Hanoi (VNA) - À l’occasion de la journée mondiale de l’environnement, un débat sur la qualité de l’air à Hanoï s’est tenu le 5 juin à l’Espace, Institut français du Vietnam, par l’Université des sciences et technologies de Hanoï, en coopération avec l’ambassade du Canada au Vietnam. L’origine de la dégradation de la qualité de l’air dans la capitale ainsi que diverses propositions ont été abordés durant ce débat très instructif.
L’ambassadrice du Canada au Vietnam, Ping Kitnikone, a adressé ses remerciements à tous les participants qui s’intéressent à la pollution de l’air à Hanoï, un «problème compliqué qui touche toutes les sociétés», selon elle.
L’ambassadrice a confié que l’environnement constitue une des grandes préoccupations du Canada. Cette année, la journée mondiale de l’environnement a été célébrée à Hanoï et au Canada. Cette célébration est particulière importante pour son pays «puisque c’est aussi le 150e anniversaire de la Confédération». Le thème de la célébration 2017 est de «Rapprocher les gens de la nature».
«Le Canada a investi 2 milliards de dollars canadiens pour lutter contre le changement climatique dans les pays d’Asie-Pacifique», a informé Mme Kitnikone. L’ambassadrice a espéré que le débat apporterait une nouvelle vision au public de la qualité de l’air et recevrait ainsi les propositions d’experts sur les solutions envisageables.
Alerte rouge pour la capitale
Dans sa présentation, Nguyên Thi Thanh, directrice de GreenID (une ONG vietnamienne spécialisée dans les études sur l’environnement) a souligné la dégradation de la qualité de l’air à Hanoï, sur la base de données d’un dispositif d’observation installé sur le toit de l’ambassade des États-Unis à Hanoï.
Concrètement, en 2016, l’indice de la qualité de l’air (IQA) à Hanoï a été de 121 en moyenne, c’est-à-dire globalement mauvais. L’année dernière, la capitale a compté 282 jours où l’IQA a dépassé le seuil d’alerte selon les critères de l’OMS (IQA de 50). Cependant, si l’on se référence aux critères nationaux (IQA de 150), seuls 123 jours ont été au-dessus du seuil.
Mme Thanh a estimé que les véhicules et l’activité industrielle sont les sources principales de la pollution atmosphérique. Par ailleurs, les vents d’Est amènent des zones industrielles, en particulier des centrales à charbon, de l’air vicié vers la capitale. «La pollution de l’air a de graves conséquences sur la santé. Les particules fines pénètrent profondément dans les poumons, ce qui génère des maladies respiratoires. Les femmes, les personnes âgés et surtout les enfants sont les plus touchés», a-t-elle ajouté.
Des propositions pour une meilleure qualité de l’air
La directrice n’a pas caché sa vive inquiétude à propos de l’aggravation de la pollution atmosphérique à Hanoï. Elle a prévenu que si rien n’est fait, les Hanoïens se dirigent tout droit vers un avenir sombre, à l’image de la capitale chinoise. Mme Thanh a également proposé des mesures à court et long termes, en mettant l’accent sur «la meilleure gestion des sources de rejets» ainsi que «l’impulsion des énergies renouvelables».
Nghiêm Trung Dung, directeur de l’Institut des sciences et technologies environnementale, de l’École polytechnique de Hanoï, a partagé les résultats d’études menées par son équipe. Selon lui, une focalisation sur les principaux polluants atmosphériques et les sources d’émission permettrait de repérer les axes d’action. «Équilibrer les coûts et les bénéfices des activités, harmoniser les aspects politiques et techniques constitueront des démarches importantes pour une bonne gestion de la qualité de l’air», a-t-il affirmé. Il a aussi jugé nécessaire de propager les connaissances relatives à la qualité de l’air dans le but de renforcer au sein de la communauté «l’esprit de protection de l’environnement». Enfin, il a plaidé pour un cadre juridique plus strict avec des sanctions économiques, applicables à tous les acteurs impliqués.
Le Docteur Nguyên Trinh Hoàng Anh, professeur de l’USTH, s’est quant à lui concentré sur les solutions scientifiques et technologiques. Il a par exemple proposé des mesures pour remplacer le brûlage des chaumes après les moissons, par exemple l’ensilage ou l’exportation des meules. Ensuite, le professeur a présenté des véhicules électriques ou à énergie propre, «une alternative crédible et innovante», selon lui. Enfin, les technologies de filtration de l’air émis par les usines ont aussi été évaluées. -CVN/VNA