« Nous sommes évidemment très touchés par sa mort. Ces derniers jours,dans l’Humanité, nous avons consacré un grand dossier à la vie et aucombat du Général Giap. Le PCF a accompagné le peuple vietnamien dansson œuvre de libération, nous avions dans notre cœur la lutte du peuplevietnamien, c’est pourquoi, nous avons accueilli pendant 5 ans ladélégation vietnamienne qui conduisait les négociations des Accords deParis. Et dans ces combats là, nous étions proches du Général Giap. Pournous, le Général Giap est un frère".
Dans son discoursprononcé lors de la cérémonie pour rendre hommage au Général Giap, ledirigeant du PCF a dit: « Le Général Giap fut un soldat au service deson peuple et du genre humain tout entier… Pour défendre sonindépendance, le peuple vietnamien a dû prendre les armes et c’est à ungénéral qui n’avait fait aucune école militaire, à un général qui sedisait lui-même « un général de la paix, et non de la guerre » qu’ilconfia le soin de mener le combat jusqu’à la victoire. Giap, comme tousses camarades, comme tout le peuple vietnamien qui endura tant desouffrances, d’injustices et d’ignominie, ne s’est jamais trompé nid’ennemi, ni de combat : « Unissons nous dans la lutte pour la paix »…La victoire de Dien Bien Phu, puis la victoire du peuple vietnamien ontrendu dignité et espoir à tous les peuples du monde en prise avec ladomination, le colonialisme et l’impérialisme. « Les peuples fontl’histoire», voilà ce que le peuple vietnamien a rappelé avec force àtous».
Pour sa part, Mme Hélène Luc, sénatricehonoraire, membre du PCF, ancienne présidente de l’Association d’amitiéFrance-Vietnam a fait part de sa «très grande tristesse» et «sonchagrin» lorsqu’elle a appris la mort du Général Giap. « Le général Giapreprésente tellement la lutte coloniale et pour l’indépendance et laliberté du Vietnam, pour le bien-être du peuple vietnamien que nousavons ressenti comme la perte d’un être cher, d’un membre de notrefamille», a-t-elle confié.
Et d’ajouter : « Le GénéralGiap avait une grande force, il était très compétent, un géant, unstratège militaire hors pair et reconnu dans le monde entier. Mais si leGénéral avait commencé très tôt à être militant de la décolonisation etdevenu ce qu’il a été c’est parce qu’il combattait avec le peuple,qu’il s’appuyait sur la force du peuple pour gagner la guerre contre lescolonialistes français, contre les Américains bien que ces derniers ontdes armées puissantes ».
« A Dien Bien Phu, le GénéralGiap a réussi à faire en sorte que les Français n’ont pas su du tout cequi se passait, ils ont été surpris. Mais pour cela, il a fallu que lesVietnamiens marchent à pied, en vélo, à cheval… chacun selon ses moyens,et que tout le peuple participe à la lutte contre la colonisation etpour la paix. C’est pourquoi, on peut dire que le général Giapreprésente pour le monde entier un exemple extraordinaire et aujourd’huitous les peuples du monde saluent sa dépouille mortelle etreconnaissent ce qu’il a fait ».
Hélène Luc a racontéson unique rencontre avec le Général Giap. « La délégation vietnamiennequi menait les négociations des Accords de Paris est restée pendant 5ans à Choisy-Le-Roi alors que mon mari était maire de cette ville.Lorsque la guerre a été terminée, nous avons, mon mari et moi, étéinvités à la Fête nationale du Vietnam, le 2 septembre 1978. C’est ainsique nous avons eu le bonheur et la chance de rencontrer le Général Giapà Hanoi. Quand il a entendu parler français, il a dit : «ô, c’est vous,les Français. Merci, merci beaucoup ». Mais nous lui avons répondu : «Ce n’est pas à vous de nous dire Merci. C’est à nous de vous dire Mercipour tout ce que vous avez fait pour le peuple vietnamien et commeexemple de lutte dans le monde entier.
Il nous a révélé:« Vous savez que le peuple vietnamien était beaucoup plus faible ennombre d’hommes et en matériel militaire. Mais ce que les Américainsn’avaient pas, c’était la motivation des hommes. Et nous au Vietnam, nossoldats, tout le peuple, nous l’avons, c’est pourquoi nous avons gagnéla guerre contre les Américains ».
La femme octogénairequi a consacré toute sa jeunesse aux manifestations de solidarité avecle peuple vietnamien a exprimé sa conviction en un Vietnam puissant etprospère: « Aujourd’hui le peuple vietnamien montre comment il a sucontinuer la lutte pour l’indépendance et mène de la même manière lalutte pour le bien de son peuple pour améliorer la vie et pour devenirun pays industrialisé en 2020. Je crois que le général Giap, aux côtésde Ho Chi Minh, a semé beaucoup de petites graines et que toutes cespetites graines vont germer et vont faire en sorte que le Vietnamdevienne un pays fort dans le Sud-Est asiatique».
Quant àl’historien Alain Ruscio, il n’a pas caché ses sentiments pour leGénéral Giap: « Mon premier sentiment c’est la tristesse, j’ai lesentiment d’avoir perdu un grand oncle comme on dit dans votre pays. Cen’est pas la formule mais beaucoup de Français avaient beaucoupd’admiration et d’estime pas seulement pour l’homme historique mais pourl’homme tout court qui était très proche, très accessible, trèssouriant ».
Il a ajouté : « Moi, je garde le souvenird’un homme très souriant, qui faisait parfois preuve d’humour, dedélicatesse. Mon impression à la première rencontre est que je suis enface d’un monument historique, mais derrière ce monument historique,j’ai découvert un homme, très proche, très modeste ».
«Mon entretien avec lui était en mars 1979. A l’époque, j’étaiscorrespondant de l’Humanité au Vietnam et en même temps historien.Lui-même était très lié au PCF et il connaît le parcours de Ho Chi Minhqui était parmi les délégués fondateurs du PCF au Congrès de Tours en1920. Le Vietnam était alors en grande difficulté, mais c’était aussi le25e anniversaire de la victoire de Dien Bien Phu. Je voulaisl’interroger sur Dien Bien Phu. Il m’avait accueilli avec beaucoup degentillesse. Son secrétaire m’a dit qu’il était très occupé et nepouvait m’accorder qu'une demi-heure ou une heure. Mais on est restétrois heures ensemble. Il possèdait magnifiquement la langue française,et nous n’avions pas besoin d’un interprète ».
« J’aivécu longtemps au Vietnam. J’y suis allé régulièrement pour travailleret aussi comme touriste. A chacun de mes voyages, j’avais la volonté derencontrer le Général Giap, de lui poser des question sur sa vie, surses sentiments, sur l’évolution de la société vietnamienne, surl’histoire et il est devenu mon professeur d’histoire ».
Alain Ruscio a souligné les sentiments des Français à l’égard duGénéral Giap : « Les gens qui connaissent l’histoire savent tous que lesVietnamiens en 1945-1946 ne voulaient pas la guerre. Le président HoChi Minh est venu en France en 1946 pour négocier avec les Français dansla perspective de maintenir de bonnes relations entre le Vietnamindépendant et la France républicaine. Si la guerre a quand même éclaté,c’est la faute des colonialistes français. Une fois que la guerre étaitdéclarée, il fallait une dimension militaire. Le Général Giap a étédésigné pour cette tâche, il a donné la guerre loyalement et il a gagnéloyalement. Les Français intelligents ne doivent pas tenir rigueur à ladéfaite à Dien Bien Phu. Seuls quelques réactionnaires, colonialistesattardés ne l’aiment pas, mais nombreux sont les Français qui luiréservent beaucoup d’admiration. -VNA