Hanoi (VNA) - En valorisant mieux leurs produits, sur Internet notamment, les villages de métiers traditionnels pourraient exporter encore plus à l’étranger. À la clef, application des technologies modernes et conservation de savoir-faire ancestraux.
Aujourd’hui, les villages de métiers rencontrent de nom-breuses difficultés, notamment dans la recherche de débouchés pour leurs produits, la préservation et la transmission du métier aux jeunes. Le coût des produits artisanaux reste encore élevé. Les productions ne sont pas suffisamment variées et attrayantes. Au final, elles ne répondent pas aux demandes des consommateurs.
Situations actuelles
Les villages de métiers sont encore morcelés et concurrencent difficilement les produits fabriqués grâce aux technologies modernes utilisées par d’autres régions.
Ainsi, la céramique de Phù Lang, district de Quê Vo, province de Bac Ninh (Nord), peine à se faire connaître sur le marché intérieur face à la notoriété de celle de Bat Tràng (Hanoi). Cela provoque des dommages économiques pour les producteurs et un manque de visibilité des produits de Phù Lang sur le marché. Certes, bien qu’ils soient exportés vers plusieurs marchés exigeants dont le Japon et la République de Corée, les potiers de Phù Lang doivent rechercher des débouchés stables et les conserver pour éviter que leur métier ne disparaisse peu à peu.
L’application de technologies avancées dans les villages de métiers doit respecter les principes suivants: les produits concernent le caractère traditionnel et l’originalité; des produits renforcent les labels des produits artisanaux.
Le village de fabrication d’objets en bambou de Xuân Lai, district de Gia Binh, province de Bac Ninh, est un bel exemple d’adaptation des modèles aux exigences des clients. Aujourd’hui, de nombreux clients vietnamiens et étrangers connaissent ses produits tels qu’objets en bambou, tables, lits, armoires… Le village compte 840 foyers, dont 30% pratiquent ce métier, et 45 ateliers où les artisans sont payés de 150.000 à 200.000 dôngs/jour.
Après dix ans de vicissitudes, le village de la soie de Ma Châu, district de Duy Xuyên, province de Quang Nam (Centre), reprend vie. Actuellement, Ma Châu élabore une stratégie de développement à long terme: sériciculture, tissage de la soie, création d’une chaîne de vente au détail et liaison avec le tourisme...
Pour sauver la fabrication de soieries, Trân Huu Phuong, villageois, envisage de lancer un appel à d’anciens producteurs locaux afin de les inciter à reprendre leurs activités. Dans le but de les convaincre, il entend leur prouver la viabilité de la production artisanale. Pour ce faire, il compte lier les métiers de la soie aux activités touristiques, le village étant situé à proximité de l’ancienne cité de Hôi An et du sanctuaire de My Son, deux patrimoines mondiaux de la province de Quang Nam (Centre) reconnus par l’UNESCO.
Le processus de production de soie serait alors un argument touristique tout à fait légitime. "La formation professionnelle traditionnelle ne valorise pas encore l’efficacité et n’attire pas les travailleurs ruraux. Sa qualité reste médiocre et manque de durabilité. Cela limite le développement des villages de métiers du Vietnam", estime Trinh Quôc Dat, vice-président de l’Association des villages de métiers du Vietnam.
Aujourd’hui, les localités mettent uniquement l’accent sur l’enseignement des métiers agricoles et industriels, sans s’intéresser aux métiers artisanaux. Les produits traditionnels qui attirent les clients doivent avoir à la fois une valeur culturelle et artistique. L’alliance entre artisans et artistes est donc indispensable.
Promotion via Internet
Il existe de nombreux moyens pour présenter et promouvoir les produits. Dans le contexte de mondialisation, plusieurs localités s’intéressent à la promotion via Internet, et les résultats sont encourageants.
En 2015, la province de Binh Dinh (Centre) a créé un site sur les villages de métiers afin de soutenir la promotion du commerce en ligne. Deux groupes de produits y sont présentés: la gastronomie et l’artisanat. Le premier comprend vermicelles, nem (rouleau de printemps), alcool, nuoc mam (saumure de poisson), produits aquatiques...
Le second: produits céramiques, tissages de brocatelle, chapeaux coniques... Les consommateurs peuvent trouver des informations sur les entreprises, les établissements de production ou de commercialisation, rechercher artisans et produits.
En outre, le site web des villages de métiers de Binh Dinh est connecté aux sites web de chaque foyer producteur pour effectuer les transactions et vendre directement des produits. Il existe également une version en anglais pour présenter ce village dans le monde entier. C’est une solution pour renforcer le marketing et le développement du tourisme culturel.
Le portail d’information du district de Gia Lâm (Hanoi) a une rubrique de présentation du village de la céramique de Bat Tràng. En outre, quelques sites web présentent ses produits tels que http://gomsubattrang.org, http://www.battrangceramic.net, etc.
Le village de la soie de Van Phuc (Hanoï) a également son propre site pour présenter ses produits. Actuellement, l’utilisation d’Internet dans la promotion des produits est très répandue.
Selon la Société par actions de céramique Nhung (district de Quê Vo, province de Bac Ninh), plus du tiers de ses revenus est dû au web. De nombreux clients étrangers ont passé des commandes via son site. En supprimant cette limite qu’est l’éloignement de la clientèle, les sites de présentation de produits sont vraiment un moyen efficace, pour les villages, de toucher les consommateurs domestiques et internationaux. Cela contribue également à en promouvoir la marque. – CVN/VNA