À la suite de la signature de l’Accord de libre-échange (ALE) Vietnam - République de Corée, le 5 mai à Hanoi, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Vu Huy Hoàng, a exprimé sa forte confiance envers la croissance du commerce bilatéral d’ici 2020. Rencontre avec la presse.


Le commerce Vietnam - République de Corée a dépassé les 30 milliards de dollars en 2014. Atteindre 70 milliards en 2020 est-il faisable ? Cet ALE nous permettra-t-il d’améliorer le déficit du commerce bilatéral avec ce pays ?


Je crois fermement que l’objectif de 70 milliards de dollars d’échanges en 2020 sera atteint. En ce qui concerne le déséquilibre actuel du commerce bilatéral, la situation va s’améliorer grâce à cet ALE dont les lignes tarifaires préférentielles concernent de nombreux produits qui aujourd’hui sont exportés en République de Corée en quantité limitée. Les exportations de ces produits - de l’agriculture, de la fruiticulture, du prêt-à-porter, etc. - vont donc fortement progresser dans les années à venir.


S’agissant de nos importations qui, traditionnellement, sont pour l’essentiel des machines et de l’équipement, des composants et des accessoires électroniques, elles augmenteront aussi, mais dans une moindre mesure. Le commerce bilatéral demeurera déficitaire pour nous, mais bien moins qu’actuellement. En d’autres termes, l’ALE va améliorer notre situation.


Le Vietnam est le premier partenaire auquel la République de Corée ouvre son marché des produits agricoles. Que doivent faire nos exportateurs pour satisfaire ses exigences ?


La République de Corée a un besoin assez important en produits agricoles importés. Mais elle est très exigeante en matière de qualité, d’hygiène et de sécurité alimentaire. C’est la raison pour laquelle elle impose des taxes d’importation particulièrement élevées, allant de 241 à 420 % selon les catégories de produits. Compte tenu de nos relations de commerce habituel depuis un certain nombre d’années déjà, elle nous ouvre significativement son marché, puisqu’elle a libéralisé 95,4 % de ses lignes tarifaires pour de nombreux produits agricoles et aquatiques comme les crevettes, les crabes, les poissons et les fruits tropicaux.


D’après nos données, les Coréens ont une très forte demande pour certains produits comme les crevettes, l’ail, le gingembre, le miel d’abeille ou la patate douce, et ils nous ont ouvert ces segments, ce qui est une première. Nous sommes les seuls. Pour profiter de cette opportunité, nos exportateurs devront d’abord assurer qualité, sécurité et hygiène alimentaire de leurs produits. Tout cela vaut aussi, de manière générale, pour les autres types de produits comme le textile et l’habillement, les meubles en bois, etc.


Enfin, la République de Corée s’est engagée à faciliter les importations de nos produits majeurs, à accorder des assistances techniques dans plusieurs domaines, ainsi qu’à promouvoir la coopération économique. Toutes nos entreprises doivent chercher à bénéficier des opportunités qui en résulteront.


Le Vietnam a également révisé ses lignes tarifaires, notamment pour les matières premières du textile et de la plasturgie, le matériel électronique, les accessoires automobiles et les câbles électriques. N’est-ce pas un défi pour nos producteurs ?


Je veux dire, plus simplement, que l’on n’a rien sans rien et cela vaut pour tout le monde... Maintenant, les aspects positifs sont multiples pour nos entreprises. À court terme, les matières premières coréennes et autres accessoires vont pallier les carences de notre pays et de nos producteurs, en particulier dans le secteur de l’industrie auxiliaire. Sur le long terme, certes, nos entreprises vont avoir une sérieuse concurrence avec les produits sud-coréens. Mais ce n’est rien d’autre que la loi du marché, encore une fois. Il reviendra à nos entreprises de se renouveler, d’élever la qualité de leurs produits, leur compétitivité et d’innover pour concurrencer ceux de la République de Corée. Puis, à terme, de pouvoir les commercialiser ailleurs dans le monde. -CVN/VNA