Le Vietnam et ses points forts pour l’élargissement de la coopération maritime
"Les eaux vietnamiennes se trouvent en Mer Orientale, zone ayant une position économique et politique particulièrement importante", d’après le docteur Dang Hoang Linh, de l’Académie des relations extérieures du ministère des Affaires étrangères.
Opportunités pour la coopération internationale
"Les eaux vietnamiennes se trouvent en Mer Orientale, zone ayant une
position économique et politique particulièrement importante", d’après
le docteur Dang Hoang Linh, de l’Académie des relations extérieures du
ministère des Affaires étrangères.
La Mer Orientale est
une région mi-close, au bord du Pacifique, vers l'Ouest. Elle s’étend
sur 3,5 million de km² et appartient à l’Asie du Sud-Est. Bordée par
neuf pays, elle est l'une des dix lignes maritimes les plus importantes
du monde, pour le deuxième plus important trafic au monde. La région de
la Mer Orientale comprend des détroits importants pour de nombreux pays,
notamment celui de Malacca.
Pour de nombreux pays comme
les Etats-Unis, la Chine et le Japon, la Mer Orientale est importante
sur le plan stratégique, de la sécurité, de la navigation maritime et de
l’économie.
En application de la convention des
Nations-Unies sur les droits de la mer de 1982, le Vietnam a déposé son
dossier sur sa ligne de base pour calculer la superficie de ses eaux
territoriales, la zone contiguë et sa zone économique exclusive. Ainsi,
la superficie de la mer vietnamienne est de 226.000 km² comprenant eaux
intérieures, mer territoriale et plus d’un million de kilomètres carrés
de zone économique exclusive.
La directive 20-CT/TW
publiée en septembre 1997 par le Bureau politique affirme que la mer,
les îles et le littoral du Vietnam sont des zones stratégiques
importantes pour l’économie, la sécurité, la défense et l’environnement
du pays. Ces zones sont les portes du pays pour renforcer les échanges
internationaux et attirer l’investissement étranger. En bref, elles sont
des moteurs de développement.
Ressources naturelles abondantes
Les premières ressources maritimes du Vietnam sont le pétrole et le
gaz. Les réserves estimées de la zone maritime et du plateau continental
du pays sont d’environ 10 milliards de tonnes d'équivalent pétrole. Les
réserves prévisionnelles exploitables sont de 4 à 5 milliards de
tonnes, et celles prévisionnelles de gaz, de 1.000 milliards de mètres
cubes. Il y a aussi des gisements importants et potentiels tels que
charbon, fer, titane, sel et autres.
Selon une étude du
ministère de l’Agriculture et du Développement rural sur les sources de
produits aquatiques et la biodiversité des eaux vietnamiennes, on a
découvert environ 11.000 espèces parmi lesquelles des produits
aquatiques de haute valeur comme poissons, crustacés, crabes,
holothuries, huitres perlières, etc.
En termes de
potentiels touristiques, le littoral vietnamien abrite 125 plages,
grandes ou petites, comme Nha Trang, Tra Co, la baie de Ha Long, Vung
Tau, Ha Tien, Sam Son, Non Nuoc, etc. Le pays compte également 2.773
îles riveraines et des parcs maritimes et insulaires nationaux comme Bai
Tu Long, Con Dao, Phu Quoc, et d'autres encore.
Le
Vietnam dispose également d'un réseau portuaire tout le long de son
littoral. Au Nord, il y a Hai Phong, Cai Lan, Nghi Son, Cua Lo, Vung
Ang. Au Centre, se trouvent Da Nang, Lien Chieu-Chan May, Dung Quat, Quy
Nhon, Nha Trang, et au Sud, Ho Chi Minh-Ville et le groupe de ports du
delta du Mékong. En cette conjoncture d’intégration internationale, les
différents points forts de la mer vietnamienne (position stratégique,
ressources naturelles) sont des opportunités pour renforcer la
coopération internationale.
Selon le ministère des
Ressources naturelles et de l'Environnement, le Vietnam a établi des
relations de coopération dans le domaine maritime avec des pays bordant
la Mer Orientale comme la Chine, la Malaisie, les Philippines et
l'Indonésie. Il promeut la coopération avec de grands partenaires du
monde comme les Etats-Unis, la Russie, le Japon, l'Australie, la
République de Corée, etc., dans des secteurs comme l'exploitation de
pétrole et de gaz, de produits de la mer, la protection de
l'environnement, le transport et les communications, ou encore le
tourisme, ce par l'intermédiaire de projets bilatéraux ou multilatéraux.
La Malaisie a, en premier lieu, utilisé un modèle de
coopération dans l'exploitation commune avec le Vietnam dans la zone
maritime de chevauchement. Le Vietnam partage une zone du plateau
continental de chevauchement de 2.800 km² avec ce pays. Les deux parties
ont signé le 5 juin 1992 un mémorandum de coopération dans la
prospection et l'exploitation conjointe de cette zone, en confiant à
PetroVietnam et à Petronas la tâche de mener des négociations
commerciales en ce sens.
Le Vietnam et la Chine ont
signé en 2000 des accords de coopération dans la pêche et de
délimitation du golf du Bac Bo qui sont entrés en vigueur le 30 avril
2004. En dehors de la coopération dans la pêche, les deux pays sont
parvenus à un accord dans l'exploitation gazière et pétrolière.
Actuellement, ils mènent une prospection dans les gisements situés à
cheval sur la ligne de délimitation. En 2006, le Groupe national du
pétrole et du gaz du Vietnam (PetroVietnam) et la Compagnie générale du
gaz et du pétrole de Chine ont signé une convention de coopération qui a
été renouvelée quatre fois, jusqu'en 2016 actuellement.
Le Vietnam coopère avec les Philippines dans le secteur des sciences
maritimes en Mer Orientale depuis 1994. Les deux pays ont établi un
programme d'Expédition scientifique marine en Mer Orientale (Marine
Scientific Expedition in the South Chine Sea JOMSRE - SCS). Les
résultats d'étude du JOMSRE sont appliqués dans la prévention, la lutte
contre et la réduction des conséquences des catastrophes, les
changements climatiques, la protection de la diversité océanienne et de
l'écosystème, et l'édification d'un processus de gestion durable de
l'environnement maritime.
En 2010, les Philippines et le
Vietnam ont signé trois conventions de coopération sur les produits
aquatiques, les préparatifs et la réaction aux accidents pétroliers
aboutissant à une marée noire, la recherche et le secours en mer. Après,
les deux parties ont signé le 28 juin 2010 à Hanoi un autre accord sur
la coopération en matière de pêche.
Le Vietnam et
l'Indonésie ont abouti à un accord de délimitation du plateau
continental en 2003, à un mémorandum de coopération maritime et dans la
pêche, ainsi qu'à un document de coopération dans la lutte contre la
pêche illégale en 2011.
Concernant la coopération
multilatérale dans le secteur de la pêche, la 6e conférence annuelle du
Comité de la pêche de l'Ouest-Pacifique et du Centre-Pacifique a adopté
la demande d'intégration du Vietnam, selon laquelle il bénéficiera du
statut national de non-membre. La participation vietnamienne à ce comité
est importante, elle manifeste son souhait de contribuer aux efforts
communs de la région dans la lutte contre les formes d'exploitation
illégale des produits de la mer. Cela permettra aussi au Vietnam de
surmonter des barrières techniques à ses exportations de produits
aquatiques sur les marchés européen, américain et japonais, comme de
profiter d'assistances techniques dans l'exploitation et la
transformation de tels produits.
Dans le secteur du
pétrole, et outre ses coopérations bilatérales avec la Malaisie, la
Chine, la Russie et l'Inde, pour ne citer que ces pays, le Vietnam prend
part aux négociations tripartites Vietnam-Malaisie-Thaïlande pour une
exploitation conjointe de la zone du plateau continental de
chevauchement entre ces trois pays, dans le Golfe de Thaïlande. Lors de
ces négociations, les parties sont convenues d'exploiter ensemble une
zone de 875 km².
Le Vietnam est actuellement membre de
20 traités internationaux sur le transport maritime de l'Organisation
maritime internationale (OMI). Il a également signé des accords
reconnaissant le certificat de compétences professionnelles aux membres
d'équipage selon la norme STCW 78/95 avec 24 pays et territoires tels
que Singapour, les Pays-Bas, la Russie, l'Inde, etc.
En
outre, le Vietnam a signé un accord de transport maritime avec 23 pays
et territoires comme la Russie, l'Allemagne, la République de Corée ou
encore la Chine.
Dans le tourisme, le Vietnam se
concentre aussi sur les modèles de coopération internationale pour
exploiter le potentiel touristique.
Le produit intérieur
brut (PIB) de l'économie maritime représentait 32% du PIB national de
2003 et 48% de celui de 2011. Dans sa stratégie maritime nationale pour
2020, la Résolution du 4e Plénum du Comité central du PCV pour le 10e
mandat a déterminé que l'économie maritime devrait contribuer au PIB
national à hauteur de 53-55%.
La pêche et l'aquaculture
connaissent une croissance moyenne de 7,7% par an. Le Vietnam est devenu
le 3e plus grand producteur de gaz et de pétrole dans la région. Le
chiffre d'affaires provenant du tourisme maritime a augmenté de 12,6%
par an.
En dépit de ces réalisations, le Vietnam est
actuellement confronté à des obstacles en matière de coopération
internationale dans ses eaux maritimes. La valeur de ses activités
économiques maritimes ne représente que 24% de celle de la Chine, 14% de
celle la République de Corée et 1% de celle du Japon.
Selon le docteur Dang Hoang Linh, de l'Académie diplomatique du
ministère des Affaires étrangères, cela s'explique par la faible
capacité de coopération des organes chargés de l'exploitation maritime
du Vietnam, à commencer par la pénurie de ressources humaines de
qualité. En outre, il existe encore des différends en matière de
souveraineté. Les cadres de coopération dans l'exploitation maritime du
Vietnam avec les autres pays n'ont pas été perfectionnés.
La Déclaration sur la conduite des parties en Mer Orientale (DOC)
signée le 4 novembre 2002 au Cambodge par les pays de l'ASEAN et la
Chine est une percée dans les relations entre l'ASEAN et la Chine sur la
Mer Orientale. Cependant, la coopération selon des règlements de la DOC
n'a vraiment commencé à être promue que 10 ans après la signature de ce
document, et dans les secteurs moins sensibles tels que la recherche
scientifique ou le sauvetage.
Le Centre de développement
des pêches de l'Asie du Sud-Est (SEAFDEC) ne valorise pas encore son
rôle de promoteur de la coopération et de l'exploitation de la pêche, et
ne maîtrise pas les activités de pêche illégales.
Pour
atteindre l'objectif fixé pour 2020, le Vietnam doit valoriser tous ses
atouts maritimes afin de profiter des relations de coopération
bilatérale et multilatérale avec les autres pays. Par ailleurs, le
Vietnam devra régler les différends existants avec les pays et élaborer
une base juridique solide pour protéger la souveraineté maritime de la
Patrie.
Il faut améliorer la qualité des ressources
humaines, se concentrer sur la gestion, l'investissement des
infrastructures, et présenter le "label maritime vietnamien" aux amis
internationaux. -VNA