Hanoï (VNA) - Dans une vie de plus en plus numérisée, avecentre autre les réseaux sociaux, on s’ouvre sur un monde de liberté quipeut également devenir le terrain de jeu de la "grossophobie". Cettedernière, par définition, est l’attitude et le comportement de certainespersonnes qui stigmatisent d’autres personnes en surpoids ou atteintesd’obésité.
Étantmédecin vietnamien et actuellement faisant fonction d’interne deshôpitaux, en France, j’ai l’occasion de rencontrer des patients obèsesvenant des quatre coins du monde. Je constate que la grossophobies’aggrave en particulier chez les jeunes femmes qui en subissent lesconséquences sur le plan sanitaire, moral et social.
La grossophobie en quelques chiffres
Cettestigmatisation n'existe pas uniquement dans les pays développés, elleest répandue partout dans le monde D’après l’INSEE, l’obésité représente17% de la population adulte française et 47 jeunes femmes sur 100 sontvictimes de discrimination.
Halte aux discriminations sur les réseaux sociaux
Lesréseaux sociaux sont partiellement responsables de la perpétuation desclichés grossophobes. Ils diffusent depuis des années un messagerejetant les personnes en surpoids. Dès l’apparition des réseauxsociaux, des messages grossophobes camouflés sous forme de “blagues” onttrès vite circulé. La plupart du temps, cette stigmatisation estminimisée et est même acceptée par la société.
MinhTrang est une jeune femme en surpoids qui travaille comme assistantesociale dans une organisation Vietnamienne. Sur Facebook, elle reçoittoujours des commentaires “blagues”, stigmatisant son apparence physiqueElle est devenue timide, s’est isolée et se dévalorisait au plus hautpoint en se disant “Les photos de moi sont rejetées. Il n’y a pas dereprésentation de personnes en surpoids sur les photos de profil de monorganisation sur les réseaux sociaux”. Pour sortir de sa timidité, elle a encouragé avec force les jeunes : “Souriez toujours et profitez de la vie…”
Le message de Minh Trang : “Vousvous inquiétez de votre photo de forte corpulence sur internet, vousavez un complexe d'infériorité ? Ne vous inquiétez pas, votre silhouetteest parfaite. Souriez toujours et profitez de la vie- Confiance en vous!”.
Lagrossophobie impacte également sur la santé psychologique. Julie, 25ans, est atteinte d’obésité génétique. À force de tenter de maigrir,sans succès, elle culpabilise en voyant sur les réseaux sociaux despersonnes qui ont réussi à perdre du poids sans trop de difficulté.Cette culpabilisation chez Julie est due aux commentaires du type : “C’estquand même pas compliqué de manger correctement et de faire un peu desport”, “vous aussi, perdez du poids, faites comme moi en mangeant cetaliment..”. Continuant à déprimer elle n’a pas réussi à trouver untravail. Après 3 ans de traitement antidépressif, elle a trouvé unemploi, et, maintenant donne des conseils aux victimes de grossophobie:“Toujours être motivée peu importe l’avis des gens, faites confiance aux médecins…”
La grossophobie devient “la culture des régimes” et ses victimes
Julie donne des conseils aux femmes souffrant de grossophobie : “Toujoursêtre motivée peu importe l’avis des gens, faites confiance auxmédecins. Et lors d’une recherche d’emplois, soyez souriante, ayezconfiance en vous, car ce travail est pour vous personne ne cherchera detravail à votre place”.
La minceurétant associée à la beauté et au pouvoir de séduction, particulièrementdans la culture asiatique comme celle du Vietnam, de la Chine, de laCorée… Sur les réseaux sociaux, la grossophobie s’est développée autravers de la publicité renvoyant des images de belles femmes trèsminces.
Anna, une jeune fille de 17 ans,n’est ni en surpoids ni atteinte d’obésité. C’est actuellement unepatiente souffrant d’anorexie importante dans un hôpital à Paris. En sedisant “Durant mes cinq années de trouble, j’admirai ma minceur, maplus grande peur était de grossir. Une vraie peur, une angoisse réelleet envahissante”. Afin de “réaliser son rêve”, elle a faiténormément de régimes. Elle était contente de réussir les challengesdangereux qui prônent la minceur extrême sur Tiktok. La grossophobie aupremier degré, et, après avoir perdu 27 kg en 5 ans, Anna souffre àprésent d’une dénutrition sévère, et se trouve dans l’impossibilité desortir ou de faire les gestes au quotidien.
“Phobie des gros” : pour quoi ce débat est-il important
Letaux de surpoids augmente de façon importante, avec une prévalence de13% en 2020 dans le monde. En 2045, près d’un quart de l’humanitépourrait être concerné.
L’obésité est une maladie chronique et non un choix. Les personnes en surpoids sont victimes de stéréotype.
Desjeunes du monde entier font entendre leur voix pour lutter contre lagrossophobie sur les réseaux sociaux. Il est temps de réfléchir à unchangement profond pour développer des soutiens sociaux adaptés pour lesjeunes femmes afin de combattre ce phénomène préoccupant.
Stop la grossophobie, les blagues sont finies ! - CVN/VNA