Hanoï (VNA) - Importée de Chine audébut de l’ère chrétienne, la calligraphie ou l’art de la belle écriturea été très bien intégrée par les lettrés vietnamiens, au point dedevenir une tradition unanimement reconnue comme faisant partie dupatrimoine culturel national. Les calligraphes vietnamiens en ont faitun art empreint d’identité nationale.
Papier, tissu, bois, bambou, pierre,bronze, nacre, porcelaine… Tous les supports sont bons pour lescalligraphes vietnamiens lorsqu’il s’agit d’exprimer leur talent et leurpensée philosophique. Selon Nguyên Quang Thang, qui est un calligrapheet chercheur à l’Institut des idéogrammes chinois et sino-vietnamiens(Nôm), il existe trois types de calligraphies au Vietnam.
«Le premier type de calligraphie, leplus connu, est un mélange entre la calligraphie classique chinoise etla calligraphie populaire, cet art de la belle écriture que les genss’apprennent les uns aux autres et qui est mise essentiellement auservice des couches populaires. Le deuxième type de calligraphie estpratiqué par des personnes disons mieux formées qui peuvent écrire despanneaux transversaux, des sentences parallèles ou qui participent à larestauration des sites historiques et culturels. Le troisième type decalligraphie, le plus récent qui est né grâce à l’intégrationinternationale du pays, est appelé ‘calligraphie de salon’ ou‘calligraphie d’exposition’», explique-t-il.
La première révolution opérée par lescalligraphes vietnamiens aurait été l’utilisation des idéogrammessino-vietnamiens, lesquels étaient en soi une invention des lettrésvietnamiens pour revendiquer une certaine indépendance intellectuellevis-à-vis du géant voisin. Les connaisseurs affirment que par rapport àla calligraphie chinoise, la calligraphie utilisant les idéogrammessino-vietnamiens est beaucoup moins formatée et bien plus libre dans sonexpression. Ses pratiquants aiment à honorer de leur belle écriture descomptines populaires et des proverbes, des citations de grandespersonnalités et des poèmes lyriques.
Ces vingt dernières années auronttémoigné d’un développement particulièrement vigoureux de lacalligraphie vietnamienne qui, en plus des idéogrammes, s’est élargie àl’écriture romanisée. Ces belles écritures apparaissent sur des cartesde vœux que l’on échange au printemps, sur des calendriers, des objetsde décoration, dans des espaces culturels… Les clubs et les classes decalligraphie attirent de plus en plus de jeunes participants.
«La passion pour la calligraphie est uneexcellente source d’inspiration pour les études et les recherchesapprofondies, notamment lorsque celles-ci ont trait aux documentsanciens, administratifs ou non, comme les arbres généalogiques parexemple. Mais la calligraphie est avant tout un art qui au Vietnam adonné lieu à des échanges très fructueux au début des années 2000», rappelle, Pham Van Tuân, un calligraphe chevronné.
Aujourd’hui pour les Vietnamiens, lescalligraphes sont davantage des artistes que de simples lettrés àl’ancienne, «L’image du lettré donnant ses écritures à l’occasion duTêt a évolué. Il n’est plus forcément une personne âgée portant unetunique et un turban», affirme-t-il. «Mais une chose n’a pas changé: lafaçon dont tu écris montre qui tu es. Chaque calligraphie porte lamarque de fabrique de celui qui l’a créé et cette marque est un condenséde tout son savoir et de tout son vécu», fait remarquer Nguyên ThanhTùng, l’un de ces artistes.
«La façon dont tu écris montre qui tues» est un dicton qui reste d’actualité même dans ce monde du toutnumérique. Ainsi au Vietnam l’écriture demeure une discipline clé pourles deux premières années de l’école primaire tandis que la calligraphieest devenue un art à part entière et un plaisir élégant de nombreuxadultes. -VOV/VNA