer uneCommission de facilitation du commerce, en présence des représentants del’État et des entrepreneurs, afin de favoriser l’intégration desentreprises vietnamiennes à de grands réseaux de vente au détailaméricains, mais également du monde entier. -CVN/VNA