Hanoï (VNA) - En vertu de la résolution n° 57-NQ/TW adoptée fin 2024 par le Bureau politique consacrée aux percées en matière de science, de technologie, d'innovation et de transformation numérique, le Vietnam renforce particulièrement le soutien à la recherche et la coopération en 2025, en levant les obstacles et en créant un environnement de recherche et d'innovation favorable et transparent.
Bien que les premiers signes de dynamisme dans l'investissement et la coopération internationale soient déjà perceptibles, les experts soulignent que la réussite de cette ambition exigera une détermination politique sans faille face aux défis persistants.
Selon le professeur Vu Minh Khuong, de l'École de politiques publiques Lee Kuan Yew à Singapour, cette résolution marque un tournant historique en établissant un cadre politique unifié et une vision novatrice en matière de sciences et de technologies, d'innovation et de transformation numérique, positionnant ce secteur comme le moteur de croissance prioritaire du pays.
Le texte préconise un changement de paradigme vers le renforcement des capacités endogènes, l'autonomie technologique et la connaissance, tout en érigeant les données et l'intelligence artificielle (IA) comme les infrastructures stratégiques nationales. Le texte crée un mécanisme fort pour mobiliser les ressources sociales, privées et l'écosystème innovant ; intègre la transformation numérique de l'État à la modernisation de la gouvernance nationale ; et développe les ressources humaines d'élite et les infrastructures de recherche conforme aux normes internationales.
Pour le professeur Vu Minh Khuong, le Vietnam doit impérativement passer d'une approche de l'élargissement des secteurs à une stratégie de concentration ciblée, de coordination étroite des secteurs et d'édification des compétences fondamentales et d'évaluation rigoureuse de l'impact.
Pour sa part, le professeur associé et docteur Duong Minh Hai, de l'Université nationale de Singapour, compare la Résolution 57 à une "clé" capable de débloquer les goulots d'étranglement qui entravent depuis longtemps la recherche scientifique au Vietnam.
Il salue notamment l'évolution des pensées qui permet désormais d'accepter le risque inhérent à l'innovation, brisant ainsi le dogme de la réussite obligatoire qui freinait jusqu'alors les projets audacieux. Cette ouverture se concrétise par la mise en place de "bacs à sable" réglementaires (sandboxes), permettant l'expérimentation contrôlée de technologies de pointe telles que la blockchain, la Fintech et l'IA. En 2025, le pays opère également un changement stratégique vers des investissements en profondeur dans des domaines de pointe comme les semi-conducteurs, l'IA, la transformation numérique et la technologie verte, dont les applications commencent déjà à transformer le quotidien des citoyens.
Malgré cet optimisme, des défis majeurs subsistent et appellent à une vigilance particulière, notamment le risque d'inertie administrative entre la promulgation des directives et leur application effective par des arrêtés détaillés. Le manque criant de main-d'œuvre hautement qualifiée, l'absence de "maîtres d'œuvre" capables de piloter de grands projets et le phénomène de fuite des cerveaux représentent des obstacles de taille. De plus, le lien entre les instituts de recherche, les universités et les entreprises demeure fragile en raison d'un décalage d'objectifs entre la perfection académique et les impératifs commerciaux immédiats, etc.
En conclusion, la transformation du Vietnam en une puissance technologique régionale et en un maillon indispensable de la chaîne de valeur mondiale repose sur une « double révolution » : une réforme institutionnelle profonde pour passer d'une gestion administrative à une coordination et à une orientation des objectifs créatifs, et une diplomatie technologique proactive. Le Vietnam entend faire de la science et de l'innovation le socle d'un avenir prospère, stable et durable pour l'ensemble de la région. -VNA