Dà Nang (VNA) – Plus de 1.330 doucs à pattes rousses vivent actuellement dans la Réserve de Son Trà à Dà Nang (Centre), soit bien plus que les précédentes estimations. Des mesures ont été avancées pour les protéger.
L’Union des associations technoscientifiques de la ville de Dà Nang, en coopération avec le Centre de préservation de la biodiversité Nuoc Viêt Xanh (GreenViet), vient de rendre publics les résultats d’une étude sur la population de doucs à pattes rousses (Pygatrix nemaeus) de la Réserve nationale de Son Trà, une zone boisée de 4.300 ha située à 10 km du centre-ville.
Le douc à pattes rousses se trouve dans le Centre du Vietnam, le Nord du Cambodge et le Centre-Est du Laos. Son aire de répartition est donc très limitée. Ses nombreuses couleurs (un de ses noms en vietnamien est "vooc ngu sac", ce qui signifie "singe aux cinq couleurs") font du douc à pattes rousses l’un des plus beaux primates du monde. Cette espèce est classée dans le Livre Rouge du Vietnam.
Selon les biologistes de GreenViet, des sorties quotidiennes ont été réalisées dans la Réserve nationale de Son Trà pour comptabiliser les singes. Bùi Van Tuân, chef du Bureau de recherche de Green Viet, a informé que 1.335 individus répartis en 237 groupes ont été comptabilisés. Des effectifs largement supérieurs aux dernières données de 2013, qui tablaient sur 300-350 individus.
"Nous avons encore une fois confirmé que la Réserve naturelle de Son Trà abrite la plus grande population de doucs à pattes rousses du pays", a affirmé Bùi Van Tuân." Ce site s’affirme comme le bastion de cette espèce".
Grand défi de préservation
L’étude de GreenViet a montré aussi que les doucs à pattes rousses devaient faire face à de nombreuses menaces. Ces dernières années, les activités anthropiques ont gravement perturbé cette espèce. Les projets de développement éco-touristiques, la construction d’infrastructures de communication, le braconnage, le risque de transmission de maladies de l’homme aux animaux… sont autant de menaces réelles ou potentielles.
Le groupe de chercheurs de GreenViet a proposé des solutions dont le renforcement de la surveillance des activités touristiques aux entrées de la péninsule de Son Trà, l’arrêt des projets de construction dans la partie Nord de la péninsule - qui concentre l’essentiel des effectifs des doucs -, la lutte contre le braconnage et la coupe illégale de bois, ou encore l’installation de panneaux et pictogrammes d’alerte le long des tronçons de routes où les primates sont souvent présents. À long terme, il faudra réaliser des programmes de suivi des populations, étudier la diversité génétique pour évaluer la viabilité de cette population isolée.
D’après Trân Huu Vy, directeur de GreenViet, le douc à pattes rousses est une espèce classée en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Il a aussi informé que GreenViet travaillait depuis 10 ans sur la protection des doucs et, plus généralement, sur la biodiversité de la réserve. Selon lui, le développement de projets hôteliers et de villégiatures aurait des effets très néfastes sur ce site et sa faune exceptionnelle.
Suspension du plan touristique de Son Trà
Récemment, le vice-Premier ministre Vu Duc Dam a demandé de suspendre, pendant trois mois, la mise en œuvre du plan d’aménagement du "Site national touristique de Son Trà". Cet aménagement a été élaboré en mai 2013 par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, en coopération avec la ville de Dà Nang. Il a été approuvé en novembre 2016 par le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc et rendu public en février 2017.
Après la publication de cet aménagement, l’Association du tourisme de Dà Nang a prévenu que la construction de nouveaux hôtels et villégiatures dans la péninsule pourraient avoir des impacts négatifs sur la biodiversité de cette péninsule.
C’est pour cette raison que le vice-Premier ministre Vu Duc Dam a demandé au ministère de la Culture, des Sports et Tourisme d’organiser des colloques et des séances de travail avec les ministères, branches, experts et scientifiques concernés pour trouver les meilleures solutions.
La Réserve naturelle de Son Trà, qui culmine à 600 m d’altitude, est connue pour sa riche biodiversité. Ces dernières années, l’explosion des projets de développement, notamment de villégiatures, a fait peser une lourde menace sur la pérennité de l’habitat des doucs à pattes rousses.
De nombreux organismes, organisations et habitants locaux ont demandé de revoir le plan d’aménagement global de la péninsule de Son Trà pour s’orienter vers une protection des écosystèmes et de ses habitants. – CVN/VNA