Quang Tri (VNA) - Les Pa Kô du hameau de Ky Ry, dans la province de Quang Tri (Centre), surnomment Elin Josefine Olsson la "Lumière". Ils n'avaient jamais pensé à appeler quelqu'un comme ça, jusqu'au jour où cette Suédoise est apparue.
Les villageois disent que Josefine leur a apporté la foi et un bel avenir en permettant de relancer l’artisanat traditionnel. Les produits en rotin et en bambou des Pa Kô ont en effet été fabriqués selon de nouveaux modèles redessinés par elle dans un style moderne. Puis, ils ont été exportés en Suède et dans quelques pays européens. Un phénomène que ces personnes n’avaient jamais imaginé.
Un destin lié aux Pa Kô
Hô Van Ngai, un septuagénaire de Ky Ry, commune d’A Xinh, district de Huong Hoa, province de Quang Tri, explique que le nom de cette fille est apparu dans son hameau au début de l’année 2015 grâce au Comité de la santé néerlando-vietnamien de Quang Tri. À cette époque-là, l’organisation cherchait une personne ayant de l’expérience dans le secteur du design sur le plan international afin d’aider les Pa Kô de la commune d’A Xinh dans le développement de la vannerie.
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"Les produits fabriqués par les Pa Kô
ont leur propre histoire.
Je m’appuie sur cette origine
pour créer un produit moderne
et adapté", partage Josefine.
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Josefine venait de terminer un cours de conception de produits artisanaux au centre Saint Martins à Londres (Grande-Bretagne) et participait alors au projet "Hand on project", une initiative d’une société étrangère de renommée mondiale spécialisée dans la décoration intérieure à Hanoï. À ce titre, elle a été donc présentée au Comité de la santé néerlando-vietnamien à Quang Tri.
"Quand j’ai commencé, je ne connaissais pas ce lieu et cette population. Maintenant, je ne peux plus me séparer d’eux. Il me semble qu’on peut appeler cela le destin", confie Josefine.
Dans les premiers temps, pour "sonder" les compétences des artisans Pa Kô, Josefine a tenté de créer des modèles modernes. Après avoir vu le résultat, elle a décidé de changer de méthode pour maximiser la valeur ajoutée.
Puis, Josefine a acheté une corbeille en plastique souvent utilisée par les Vietnamiennes quand elles se rendent au marché. Elle a demandé à des artisans Pa Kô de la reproduire en bambou. Ce panier était assez beau mais pas encore vraiment satisfaisant. Parfois, la Scandinave a pensé à jeter l’éponge mais, incapable de quitter les Pa Kô, elle a décidé de continuer.
Josefine a même payé de sa poche les billets des artisans Pa Kô pour aller à Quang Nam. Elle les a invités à se rendre au sein d’établissements de fabrication d’articles en rotin et en bambou dans la ville de Hôi An pour s’en inspirer.
"Nous étions très surpris par cette femme étrangère. D’autant plus qu’elle nous a fait une commande de produits artisanaux, en soulignant que ces derniers seraient présentés aux Suédois", partage Hô Van Ngai.
"Auparavant, les villageois ne fabriquaient que des objets qui contenaient du bois, du riz ou bien des poissons et des crevettes. Aujourd’hui, ils fabriquent aussi des articles en rotin et en bambou pour les exporter. Un rêve devenu réalité pour eux", estime Am Nho, un vieil habitant à Ky Ry.
Culture et tradition du produit
Elin Josefine Olsson a 34 ans. Elle a parcouru beaucoup de pays dans le monde entier. Mais au Vietnam, particulièrement dans les zones où vivent les minorités ethniques de Quang Tri, elle éprouve des sentiments uniques.
Selon un représentant du Comité de la santé néerlando-vietnamien de Quang Tri, au moins 500 produits artisanaux des Pa Kô ont été exportés à l’étranger. Le message qu’elle a lancé était clair: ce qu’elle voulait mettre en avant, c’était la valeur culturelle du produit.
"Les produits fabriqués par les Pa Kô ont leur propre histoire. Je m’appuie sur cette origine pour créer un produit moderne et adapté", déclare Josefine.
Heureusement pour elle, les produits des Pa Ko importés en Europe ont été bien accueillis après avoir été présentés au salon Fomex de Stockholm, en Suède. Même Josefine a été surprise par l’accueil des participants, devant même commander d’autres objets pour éviter une rupture de stock. Les locaux étaient très heureux de voir Josefine revenir à A Xing avec de nouvelles demandes.
Hô Van Ngai était également très intéressé par le projet de Josefine. Par conséquent, même si elle n’était pas souvent présente dans le village pour superviser le travail des vanniers, le vieil homme et les tisserands faisaient de leur mieux.
"Le tissage au sein du village est assez développé. Les gens tissent pour la vie quotidienne et pour vendre les surplus aux régions voisines. Mais depuis quelques années, les villageois ne s’intéressent plus à ce métier. Si Josefine ne s’en occupe pas, cette tradition sera perdue", souligne Hô Van Ngai.
Quant à Josefine, elle n’a jamais caché son rêve de créer un village artisanal traditionnel dans cette forêt nichée sur la montagne. Souhaitons-lui bonne chance.-CVN/VNA