«Pilote,vraiment? Et pourtant vous êtes une femme! Le travail doit être pénible,non ?...» Pilote depuis plus de cinq ans, coach au pilotage de l’avionATR72 et future commandante de bord, Nguyên Ly Huong se voit constammentposer des questions mêlant curiosité et admiration sur son métier.
Les déesses du ciel
En2009, l’arrivée d’une femme pilote vietnamienne marquait une premièredans l’histoire de l’aviation du pays. Quand Ly Huong et sa camaradeNguyên Thi Thanh Thuy, actuellement copilote de l’avion A321, ont enfilépour la première fois leur tenue de pilote, tout l’équipage a étéémerveillé. Une admiration qui demeure intacte, bien que leur présencesoit devenue familière.
La belle Viêt kiêu Huynh Ly DôngPhuong, née et ayant grandi en Belgique, est éblouissante avec sa taillemannequin et son visage aux traits gracieux. Les techniciens avec quielle procède à la vérification de l’aéronef avant chaque décollagedemandent souvent d’être pris en photo avec elle. Lors d’un vol entreSingapour et Hô Chi Minh-Ville, elle a tellement impressionné unpassager étranger que ce dernier est venu lui exprimer en personne sagratitude.
«C’est un immense honneur pour nous de servirl’aviation nationale. Nous sommes fières de notre mission», partage DôngPhuong. Conscientes de l’affection particulière qui leur est accordée,elles ne dissimulent pas leur charme, tout en restant décentes etprofessionnelles.
Le métier de pilote était une voie àlaquelle ces jeunes femmes n’étaient pas préparées. En 2008, Nguyên KimChâu, née en 1989, a appris par hasard que la formation pilote de VNAétait accessible aux femmes. Délaissant son projet d’études auxÉtats-Unis, elle s’est orientée vers une voie moins conventionnelle.
À21 ans, la belle, du haut de ses 1m65, est devenue la plus jeune pilotede VNA. Pilotant un A330 depuis septembre dernier, elle compte plus de1.500 heures de vol au total.
Une carrière exigeante
Demême pour Nguyên Ly Huong, diplômée de l’Université des transports etdes communications de Hanoi. En 2005, venant juste de trouver un emploicorrespondant à ses études, sa candidature a été retenue par VNA.Aujourd’hui pilote chez Cambodia Angkor Air (entreprise mixte entre legouvernement cambodgien et VNA), elle a à son actif plus de 2.000 heuresde vol.
En cette même année, Trân Trang Nhung, née en1989, a participé au concours d’entrée à l’Université polytechnique deHanoi tout en envoyant son dossier de candidature à VNA. D’une pierre,deux coups puisqu’elle a été reçue simultanément à la Faculté dessciences et sechnologies et à la formation de pilote. Elle a opté pourla dernière, décidée à suivre sa passion du ciel.
De soncôté, Dông Phuong nourrit son amour de l’aviation depuis ses 17 ans.Mais elle avait renoncé à sa passion pour accomplir la dernière volontéde son père : devenir une femme d’affaires. Le rêve des voyagesau-dessus des nuages hantait depuis ses nuits. Un peu plus tard,consciente de cela, sa mère l’a finalement encouragée à poursuivre sonrêve.
Souvent, le principal obstacle est de convaincre lesparents, inquiets de laisser leur fille exercer un métier pénible et ôcombien risqué. Malgré tout, elles sont déterminées à conquérir le ciel,qui apparaît comme leur destinée.
Elles sont belles etopiniâtres, certes, mais aussi brillantes. En effet, pour être admis àla formation initiale à VNA, les candidats doivent réussir un tripréliminaire très rigoureux portant sur la capacité de résistancephysique et psychologique, la connaissance de l’anglais et des matièresscientifiques et des tests pointus de pensée logique, entre autres.Après une année de mise à niveau au Vietnam, pour obtenir la licencepilote, il faut passer par une formation avancée à l’étranger (en Franceou en Australie) de 18 mois. Cette opportunité n’est offerte qu’auxmeilleurs étudiants de la filière, sélectionnés par les expertsétrangers.
Licence en poche, les débutants commencentcopilote sur les court et moyen-courriers, puis sur de long-courriers,ainsi de suite. Un contrôle est effectué tous les six mois, et lalicence peut être retirée à tout moment si le pilote ne maintient pas laperformance. À quoi s’ajoutent le décalage horaire, le contactpermanent avec les ondes électromagnétiques… Autant de difficultés quimettent au défi les femmes pilotes de VNA.
Chaque mois,elles passent environ 90 heures à bord. Un tel volume d’heures de volnécessite de longues préparations. «Ce métier consume énormément detemps. Par exemple, un vol de 4 heures nous prend de 11 à 12 heures detravail au total», explique Ly Huong, sans compter les incidentstechniques et météorologiques imprévus. Mais le plus grand souci desfemmes pilotes est d’assumer leur sacerdoce de mère et d’épouse. PourNguyên Thi Thanh Thuy et Nguyên Ly Huong, le destin a tant souri dansleur vie personnelle que professionnelle : leurs maris sont aussipilotes. Que demander de plus ?
Huit pilotes vietnamiennes
Parmiles centaines de pilotes de VNA, seuls 63 sont Vietnamiens dont huitfemmes. Celle qui a accumulé le plus d’heures de vol est Nguyên LyHuong, avec 2.506 heures au compteur en cinq ans. En général, les femmestravaillent comme copilotes (appelés aussi pilotes de ligne). Ellesassistent le commandant de bord ou prennent en charge le pilotage sousl’instruction de ce dernier. Une formation de pilote coûte de 140.000 à150.000 dollars. -VNA