
Hanoï, 18 avril (VNA) - L’art du phap lam - émaillage sur cuivre - représente un patrimoine précieux que ladynastie des Nguyên (1802-1945) a laissé à la Cité impériale de Huê.Malgré les vicissitudes du temps, ces vestiges demeurent bien encoreprésents dans les palais et autres mausolées royaux.
Située dans le Centre du Vietnam, l’ancienne cité impériale de Huê(province de Thua Thiên-Huê, Centre) est un lieu significatif où secachent moult mystères royaux, vestiges, monuments et autres sites quisont devenus avec le temps des patrimoines de grande valeur du pays.
À Huê, il existe un art particulier qui se perpétue jusqu’à aujourd’huiet que l’on peut encore admirer sur les toits et colonnes de palais etmonuments historiques. Il s’agit du phap lam ou l’émaillage sur cuivre.
Un art original
Historiquement, pendant l’hiver de l’année du Cochon de 1827, sous lerègne du roi Minh Mang (1820-1841), le premier atelier de phap lam futcréé, marquant ainsi la naissance de cet art à Huê. Cet atelier étaitcomposé de 15 personnes dont l’artisan en chef Vu Van Mai. Hormis cetétablissement, d’autres ateliers ont également vu le jour à Ai Tu(province de Quang Tri) et à Dông Hoi (province de Quang Binh) afin deproduire des outils au service de la construction et de la décorationdes palais royaux. L’art du phap lam consiste à émailler desobjets d’ornement en bronze avec une ou plusieurs couches de couleursdifférentes avant d’être cuits au four.
Les produits sont durables et capables de résister aux aléasclimatiques. Selon les experts, les artisans ont appris cette techniquede la région chinoise de Guangdong. Mais la Chine n’est pas unique dansla production de cet art. D’autres pays tels que l’Allemagne, lesPays-Bas, le Japon et l’Italie notamment, possèdent leur propreémaillage. Les produits issus de cette technique sont connus sous le nomanglais de "painted enamels", "shipouyaki" au Japon ou "Falang" en Chine.
Si les artisans étrangers utilisent cette méthode pour fabriquer desobjets de décoration, de culte ou au service d’activités quotidiennes,les Vietnamiens l’appliquent au service de la construction de palais etmausolées, à Huê pour l’essentiel. Les objets obtenus sont souvent decouleur rouge, bleue, jaune, rose et indigo et les images représentéesdépeignent pour l’essentiel dragons, phénix, oiseaux, fleurs, sentencesparallèles ou paysages pittoresques du pays…
Restauration et préservation
Grâce aux étapes exigeantes de fabrication, les ouvrages de phap lam situés dans la cité impériale de Huê ont su conserver leur beauté etleur somptuosité, contribuant en 1993 à la reconnaissance par l’UNESCOdu complexe de l’ancienne cité en tant que patrimoine culturel mondial.Aujourd’hui, le Musée des beaux-arts de Huê préserve environ unecentaine d’artefacts de phap lam. Des objets de Huê sont égalementprésents dans des musées à Berlin et Munich (Allemagne) ou encore àRennes (France).
Selon les archives, les experts estiment que le phap lam estné à Huê en 1827 et qu’il se développa fortement sous la dynastie desrois Minh Mang (1820-1841), Thiêu Tri (1841-1847) et Tu Duc (1848-1883).Ce métier connut un déclin avant de disparaître sous le règne de DôngKhanh (1885-1889). Ainsi, entre la naissance et la disparition de cettetechnique, il ne s’est écoulé que 60 ans. Malgré un lapse de tempsconsidéré comme assez court pour un art aussi ancien, ce dernier a sulaisser des empreintes considérables, contribuant à enrichir lepatrimoine artistique et culture de la cité impériale.
Près de 200 ans se sont écoulés. Les décorations de phap lam desmonuments ont ostensiblement subi les affres du temps. Certains groupeset individus ont cherché à faire renaître la technique disparue tout enpréservant les vestiges ainsi que le métier artisanal. Dô Huu Triêt,passionné et agrégé de physique, a été séduit par la quintessence desobjets de phap lam et a consacré près de dix ans de recherchessur cet art. Selon lui, le plus difficile est qu’il n’existe aucundocument sur cet art, disparu depuis longtemps, que ce soit sur sesorigines ou ses techniques. De plus, le savoir-faire diffère grandementd’un pays à l’autre.
Après une multitude d’essais infructueux, M. Triêt et sescollaborateurs ont enfin pu percer les mystères du phap lam. Il s’estainsi vu confier la mission de restaurer les vestiges détériorés à Huê.Une méthode que Dô Huu Triêt essaie également d’appliquer dans d’autressecteurs comme celui de la production de tableaux en laque foncée,notamment.
Situé au numéro 66 de la rue Chi Lang, ville de Huê, l’atelier de M.Triêt attire de nombreux touristes qui s’y rendent non seulement pourcontempler des œuvres artistiques mais aussi afin d’expérimenter lesdifférentes étapes de production du phap lam, un des arts les plus originaux du Vietnam. - CVN/VNA