Pourriez-vous dresser le tableau de la situation actuelle du bien-être social dans le pays ?
LeVietnam fait toujours face à une situation économique difficile.Néanmoins, bien loin d’être négligé, il est indéniable que le bien-êtresocial demeure l’une des priorités actuelles du gouvernement. Sesefforts, comme ceux du Parti et de l’État, sont incontestables, lebudget alloué ayant été dépassé intentionnellement.
Par exemple,les politiques sociales privilégiées pour les personnes ayant rendu desservices méritoires à la Révolution. Actuellement, plus de 1,5 millionde personnes bénéficient d’une allocation mensuelle. Environ 98 % desfamilles bénéficiaires de ces politiques ont un niveau de vie égal,voire supérieur, à la moyenne de leur localité.
Autres exemplesavec les politiques privilégiées pour les pauvres : 1,9 million depersonnes déshéritées ont reçu un cadeau pour le Têt du Serpent (dernierNouvel An lunaire) ; le pays a fourni gratuitement près de 40.000tonnes de riz lors du dernier Têt, ainsi qu’entre les deux récoltesannuelles, ce à quoi il faut ajouter le programme de créditspréférentiels pour les travailleurs de très faibles revenus, et l’octroigratuit de l’assurance-santé aux familles pauvres.
Et les enfants pauvres ?
Lesenfants des familles pauvres, ceux vivant dans les régions endifficultés ou issus d’ethnies minoritaires font, eux aussi, l’objet depolitiques privilégiées. Ils bénéficient d’une subvention mensuellesuffisant pour leurs frais d’études et d’alimentation. Aujourd’hui, 82 %de ces enfants bénéficient d’assistances, que ce soit en matière desanté, d’éducation, etc., et 90 % des enfants en risque de subir desmaltraitances sont pris en charge dès constat de la situation. Ce sontdes chiffres qui parlent par eux-mêmes, je pense...
Il sembletoutefois qu’un certain nombre de personnes ne se rendent passuffisamment compte de ces efforts, à commencer par certains députésqui, lors de la dernière session, ont déclaré que «la population n’estpas encore tranquille». Pourquoi, selon vous ?
Si, dansl’ensemble, les politiques privilégiées sont prises en temps utile etleur financement assuré, leur application subit souvent des retardsfaute de directives. Par ailleurs, de nombreux bénéficiaires sont peu ouprou informés de leur existence. Ce sont, à mon avis, les causesprincipales de la perception de certaines personnes en matière debien-être social.
Moi-même, en tant que députée del’Assemblée nationale (AN) depuis une dizaine d’années, j’ai puconstater cet état de choses : après avoir été votée par l’AN, unenouvelle politique ne peut être mise en œuvre que pendant une périodeparfois longue, dans l’attente d’une directive d’instructions dugouvernement. C’est ce retard qui amoindrit la confiance de lapopulation, et c’est là un problème auquel le pays devra prochainementremédier.
La Commission des affaires sociales de l’AN arécemment contrôlé l’activité du secteur de la santé à la suite deplaintes de la population. Que pensez-vous de la qualité des servicesfournis ?
Dans l’ensemble, le secteur de la santé a fait desefforts ces derniers temps. Il demeure toujours des faiblessestoutefois, comme la surcharge des hôpitaux, un investissement parfoisinsuffisant du personnel hospitalier, ou encore des services de médiocrequalité, notamment dans les établissements de ressort local...
Cerécent contrôle de la Commission des affaires sociales a souligné cettesituation préoccupante d’ «évasion des patients provinciaux» : au lieude se faire soigner dans un hôpital local, de nombreux malades,notamment ceux frappés pas de pathologies graves, se dirigent vers unétablissement de ressort central qui «possède un corps médical plusexpérimenté et des équipements modernes» , selon leurs explications,même s’ils doivent en conséquence prendre en charge 70 % des fraisd’hospitalisation conformément à la réglementation. D’où la surchargedes hôpitaux des grandes villes. Selon les statistiques, le nombre deces patients augmente régulièrement chaque année, puisqu’il est passé de3 millions en 2009, à 9 millions en 2010, puis à 11 millions en 2011...
Le problème, désormais, c’est d’améliorer les centreshospitaliers de ressort local, du point de vue de l’infrastructure et dequalité des soins, afin qu’ils répondent aux besoins et aux attentes dela population.
En fait, au lieu d’améliorer les hôpitauxlocaux, le ministère de la Santé a voulu prendre des mesures immédiatespour limiter ce phénomène. Quel est votre avis ?
Lors de larécente séance d’interpellation destinée à la ministre de la Santé parla Commission des affaires sociales, j’ai insisté sur le fait que sonministère doit soigneusement apprécier toutes mesures limitantl’hospitalisation de «patients libres». Car ceux-ci, qui ont souscritune assurance santé, ont un droit aux soins médicaux, et en conséquence,tous les hôpitaux doivent les prendre en charge au moins à hauteur dela garantie de leur assurance...
La seule solution pour limiterau mieux ce phénomène d’«évasion des patients provinciaux», c’estd’améliorer la qualité des hôpitaux provinciaux et de districts afinqu’ils retrouvent la confiance de la population locale. – VNA