Hanoi (VNA) – Le Vietnam s’oriente vers une économie faiblement carbonée en se concentrant sur le développement des énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien. Il s’affirme dans ce secteur comme l’un des plus attrayants pays d’Asie du Sud-Est pour les investisseurs étrangers.
À partir du 1er novembre 2018, le prix de vente de l’électricité éolienne sera de 1.928 dôngs/kWh (8,5 cents) pour les projets d’énergie éolienne sur terre et de 2.223 dôngs/kWh (9,8 cents) pour les projets offshore, contre 1.769 dôngs/kWh à l’heure actuelle. Cela est considéré comme un levier pour le développement des projets en la matière.
L’heure de l’énergie éolienne
"L’énergie éolienne au Vietnam est en mesure de remplacer une part importante de la production future des centrales thermiques (au charbon et au gaz). L’augmentation du prix de vente de l’électricité éolienne contribuera à faire avancer de nombreux projets et à garantir leur mise en exploitation", a estimé Tobias Cossen, directeur du projet "Soutien à la généralisation de l’énergie éolienne au Vietnam" dans le cadre du programme de soutien à l’énergie de l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ).
La GIZ s’est félicitée de cette valorisation, estimant que tous les acteurs du marché souhaitaient de plus amples investissements sur le marché éolien du Vietnam, qui ne représente actuellement que 200 MW de capacité installée (avec 100 MW en construction).
L’augmentation du prix de vente de l’électricité éolienne est considérée comme un levier pour le développement des projets en la matière. Photo: VNA
En raison des besoins énergétiques croissants du pays et de ses excellentes ressources en énergie éolienne, de nombreux investisseurs lorgnent le marché depuis un certain temps. Cependant, certains problèmes tels que le prix de vente de l’électricité éolienne publié en 2011 ont tempéré l’enthousiasme des investisseurs et institutions de financement.
"Maintenant, avec le signal clair du gouvernement vietnamien concernant l’augmentation du prix de vente de l’électricité éolienne, nous souhaitons que de nombreux projets aboutissent et soient mis en œuvre", a déclaré Tobias Cossen.
"Le tarif révisé donnera aux investisseurs et aux institutions financières qui fournissent des capitaux à long terme la sécurité dont ils ont besoin. Il faut quand même noter que le tarif demeure toujours plus bas que sur les autres marchés d’Asie du Sud-Est", a-t-il ajouté.
La GIZ estime que le potentiel de l’énergie éolienne au Vietnam est énorme - environ 27 GW - et qu’il est en mesure de remplacer une grande partie de la production future d’énergie thermique (charbon et gaz). Même si les énergies renouvelables, telles que l’éolien et le solaire, sont intermittentes, il est primordial que le réseau électrique du Vietnam puisse s’adapter et se moderniser vers des "réseaux intelligents", tout en atteignant les objectifs du plan de développement énergétique établis par le gouvernement (par exemple, 6.000 MW d’éolien et 12.000 MW de solaire d’ici 2030).
Dans deux ans, le pays pourrait cesser de construire de nouvelles centrales au charbon, tout en maintenant un système énergétique sûr, abordable et sécurisé. C’est ce qui ressort d’un rapport intitulé "Garantir l’égalité dans la transition énergétique au Vietnam" réalisé par l’Alliance des énergies durables du Vietnam (VSEA - Vietnam Sustainable Energy Alliance).
Ce rapport a été récemment publié dans le cadre de la conférence internationale intitulée "Favoriser la coopération pour assurer une transition énergétique juste" organisée par le Centre d’innovation et de développement vert (GreenID), l’Institut Friendrich-Ebert-Stiftung (FES) et l’Union des associations des sciences et technologies du Vietnam (VUSTA).
Vers une transition équitable et juste
Le Vietnam se concentre sur le développement des énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien. Photo: VNA
Le développement de l’énergie durable est une priorité dans de nombreux pays, notamment au Vietnam. Cependant, la garantie et la sécurité de l’emploi des travailleurs qui se reconvertissent dans les énergies durables demeurent encore une difficulté. Nguyên Thi Hoàng Nguyên, du ministère du Travail, des Invalides et des Affaires sociales, membre du groupe de recherche pour l’égalité des salariés, a souligné la nécessité de la mise à jour d’une formation professionnelle pour ces derniers afin d’assurer une transition aussi juste et réussie que possible.
De plus, lors de cette conférence internationale, une plate-forme a été offerte afin de permettre à de nombreux experts régionaux et internationaux, allant du monde universitaire, aux syndicats d’entreprise ainsi qu’à plusieurs décideurs politiques, de pouvoir débattre et échanger en profondeur sur le statu quo concernant les efforts pour une transition équitable en Asie et dans le monde.
"Notre objectif est de conceptualiser une transition juste de manière plus globale pour façonner une version plus durable et plus humaine de l’économie de demain. Comment pouvons-nous unir ces différentes approches pour construire des alliances en vue d’une transition réussie en Asie et au-delà? C’est l’une des questions clés que nous aimerions aborder lors de la conférence", a déclaré Yvonne Blos, présidente de FES Vietnam. La recherche prend également en compte trois scenarii, dont le Plan de développement énergétique VII (PDP7) publié par l’État, le scénario d’énergie renouvelable et d’énergie renouvelable combinée à l’efficacité énergétique, tous deux proposés par GreenID.
Dans le PDP7 révisé, le secteur énergétique du Vietnam devrait contribuer aux objectifs de développement socio-économique, dont une croissance annuelle moyenne du PIB de 7% au cours de la période 2016-2030, soit 1,5 point de moins que prévu dans le PDP7 initial.
Selon la VSEA, en augmentant la part des énergies renouvelables et en utilisant l’énergie de manière plus durable, le Vietnam peut éviter de construire environ 25 centrales au charbon tout en assurant la sécurité énergétique nationale, permettant ainsi d’économiser 60 milliards de dollars d’investissement attendu pour ces centrales et 7 milliards de dollars par an en importation de charbon. Le scénario proposé devrait également réduire de 116 millions de tonnes les émissions de CO2 par an par rapport au PDP7 révisé et aider le pays à se conformer aux objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. – CVN/VNA