L’actionnarisation des entreprises étatiques s’accélère
Le Premier ministre Nguyên Tân Dung a insisté sur l’une des tâches
essentielles du pays en 2015, la restructuration du secteur économique
public. Cette restructuration est réellement l’une des tâches majeures
compte tenu de l’importance, à de nombreux égards, du secteur public au
sein de l’économie vietnamienne.
Le secteur public,
issu d’une économie de planification centralisée, tient évidemment une
place éminente au Vietnam. Aujourd’hui, dans le cadre d’une transition
vers une économie socialiste de marché, il est appelé à jouer un autre
rôle tout aussi essentiel, sur le plan macroéconomique cette fois, en
tant qu’outil de régulation économique du gouvernement, tout en assurant
toujours ses fonctions originelles. Sa prévalence demeure, en effet,
puisqu’il comprend majoritairement des industries lourdes ou des
services qui nécessitent de grands investissements difficilement
réalisables par des acteurs privés ou, plus simplement, de grands
services publics qui, socialement, ne peuvent être pris en charge que
par l’État...
Ses entreprises sont toujours, enfin,
des pionniers dans leurs secteurs d’activité: construction,
infrastructures, recherche fondamentale et appliquée, énergie, pétrole,
gaz, électricité, pétrochimie et chimie, télécommunications,
transport...
Une tâche d’ampleur
Le renouvellement et le développement des entreprises publiques, lancé
depuis les années 90, a déjà porté ses fruits. Le nombre d’entreprises
est passé de 12.000 en 1990 à 5.600 en 2000, à 1.350 en 2010, à 949
entreprises à 100% de capital public fin 2013, puis à environ 800 fin
2014.
Tenir les rôles qui lui sont dévolus implique
une restructuration en profondeur de l’ensemble du secteur dans le sens
d’un retrait partiel de l’État afin de répondre aux impératifs d’une
économie de marché. L’outil majeur de cette restructuration - il y en a
d’autres - est l’actionnarisation. Une telle opération est le moyen le
plus sûr de désengager l’État de l’entreprise au profit d’autres acteurs
économiques, mais aussi de changer de culture d’entreprise afin de
tenir son nouveau rôle.
L’actionnarisation permet
également de faire rentrer au capital des investisseurs, notamment
stratégiques, qui vont lui apporter financement, nouvelles technologies
et savoir-faire. Elle permet aussi de liquider les filiales et unités
non rentables ou accusant de trop lourdes pertes. Enfin, ces opérations
donnent lieu généralement au bénéfice de politiques gouvernementales de
soutien à la formation et l’apprentissage professionnel, y compris de
reconversion pour le personnel surnuméraire. Ces entreprises
actionnarisées accèdent alors à un niveau supérieur de rentabilité et de
compétitivité, tel que cela a été constaté depuis le lancement de la
restructuration du secteur.
La restructuration s’est
accélérée en privilégiant les actionnarisations dans les segments de
l’industrie, du commerce, du transport et de la construction, tout en
veillant à un renouvellement effectif des technologies comme des
capacités en termes de ressources humaines. Enfin, pour désengager
davantage l’État, l’étude des entreprises publiques susceptibles de
faire l’objet d’une actionnarisation doit être poursuivie.
Bien que sérieusement engagé, le processus d’actionnarisation des
entreprises publiques requiert toutefois d’être encore accéléré.
L’économiste Lê Dang Doanh fait remarquer en effet que «la
restructuration des entreprises étatiques se concentre actuellement sur
l’actionnarisation et non pas sur la réorganisation. Pour s’attaquer à
la réorganisation, il faut légiférer au préalable sur un certain nombre
de points. Ensuite, il conviendra de définir des stratégies permettant
d’élaborer des projets efficaces et complets».