Hanoi (VNA) – Le Vietnam fait partie des pays dotés d’une riche biodiversité, en particulier d’animaux endémiques. Cependant, cette précieuse ressource est menacée par le braconnage et le trafic.
Un trafic de cornes de rhinocéros, découvert en 2018, à la porte-frontière de l’aéroport international de Nôi Bài, à Hanoi. Photo: VNA
Le Vietnam se classe 16e dans le monde en matière de biodiversité. Il compte 21.000 espèces animales et 16.500 végétales concentrées dans des régions dites "à haute biodiversité". Cependant, le pays connaît une forte érosion de cette richesse, en raison notamment de la destruction des habitats naturels et du trafic à des fins mercantiles.
Lors d’une conférence internationale sur la lutte contre le trafic des espèces animales et végétales sauvages, organisée en 2018 au Royaume-Uni, le ministère vietnamien de l’Agriculture et du Développement rural a lancé un message sur l’urgence de ce combat et la nécessité d’un partenariat public-privé à cette fin, avec la participation des organisations non gouvernementales, des organismes de recherche...
Constat alarmant
Selon le Centre d’éducation pour la nature (Education for Nature - Vietnam, ENV), au Vietnam, le rhinocéros est éteint, et il ne resterait dans la nature que cinq tigres et une centaine d’éléphants... En outre, 16 des 25 espèces de primates présentes sur le territoire national sont en danger. Des centaines d’ours sont encore détenus captifs pour leur bile et de nombreuses espèces d’animaux sauvages sont menacées d’extinction en raison du commerce illégal pour les restaurants, la confection de médicaments ou d’objets artisanaux.
Selon un rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF), avant les années 1980, le Vietnam abritait un grand nombre de tortues marines, notamment tortues vertes, avec des dizaines de milliers de femelles qui pondaient le long de ses plages chaque année. De nos jours, les populations de tortues ont fortement reculé. Sur les plages de Côn Dao, dans la province de Bà Ria-Vung Tàu (Sud), qui constituent le sanctuaire national de ponte des tortues vertes (Chelonia mydas), seules 350 femelles viennent pondre chaque année. Et dans d’autres provinces telles Quang Ninh (Nord), Quang Tri, Binh Dinh, Ninh Thuân (Centre), elles ne sont désormais que quelques dizaines.
Parmi les cinq espèces de tortues marines présentes au Vietnam, c’est la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) qui a connu la plus forte régression, de l’ordre de 80% en un siècle. En cause le braconnage pour fabriquer des objets artisanaux tels que bijoux, peignes... Actuellement, il n’existerait que 15.000 tortues imbriquées femelles en pleine maturité. Les populations de tortue verte ont aussi connu un fort recul.
D’autres espèces emblématiques comme tigres, sao la (Pseudoryx nghetinhensis), panthère nébuleuse (Neofelis nebulosa)... ne sont quasiment plus observées lors des enquêtes de terrain, laissant supposer que leur disparition est proche.
Des animaux sacrifiés pour les croyances
Vu Thi Quyên, directrice de l’ENV, déplore que la corne de rhinocéros et d’autres produits d’animaux sauvages soient encore considérés comme des remèdes miraculeux alors qu’il n’existe aucune validation scientifique de telles vertus. Ces croyances infondées favorisent une flambée de la demande de poudre de corne en Asie.
Actuellement, le Vietnam, où le rhinocéros a été exterminé, est considéré comme une plaque tournante du trafic de corne de rhinocéros (venant d’Afrique). La demande est telle que la survie de l’espèce est menacée, notamment en Afrique du Sud. Ces dernières années, le trafic d’animaux sauvages, via les réseaux sociaux notamment, s’est développé provoquant des difficultés dans la lutte.
"Si des mesures énergiques ne sont pas prises, des espèces disparaîtront de la surface de la terre dans les années à venir", a prévenu le Pr.-Dr. Lê Xuân Canh, ancien directeur de l’Institut d’écologie et des ressources biologiques. Face à cette situation, le Vietnam a pris des politiques et des actes concrets pour protéger sa faune tels que le renforcement des liens avec des partenaires étrangers, la sensibilisation de ses citoyens, la création de centres de sauvetage, la protection des espèces figurant sur le Livre rouge…, ce qui a été hautement apprécié par la communauté internationale.
D’après l’Association nationale de préservation des animaux sauvages, de 2013 à 2017, le pays a recensé 1.504 cas de trafic d’espèces sauvages, avec 41.328 kg d’individus ou produits saisis et 1.461 trafiquants sanctionnés. – CVN/VNA