Quel type delogement permet-il de conserver la chaleur en hiver, la fraîcheur en été et deprotéger ses occupants des voleurs et des animaux féroces? Pour les Ngai, laréponse est évidente: une maison en argile aux murs très épais.
Les villagesNgai se trouvent à flanc de collines, dans des vallées et à proximité desources d’eau. Leur maison typique comprend trois travées au milieu et deuxchambres sur les côtés. Les parois sont constitués de briques en terre mélangéeavec de la paille, collées entre elles avec de la boue, comme nous l’indiqueThâm Dich Tho, un Ngai.
“En creusantderrière la maison, nous trouvons la terre nécessaire pour sa construction.Nous façonnons des moules en bois de format 35 x 35 cm ou 35 x 40 cm. Cesmoules servent à modeler de grosses “briques” avec lesquelles nous construisonsla maison, dont la hauteur équivaut à cinq briques, cinq modelages donc, soit 2mètres et demi”, explique-t-il.
Autrefois,la construction d’une maison était l’affaire de tout le village. À chacun satâche… En général, les travaux ne duraient qu’une dizaine de jours. Comme nousl’indique Thâm Dich Tho, après l’érection des mûrs, venait l’installation despiliers, de la charpente et de la toiture.
“Les richescouvraient leurs toits de paille, les moins riches se contentaient de tiges deriz séchés ou de feuilles de cannier. Les toitures en paille pouvaient tenirtrois ou quatre ans, celles en tiges de riz, un an et celles en feuilles decannier, un an et demi, après quoi il fallait en changer”, raconte-t-il.
Les Ngairiches habitent dans des maisons typiques, c'est-à-dire avec trois travées aumilieu et deux chambres sur les côtés. Les moins riches se contentent d’unemaison à trois travées, dont une sert de chambre à coucher, une de salon etl’autre de lieu de culte des ancêtres.
L’architecturetraditionnelle des Ngai est de nature à favoriser l’autodéfense. La maisonprincipale, la cuisine, l’étable et le poulailler forment un cercle hermétique,avec des toits séparés. L’espace central est la cour. La maison elle-même necompte qu’une seule porte d’entrée et de sortie, et deux fenêtres sur les côtéspour voir ce qui se passe dehors.
Modernisationoblige, dans la province de Thai Nguyên, il ne reste plus qu’une seule cuisineNgai construite à l’ancienne, avec des parois en terre compacte. Mais son toita changé. La cuisine en question appartient à un certain Trân Thành Quang, quihabite dans le village de Tam Thai. Ce vieux monsieur a également modernisé sonautel des ancêtres. Les seules traces de la tradition encore visibles sont desrésidus de papiers rouges qui y avaient été collés.
Pour leurconfort, la quasi-totalité des Ngai habitent aujourd’hui dans des maisonsordinaires, comme celles que l’on voit partout en plaine. Le seul endroit quipréserve leur architecture traditionnelle est le Village culturel ettouristique des ethnies vietnamiennes, à Dông Mô, en banlieue hanoienne. C’esten tout cas ce qu’affirme Pham Thanh Son, un responsable du village.
“Nous avonseffectué des visites de terrain et des études minutieuses avant dereconstituer, ici au village, un espace culturel Ngai pour préserver lesvaleurs culturelles matérielles et immatérielles de cette ethnie”, nous dit-il.
Qu’on serassure, les Ngai n’ont pas complètement abandonné leur architecturetraditionnelle! En tout cas pas encore. Quel que soit le type d’habitation qu’ilschoisissent, ils tiennent toujours à séparer la maison principale, la cuisineet l’étable.-VOV/VNA