Face aux effets de plus en plus manifestes du changement climatique sur les systèmes de production vivrière, il faut s'efforcer d'exploiter le potentiel de l'agriculture pour atténuer le réchauffement de la planète, recommande un nouveau document d'orientation de la FAO publié la semaine dernière.
L'agriculture est directement responsable de plus de 10% de toutes les émissions de gaz à effet de serre (GES) dues à l'homme, selon les données de la FAO. Mais de meilleures pratiques agricoles offrent la possibilité de réduire ces émissions et de piéger le carbone de l'atmosphère tout en renforçant la résilience des systèmes de production, lit-on dans le rapport "National integrated mitigation planning in agriculture" publié par le Programme sur l'atténuation du changement climatique dans l'agriculture (MICCA) de la FAO.
Dans le même temps, la FAO met en garde: les progrès réalisés dans les plans d'atténuation des émissions de GES agricoles – ainsi que dans l'allocation de financements aux projets visant à affronter les effets du changement climatique dans le secteur agricole – ne sont pas à la hauteur des exigences.
Le nouveau document d'orientation a pour vocation d'affronter ces lacunes en offrant des conseils pas-à-pas et des exemples de plans nationaux d'atténuation des GES dans les systèmes de production vivrière, tout en soulignant les opportunités existant pour les pays en développement d'obtenir des mécanismes de financement climatique pour l'agriculture.
Des exemples de processus de planification en vigueur dans les pays en développement illustrent les différentes possibilités d'aborder les principaux éléments en fonction du contexte local et des approches participatives faisant intervenir les petits agriculteurs dans le processus.
Mesures clés et principes directeurs
Si les opportunités et les processus de planification varient d'un pays à l'autre en fonction des circonstances locales, un certain nombre de principes généraux restent toutefois valables, soutient la FAO.
Tout d'abord, les mesures d'atténuation dans l'agriculture devraient être insérées dans le cadre du développement agricole et de la sécurité alimentaire, en clarifiant dès le début de quelle manière celles-ci sont susceptibles de contribuer aux objectifs de développement national.
La planification participative et la coopération intersectorielle seront essentielles pour la réussite des plans d'atténuation, indique le rapport. Les agriculteurs et autres parties prenantes doivent être impliqués dans l'établissement des objectifs, des actions et des cibles, à la fois pour générer un soutien et améliorer l'efficacité des politiques.
Afin d'accéder aux financements internationaux et nationaux, les plans doivent être très spécifiques quant à l'évaluation du potentiel d'atténuation des politiques et mesures proposées. Pour obtenir le financement de projets, il faut aussi des systèmes fiables de mesure des impacts des politiques et de notification d'autres indicateurs de performance.
Autre étape clé: recenser les obstacles à l'adoption par les agriculteurs des pratiques d'atténuation. De nombreuses pratiques agricoles susceptibles d'atténuer le changement climatique sont déjà bien connues. Il faut des politiques efficaces pour comprendre pourquoi les cultivateurs ne les adoptent pas, pour éliminer les barrières et faciliter l'application des techniques à plus vaste échelle.
Le document de la FAO souligne qu'il est tout aussi crucial de déterminer comment les politiques et mesures d'atténuation seront financées.
Certains pays soutiennent les activités d'atténuation dans l'agriculture essentiellement par le biais de lignes budgétaires fiscales et de politiques facilitant l'investissement privé, indique le rapport. Pour de nombreux pays, toutefois, le but essentiel de la planification de l'atténuation est d'attirer un soutien financier international afin d'aligner les plans sur les priorités des institutions nationales de financement. – VNA