Mai Dinh Phuongest caféiculteur à An Phu, un village rattaché au district de Cu Mgar. C’est saprincipale activité agricole, mais pas la seule car il a désormais une deuxièmecorde à son arc : la fruiticulture. Il faut dire qu’au bout de trente ansd’exploitation, ses caféiers commençaient à perdre en rentabilité. Aussi a-t-ildécidé de planter des arbres fruitiers pour diversifier sa production : unchoix qui s’est révélé judicieux…
« Il faut savoirqu’avec un hectare de caféiers, on ne peut produire que de 2,5 à 3 tonnes decafé par an, et qu’en plus, les prix ne cessent de baisser », nousexplique-t-il. « C’est pour ça que je me suis mis à planter des durianiers, despoivriers et des avocatiers. Et pour l’instant, je m’en sors plutôt pas mal… »
Duong Van Thaoest lui aussi caféiculteur, mais à Ê Cham, un village situé dans le district deKrông Ana. Tout comme Mai Dinh Phuong, il a choisi de miser sur la polyculture.Bien lui en a pris car son exploitation de 4 hectares lui rapporte de 300 à 400millions de dôngs (de 12 à 16 000 euros) chaque année.
« On assiste àune véritable chute des cours du café sur les Hauts plateaux du Centre, cesderniers temps... Je me demande bien comment je pourrais m’en sortir si je nepratiquais pas la polyculture. Ça me permet non seulement de compenser lespertes occasionnées par le café, mais aussi de renforcer mon exploitation »,nous dit-il.

Mai Dinh Phuonget Duong Van Thao ne sont pas des cas isolés, loin s’en faut. Ces 5 dernièresannées, l’association caféiers-arbres fruitiers est devenue la norme, dans laprovince de Dak Lak. Les caféiers profitent de l’ombrage généré par les arbresfruitiers - des durianiers, des avocatiers, des arbres de macadamia, mais aussides poivriers et des sennas siameas - qui font office de parasol autant que deparavent. En période de changement climatique, cette protection naturelle esttout à fait appréciable, ce qui n’a pas échappé à Pham Công Tri, de l’Institutdes Sciences et des Techniques agro-sylvicoles des Hauts plateaux du Centre.
« On est en trainde créer un système de production agricole qui est finalement assez proche dece qui se fait en sylviculture », observe-t-il. « Vu l’efficacité du modèle, ilfaudrait maintenant passer à la vitesse supérieure et établir des zones depolyculture durable, avec à la clé, des produits bio ».
Petit à petit, leconcept de polyculture s’impose comme une réponse particulièrement pertinenteaux aléas du changement climatique. Il nous montre en outre que, pour peu qu’onlui fasse confiance, la nature fait très bien les choses… -VOV/VNA