Le journaliste russe Yury Denisovich : Je suis heureux de travailler au Vietnam

Le journaliste Yury Denisovich, correspondant en chef de l'agence de presse russe (TASS) au Vietnam, travaille plus de 25 ans dans ce pays d’Asie du Sud-Est et a toujours souhaité y rester.
Le journaliste russe Yury Denisovich : Je suis heureux de travailler au Vietnam ảnh 1La directrice générale de l'Agence vietnamienne d’Information Vu Viet Trang présente une collection des photos prises par les journalistes de la VNA en Turquie. Photo : Minh Son/Vietnam+

Le journaliste Yury Denisovich, correspondant en chef de l'agence de presse russe (TASS) au Vietnam, travaille plus de 25 ans dans ce pays d’Asie du Sud-Est  et a toujours souhaité y rester pour des raisons professionnelles.

Parmi les journalistes étrangers travaillant au Vietnam, Yury Denisovich, correspondant en chef de TASS est une personne spéciale. Sa passion pour le journalisme et son attachement au Vietnam se sont épanouis très tôt, car son père travailla aussi dans le pays, en tant que directeur de la  TASS.

Venu vivre avec sa famille au Vietnam, un pays étranger, au fil des années, Yury Denisovich a appris à aimer ce pays, d'abord en tant qu'enfant puis avec la perspective plus large d'un journaliste expérimenté.

À l'occasion du 98e anniversaire de la Journée de la presse révolutionnaire vietnamienne (21 juin 1925 - 21 juin 2023), il a partagé avec le journal en ligne VietnamPlus ses expériences en tant que journaliste au Vietnam.

"Trois générations de journalistes dans la famille"

Vous êtes arrivés au Vietnam alors que vous étiez encore tout petit. Quelles furent vos premières impressions sur le pays ?

M. Yury Denisovich: La première fois que je suis arrivé au Vietnam avec toute ma famille, c'était en 1988. À cette époque, mon père, un journaliste international, avait été nommé représentant en chef de la TASS au Vietnam.

Dès le début, j'ai trouvé que le Vietnam était un pays très intéressant, complètement différent de la Russie, mon pays natal, et très différent aussi de la Mongolie où j'avais vécu avec ma famille 7 ans plus tôt.

À chaque étape de ma vie, j'ai trouvé le Vietnam intéressant de différentes manières. Quand j'étais écolier, j'aimais regarder les rues de Hanoï avec les  innombrables motos et vélos, une scène qui n'existait pas en Russie.

Quand j’étais étudiant, je m’intéressais à découvrir la vie de  mes amis, où allaient-ils, ce qu'ils faisaient, quels livres ils lisaient. À cette période, j'ai commencé à conduire une moto et ce fut une expérience très amusante.

Plus tard, en tant que journaliste, je me suis intéressé à tous les aspects de la vie au Vietnam, de la politique à la culture en passant par les sciences.

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Le correspondant en chef de l'Agence de presse russe (TASS) au Vietnam, Yury Denisovich et la directrice générale de l'Agence vietnamienne d’Information Vu Viet Trang. Photo : Minh Son/Vietnam+

- Comment êtes-vous devenu journaliste? Est-ce parce que c'est une tradition familiale ?

M. Yury Denisovich: Après avoir passé le bac à Hanoï en 1992, j'ai décidé d'appendre le vietnamien et de m’inscrire au département de  langue vietnamienne  de l'Université de Hanoï (aujourd'hui Université nationale de Hanoï). Après, je suis retourné un an à Moscou pour faire des études de vietnamien à la Faculté de linguistique de l'Ecole Asie-Afrique, relevant de l'Université de Lomonossov.

Depuis que j'étais étudiant, j'avais déjà décidé de travailler au Vietnam et je faisais de mon mieux  pour y parvenir. Et je n'ai jamais regretté ce choix.

Ma famille compte trois générations à avoir travaillé pour la TASS. Ce sont mon grand-père avec près de 40 ans de travail continu pour cette agence, puis mon père avec 36 ans et moi, avec 26 ans déjà. Je suis très heureux et fier d'être reporter de la plus grande agence de presse russe, notamment à son bureau de représentation au Vietnam.

- La TASS possède l'un des plus grands réseaux de correspondants au monde avec 682 bureaux de représentation en Russie et 94 à l’étranger avec environ 2.000 journalistes. Pourriez-vous nous dire comment fonctionnent ces bureaux ?

M. Yury Denisovich: Normalement, les journalistes de la TASS partent à l'étranger pour un mandat de 3 à 4 ans, puis rentrent en Russie ou travaillent dans un bureau de représentation dans un autre pays.

Durant un mandat, les journalistes peuvent en apprendre davantage sur leur pays de résidence, faire connaissance avec de nombreux collègues, élargir leurs relations et entrer en contact avec des personnes. Mais, un mandat de trois ans était trop court.

Ainsi, la direction de la TASS estime que si un journaliste fait bien son travail et aime le pays où il travaille, il n'est pas nécessaire de mettre fin à son mandat après trois ans de service. Quant à moi, je travaille au Vietnam depuis 26 ans.

- Pourriez-vous partager un souvenir de travail au Vietnam ou une œuvre journalistique qui vous a intéressé le plus ?

M. Yury Denisovich: Durant ma période de travail ici, j'ai eu l'occasion de couvrir de nombreux événements différents, de grands forums internationaux aux visites au Vietnam de délégations de haut rang. J'ai également réalisé des interviews auprès de nombreux dirigeants vietnamiens. Chacune de ces rencontres m'a laissé des impressions inoubliables.

Si je parle de mes souvenirs les plus profonds, ce sont certainement les deux sommets de l'APEC 2006 et 2017.

L'APEC 2006 fut le plus grand événement international organisé par le Vietnam, avec la présence de plus de 20 dirigeants des pays les plus puissants du monde.

J'ai été impressionné du Centre national des conférences à Hanoï,  construit très rapidement pour servir le sommet. Cet endroit est devenu un symbole du nouveau centre politico-économique de la capitale.

Un autre événement important pour moi fut le Sommet de l'APEC 2017 à Da Nang. Le Vietnam a  bien préparé cet événement important, même si le lieu d’accueil n'était pas dans la capitale.

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Les dirigeants de l'Agence vietnamienne d’Information (VNA) et la délégation de haut rang de l'agence de presse russe ITAR-TASS prennent une photo après leur entretien le 21 octobre 2013 au siège de la VNA. Photo : Lam Khanh/VNA

- Après 35 ans de vie au Vietnam, que pensez-vous des changements intervenus dans le pays ?

M. Yury Denisovich: Durant nos premières années au Vietnam, la vie ici était très difficile. Le pays venait de traverser la guerre et entamait des travaux de reconstruction. Tout le monde devait travailler très dur pour rétablir l'économie et préserver la paix.

Maintenant, l'image est complètement différente : le pays est prospère, le peuple joyeux et heureux, toujours fier de ses réalisations.

Mais une chose qui n'a pas changé au fil des ans, c'est mon amour et mon respect pour le peuple vietnamien.

Je trouve que les Vietnamiens sont très gentils, ouverts, amicaux et ils sont toujours prêts à aider les autres dans n'importe quelle situation. De nombreux Russes travaillant dans l’ambassade et des bureaux de représentation d'organisations russes au Vietnam ressentent la même chose. Si on peut se lier d'amitié avec des Vietnamiens, ce sont des amis sincères pour la vie.

Le journaliste russe Yury Denisovich : Je suis heureux de travailler au Vietnam ảnh 4Le correspondant en chef de l'Agence de presse russe (TASS) au Vietnam, Yury Denisovich lors d'une exposition de photos de la VNA. Photo : Minh Son/Vietnam+

Vers le 65e anniversaire de l’établissement des relations VNA-TASS

- Cette année, la VNA est l'organe permanent du 9e Prix national de l'information pour l’étranger. En tant que représentant d'une agence de presse étrangère au Vietnam, que pensez-vous la diffusion de ce prix ?

M. Yury Denisovich: A ma connaissance, c'est la troisième fois que la VNA assume ce  prix. Il s'agit d'un prix très important et d'actualité, ouvrant un espace créatif pour les journalistes spécialisés dans l'information pour l’étranger. Ce prix est un point lumineux dans la communication, dans le domaine de l'information pour l’étranger en particulier, véhiculant l'image  du peuple, de la culture et du développement dynamique du Vietnam auprès des amis internationaux. Ce prix vise à reconnaître et à honorer les auteurs, les travaux et les produits typiques dans le domaine de l'information pour l’étranger et à promouvoir les acquis de développement du pays dans de nombreux domaines.

- Le bureau de représentation du TASS au Vietnam a remporté des prix à plusieurs reprises. Quelles œuvres allez-vous envoyer au Comité d’organisation cette année ?

M. Yury Denisovich : Nous avons participé à plusieurs reprises de ce prix avec des œuvres portant sur de nombreux sujets différents, reflétant principalement les caractéristiques de la culture, la cuisine et le développement de l'économie du Vietnam, à côté d'interviews de dirigeants du Parti et de l’Etat.

Bien sûr, nous n'avons pas toujours été primés mais certainement, notre objectif de participer à ce Prix a été atteint. C'est grâce aux œuvres envoyées que de nombreuses personnes à l'étranger en savent plus sur votre beau pays.

Cette année, je n'ai pas encore décidé quelles œuvres seront sélectionnées pour concourir. Probablement, ce seront des articles sur les bonnes relations entre la TASS et la VNA, à l'occasion du 65e anniversaire de l’établissement des relations bilatérales entre ces deux agences, qui sera célébré en octobre prochain.

- La VNA a également des bureaux de représentation dans 30 régions du monde et accorde un grand intérêt à la promotion de l'image du Vietnam ainsi qu'aux options et politiques du Parti et de l'État. Comment évaluez-vous l'efficacité du travail d'information pour l’extérieur de la VNA ?

M. Yury Denisovich : En tant que la principale agence de presse multimédia du pays, la VNA fournit des informations sous diverses formes, riches et reflète profondément tous les domaines de la société.

Ses journalistes couvrent toujours en temps opportun la vie politique et socio-économique du pays, les événements politiques et diplomatiques importants, fournissent des informations non seulement aux Vietnamiens mais aussi aux lecteurs étrangers.

La VNA a une histoire de longue date et affirme sa position d’une organe de presse fournissant une source d’informations actualisées et fiables, devenant l'un des principaux groupes de médias en Asie.

Des générations de journalistes de la VNA ont travaillé sans relâche pour que le flux d'informations ne s'arrête jamais sur le vaste champ d'information de la presse vietnamienne.

Lors de la cérémonie de lancement du 9e Prix national de l'information pour l’étranger, la VNA a présenté l'exposition de photos "Les relations humaines à l'épicentre du tremblement de terre en Turquie" prise par un groupe de reporters de la VNA dans la province turque de Hatay en février 2023.

Les journalistes de la VNA sont toujours présents lors des événements importants dans le monde et cette agence devient la source d'information la plus fiable et la plus appropriée pour la communauté internationale.

Je voudrais parler davantage des relations de coopération entre la TASS et la VNA. En 65 ans de partenariat, les deux agences ont mené une coopération professionnelle efficace et bâti une amitié sincère. Cela a posé des bases solides pour resserrer de plus en plus  leur coopération afin d'établir une position solide à l'ère numérique.

En 2014, le journaliste Yury Denisovich s’est vu décerner l’Ordre de l'amitié pour ses contributions à la promotion et au développement des relations d'amitié Vietnam-Russie. La même année, il a reçu l’Ordre du ministère russe des Affaires étrangères. En 2017, la Fondation pour la paix de Russie lui a décerné l’Ordre de la paix et de l’amitié. -VNA

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