Hanoi (VNA) – Dans le but de faire retirer le "carton jaune" européen à l’encontre de ses produits halieutiques, le Vietnam déploie de gros efforts pour mettre fin à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN).
Des pêcheurs du district de Long Diên, province de Khanh Hoà (Centre), se préparent à une sortie en mer. Photo: VNA
La pêche INN appauvrit les stocks de poissons, détruit les habitats marins, fausse la concurrence au détriment des pêcheurs honnêtes et affaiblit les communautés côtières, notamment dans les pays en développement.
L’Union européenne (UE) cherche à combler les failles qui permettent aux opérateurs illégaux de tirer profit de leurs activités. C’est ainsi que le règlement de l’UE destiné à prévenir, à décourager et à éradiquer la pêche INN est entré en vigueur le 1er janvier 2010. Il s’agit notamment du système de certification des captures. Le règlement s’applique à tous les débarquements et à tous les transbordements effectués par des navires de pêche de l’UE ou de pays tiers, dans des ports de l’UE, et à tout commerce de produits issus de la pêche en mer depuis et vers l’UE. Il vise à s’assurer qu’aucun poisson capturé de façon illégale ne finisse sur le marché de l’UE.
Pour y parvenir, le règlement exige que les États du port qui exportent des produits de la mer vers l’UE certifient l’origine et la légalité du poisson au moyen d’un certificat de capture. C’est le système dit de "certification des captures".
Les mesures visent à garantir que les pays respectent leurs propres règles de conservation et de gestion, de même que d’autres règles du droit international applicables à la pêcherie concernée.
En ce qui concerne le Vietnam, la certification des captures est prise en charge par les ports de pêche. Pourtant, c’est par manque de ressources humaines et d’infrastructures de pêche modernes que les entreprises nationales n’ont pu ou ne peuvent toujours pas répondre pleinement aux demandes de la CE. Elles ont ainsi besoin des soutiens des organes compétents afin de corriger les failles.
Récemment, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a demandé aux services locaux des produits aquatiques de mettre en œuvre la circulaire 02/2018 dudit ministère, afin de favoriser la certification des captures en faveur des entreprises. Ainsi, les ports de pêche travailleront directement avec celles-ci pour compléter les procédures de traçabilité des produits.
Une soixantaine d’entreprises engagées
L'installation des dispositifs Movimar permet aux bateaux de se localiser et d'informer les autorités de leurs prises. Photo: VNA
Selon l’Association des producteurs et exportateurs de produits aquatiques du Vietnam (VASEP), 62 entreprises du pays ont officiellement signé des engagements à lutter contre la pêche illégale ainsi qu’à mettre en œuvre les règles concernées pour l’exportation de produits de la mer vers le marché européen. En plus d’investir dans des navires, elles achètent également des matières premières aux ports de pêche au service de leur traitement et de leur exportation. Ainsi, l’accomplissement des formalités de traçabilité dans les ports de pêche constitue-t-il l’une des étapes à effectuer le plus rapidement pour satisfaire aux critères et promouvoir les commandes.
Conformément à la décision N°48/2010 du Premier ministre relative au soutien aux pêcheurs hauturiers, les propriétaires/capitaines doivent informer de la position de leurs bateaux. Cependant, un certain nombre de navires de pêche au large respectent peu ou pas cette règle. Dans ce cas-là, les entreprises qui achètent des produits issus de ces bateaux ne sont pas certifiées par les ports de pêche en termes d’origine des produits comme de lieux des captures.
Les entreprises productrices et exportatrices de produits de la mer proposent aux autorités compétentes de tout mettre en œuvre au niveau tant matériel qu’humain pour faire cesser les comportements individuels pouvant nuire à l’ensemble de la filière. Les bateaux sont appelés à émettre continuellement leur localisation et à mettre à jour régulièrement leurs journaux de bord. De plus, la livraison en temps voulu des justificatifs aux entreprises exportrices de produits de la mer vers le marché européen les aidera à accélérer le retrait de l’avertissement européen.
Environ 3.000 navires localisés
Selon la VASEP, 3.000 bateaux de pêche du pays sont équipés d’un système de surveillance "Movimar". Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a exigé les localités d’en doter, avant octobre 2018, tous les navires d’une longueur d’au moins 24 m.
Ledit ministère a également demandé aux localités, services et organismes concernés d’intensifier la gestion et le contrôle de la pêche par des mesures spécifiques.
Les localités du delta du Mékong ont étroitement collaboré avec leur flotte de pêche hauturière pour régir ses activités conformément aux nouvelles obligations du MADR. Le président du Comité populaire de Bac Liêu, Duong Thành Trung, a fait savoir que cette province refusait fermement de délivrer le permis de pêche et n’autorisait pas la construction de nouveaux bateaux aux propriétaires des navires ayant pratiqué une pêche INN par le passé.
Les pêcheurs, quant à eux, sont également déterminés à respecter strictement les règles sur l’exploitation et la pêche hauturière, afin de retirer rapidement le "carton jaune" de la CE.
D’après Pham Giùm, patron d’un thonier à Nha Trang, province Khanh Hoà (Centre), à présent, tous les navires dans sa localité sont sortis du système D et s’adaptent à la nouvelle réglementation. "Aucun navire ne pratique la pêche illégale qui provoque des difficultés dans l’écoulement de ses produits, le privant ainsi de tout profit", a-t-il partagé.
"Les pêcheurs sont encouragés à installer des équipements de déclaration électroniques pour permettre la localisation de leur navire", a déclaré Nguyên Trong Chanh, directeur du Département des produits aquatiques de Khanh Hoà. En vue du retrait rapide du "carton jaune" de la CE avant janvier 2019, cette province continuera d’améliorer les dispositifs de navigation sur terre comme sur mer. – CVN/VNA