Hanoï (VNA) - Étant un processus qui facilite le développement de l’industrie de la fintech ou technologie financière d’une manière encadrée, la Sandbox réglementaire sera lancée, créant un cadre juridique qui permettra de mieux gérer et contrôler les activités des entreprises du secteur.
L’expression "fintech" vient de la combinaison des deux termes "finance" et "technologie". Il s’agit d’un secteur d’activité qui déploie la technologie pour améliorer les activités financières. Les fintech sont généralement des startups qui maîtrisent bien les technologies de l’information et de la communication pour repenser les services financiers et bancaires.
Suite à la crise économique de 2008, de nombreux banquiers et traders ont quitté de grands centres financiers de la planète et se sont lancés dans des aventures entrepreneuriales pour reconsidérer le modèle de finance grâce à l’innovation technologique.
Apparue tardivement, développée rapidement
Le rapport 2020 sur la fintech du Vietnam, mené par la plate-forme Fintechnews de Singapour, a indiqué qu’en 2019, le pays était la deuxième destination d’investissement la plus attractive au sein de l’ASEAN, ayant attiré 36% du total des capitaux placés dans la région.
Le nombre d’entreprises de fintech a rapidement augmenté, passant de 40 en 2017 à 154 en 2020, soit une hausse de 180%. Le segment du paiement électronique est celui connaissant la plus forte croissance avec les géants tels que VNPay (Société par actions de solutions de paiement) ou les portefeuilles électroniques MoMo, MoCa, AirPay…
Ce rapport a également souligné que la fintech vietnamienne était encore récente par rapport à celle d’autres pays de l’ASEAN. En effet, en 2019, Singapour comptait 1.157 compagnies, l’Indonésie, 511, et la Malaisie, 376, alors que le Vietnam n’en disposait que d’environ 150.
D’ailleurs, au Vietnam, les solutions de fintech ne se sont répandues qu’au niveau des grandes villes, tandis que dans les régions rurales et montagneuses, la banque numérique ou les paiements électroniques sont presque inexistants, les populations locales préférant encore les moyens de paiement traditionnel. En dépit de cela, la fintech nationale a encaissé en 2020 une recette importante de 8 milliards d’USD, soit deux fois plus qu’en 2017. En particulier, l’année 2020 a témoigné d’investissements record dans ce domaine. À titre d’exemple, VNPay a reçu 300 millions d’USD de la part des Fonds d’investissement internationaux SoftBank’s Vision Fund et GIC.
Selon le bilan de la Banque d’État du Vietnam (SBV), en octobre dernier, 918,8 millions de transactions financières via la téléphonie mobile ont été recensées, soit une augmentation de près de 124% en volume et de 125,4% en valeur par rapport à 2019. Les banques ont enregistré 119 millions de transactions électroniques, en hausse de 7,3% en glissement annuel. Ce progrès s’explique notamment par une population qui vient de dépasser le cap des 97 millions d’habitants et par une croissance démographique à un rythme supérieur à 1,5% par an.
Le Vietnam est donc l’un des pays les plus peuplés du monde, possédant 51 millions d’utilisateurs de téléphone mobile dont plus de la moitié équipés de smartphones, et 50 millions d’internautes… Il s’agit de conditions idéales pour stimuler le développement de la fintech.
Sandbox, nouvelle solution de gestion de la fintech
Duong Dung Triêu, président du Conseil des membres de la SARL du système d’information de FPT (FPT IS), informe que la difficulté pour la fintech vietnamienne ne réside pas dans la technologie car "la technologie du pays n’est pas inférieure à celle d’autres pays dans le monde, mais les entreprises ont besoin d’un cadre juridique clair pour mettre en œuvre efficacement leurs activités".
"Autoriser l’eKYC (identification en ligne des clients, ndlr) constitue une des conditions primordiales pour que les banques et entreprises fournissent un service numérique à leur clientèle. Mais les règlements actuels exigent que les clients viennent en personne à la banque pour vérifier in visu leur identité et leur intégrité (KYC, ndlr) avant d’ouvrir leur compte bancaire. Cela est une réelle problématique pour les banques qui souhaitent élargir leur activité et majorer le nombre de clients", explique un responsable d’une banque.
Heureusement, le point de vue de la SBV se montre assez ouvert sur la question. En 2017, la SBV a établi un Comité de pilotage de la fintech. En 2019, elle était le premier organisme qui a soumis au gouvernement un mécanisme de gestion de la fintech dans le domaine bancaire, via la Sandbox réglementaire. "En mettant en pratique la Sandbox réglementaire, nous donnons des critères et règlements concrets aux entreprises afin de mieux contrôler les risques pour les utilisateurs", déclare Nghiêm Thanh Son, représentant de la SBV.
À côté de la Sandbox, la SBV soutient aussi les établissements de technologies financières à résoudre leurs difficultés.
Selon des experts étrangers, l’application de la Sandbox réglementaire doit aller de pair avec l’ajustement des politiques de gestion des technologies financières pour assurer l’intérêt des clients ainsi qu’éviter le blanchissement d’argent ou l’évasion fiscale… Cela favorisera l’épanouissement du secteur de la fintech, contribuant donc à booster l’économie numérique du pays.
Sandbox réglementaire
La Sandbox réglementaire est "un environnement de test qui permet de surveiller l’expérimentation à petite échelle et avec des clients volontaires de solutions innovantes proposées par des fintechs". Il s’agit d’une souplesse octroyée par le régulateur visant à dispenser ponctuellement les intervenants de certaines obligations, sans utiliser toutefois la Sandbox réglementaire pour contourner les dispositions réglementaires ou légales. La Sanbox réglementaire est soumise à des conditions d’accès objectives et des règles de fonctionnement transparentes, neutres et rigoureuses. -CVN/VNA