Hanoi (VNA) – La taille moyenne des Vietnamiens a considérablement augmenté en une décennie, classant le Vietnam dans le Top 4 des pays d’Asie du Sud-Est en termes de stature. Une preuve de l’efficacité de ses politiques nutritionnelles adaptées.
L’enquête générale nationale sur la nutrition, réalisée auprès de 22.400 ménages dans 25 provinces et villes du pays, vient d’être rendue publique. Ses résultats jouent un rôle important dans l’évaluation des objectifs de la Stratégie nationale sur la nutrition pour 2011-2020 et fourniront des preuves scientifiques pour la rédaction d’une telle stratégie dans la phase suivante. Selon cette enquête, la taille moyenne d’un homme vietnamien de 18 ans atteignait 168,1 cm en 2020, en hausse de 3,7 cm en dix ans. L’augmentation pour les femmes de 18 ans a été légèrement inférieure à 1,4 cm, passant de 154,8 cm en 2010 à 156,2 cm l’année dernière.
Plus important, le taux de malnutrition chronique chez les enfants de moins de 5 ans a été estimé à 19,6% en 2020, soit en dessous de la moyenne mondiale de 20% calculée par l’OMS. Le Vietnam est ainsi sur la bonne voie pour atteindre l’objectif mondial de nutrition pour les enfants, réduisant le taux de retard de croissance de 40% en 2025. Cependant, il en existe encore de fortes variations de prévalence entre les régions et celle-ci reste élevée dans les zones rurales et montagneuses.
Selon le Pr.-Dr. Lê Danh Tuyên, directeur de l’Institut national de la nutrition, le régime alimentaire des Vietnamiens avait changé ces dix dernières années. Concrètement, en 2020, l’apport énergétique était de 2.023 kcal en moyenne par jour, légèrement supérieur à celui de 2010 qui était de 1.925 kcal. La consommation moyenne de fruits a plus que doublé de 2010 à 2020 et celle de légumes a également augmenté, mais les deux restent encore bien en deçà des recommandations, respectivement de 77,4% et 66,4%.
Des politiques efficaces depuis 20 ans
L’enquête met en évidence aussi l’augmentation de la consommation de viande, de boissons sucrées et de restauration rapide, en particulier dans les zones urbaines. Le Vietnamien consomme désormais 136,4 g de viande par jour, contre seulement 84 g en 2010. Le chiffre pour les zones urbaines est encore plus élevé, à 155,3 g par jour.
M. Tuyên estime que la nutrition est le facteur le plus important pour le développement de la taille. Les Stratégies nationales sur la nutrition, élaborées tous les dix ans, permettent d’orienter les interventions en la matière à tous les échelons. En outre, de nombreux programmes de l’Objectif national sur la réduction du taux de malnutrition et du manque de micronutriments ont été mis en œuvre.
C’est au plus jeune âge, au cours des 1.000 premiers jours de la vie (à partir du moment où la mère est enceinte jusqu’à l’âge de 2 ans), que l’apport nutritif s’avère décisif pour le développement des organes et de la taille.
Le programme de soins maternels, mis en œuvre depuis une vingtaine d’années dans toutes les provinces du pays, garde donc une importance capitale. Les femmes enceintes, après s’être inscrites maux soins prénatals, sont suivies régulièrement pour recevoir des conseils sur leur alimentation.
Les mères vivant dans les 18 provinces les plus reculées et défavorisées reçoivent gratuitement des micronutriments, remis par l’Institut national de la nutrition. Les personnes dans des zones économiques plus favorables ont la possibilité d’acheterdes compléments alimentaires apportant les micronutriments nécessaires au bon déroulement de la grossesse.
Conseils de l’expert
D’après le directeur de l’Institut national de la nutrition, afin de faire croître la taille des Vietnamiens, la Stratégie nationale sur la nutrition dans la prochaine période nécessite des solutions multisectorielles, permettant à la population d’accéder plus facilement à la nourriture et d’assurer une nutrition de qualité suffisante. En particulier, un soutien plus important sera apporté aux zones rurales reculées, pauvres et sujettes aux catastrophes naturelles.
En outre, il est nécessaire d’établir des mesures pour que les fabricants de produits alimentaires s’associent afin de mettre en œuvre l’arrêté No9 datant de 2016 du Premier ministre sur l’ajout de micronutriments dans les aliments. Actuellement, de nombreuses entreprises produisent des aliments encore trop peu nutritifs.
Au niveau de la famille, le Pr.-Dr. Tuyên recommande aux parents de mieux comprendre l’importance des 1.000 premiers jours de la vie de l’enfant. C’est la seule période dans laquelle il peut grandir de plus de 10 cm en un an. "Si les mères prennent bien soin de leur bébé, leur taille pourra augmenter de 12 à 14 cm par an", souligne-t-il.
M. Tuyên estime que les femmes doivent aujourd’hui avoir des connaissances minimales pour assurer une grossesse saine. Ainsi, il est nécessaire pour elles de recevoir des soins prénatals réguliers pour obtenir des conseils médicaux et nutritionnels. Les mères enceintes ont besoin de se nourrir correctement et se reposer suffisamment pour assurer une hausse régulière du poids. Après la naissance, les nourrissons sont obligés d’être allaités exclusivement au sein pendant les six premiers mois pour une croissance, un développement et un état de santé optimaux. C’est à partir de l’âge de 6 mois que les enfants peuvent commencer à recevoir des aliments complémentaires appropriés, complétés par des doses élevées de vitamine A selon le programme du ministère de la Santé.
"L’expérience des pays développés montre que l’investissement dans l’amélioration de la nutrition dès le stade de développement intra-utérin est le plus efficace pour l’avenir, contribuant à atteindre les objectifs nationaux de développement socio-économique", précise Lê Danh Tuyên. – CVN/VNA