Hanoi (VNA) - La Bourse est devenue depuis une quinzaine d’années l’une des sources capitales du financement de l’État vietnamien. Les prévisions se montrent optimistes pour la suite, stimulées par l’accroissement des investissements étrangers dans les années à venir.
En 2015, la Bourse vietnamienne a connu une année historique. Elle a mobilisé près de 290.000 milliards de dôngs, soit une hausse de 2% par rapport à 2014. Elle est aujourd’hui un des acteurs et moteurs de l’économie nationale : sa capitalisation a dépassé les 1.325.000 milliards de dôngs, soit environ 60 milliards de dollars, l’équivalent de 34% du Produit intérieur brut national (PIB). Depuis près de 15 ans, elle est arrivée à couvrir 23% des besoins en capital pour les investissements du pays.
Selon Vu Bang, président du Comité d'État de la Bourse (CEB), l’institution financière aurait accompli sa mission de mobiliser les fonds pour stimuler la croissance de l’économie nationale à la fois sur le court et le long terme. Et ce, malgré les crises et les turbulences financières consécutives, par exemple la chute de la Bourse chinoise, la hausse du taux d’intérêt de la FED (la Banque centrale américaine), entraînant une fuite des capitaux des pays émergeants pour près de 540 milliard de dollars ou encore la baisse du prix du baril de pétrole.
Selon le Wall Street Journal (WSJ), l’indice boursier vietnamien a augmenté de 6,2%, soit l’une des meilleures performances en Asie du Sud-Est, une zone très touchée par la décision de la FED.
Le Vietnam à la 4e place des performances
À titre de comparaison, Singapour a perdu près de 14,34%, et les Philippines ont également chuté de 3,85%. Le Vietnam se hisse à la 4e place des performances asiatiques, derrière la Nouvelle-Zélande (+13,6%), la Chine (+9,3%) et le Japon (+9,1%).
«Nous continuons à acheter les actions du Vietnam parce que les indices économiques présentent de belles perspectives et le prix des actions est attractif», fait savoir Thomas Hugger, directeur exécutif de Asia Frontier Capital - un fonds d’investissement dont le siège est à Hong Kong. La Bourse vietnamienne a capté près de 15 milliards de dollars d’investissements indirects étrangers en 2015, attirés par un contexte économique positif et des prix concurrentiels notamment sur le plan immobilier.
Le Dépositaire central du Vietnam a délivré des codes de transactions boursières à 1.037 investisseurs étrangers en 2015, soit une hausse de 23,6% en un an. Une augmentation expliquée par la très forte hausse d’investissements à titre individuel (+42,7%), mais contenue par un intérêt moindre des institutions étrangères (-7,9%). Au total, près de 18.600 investisseurs étrangers sont titulaires d’un code, dont une extrême majorité de personnes individuelles.
Une décision historique
C’est sans nul doute la mise en vigueur du décret gouvernemental 60/201/ND-CP qui va transformer le visage de l’économie nationale ces prochaines années. Depuis le 1er septembre 2015, le Vietnam a décidé d’assouplir la limitation de la participation d’investisseurs étrangers dans le capital des sociétés cotées en bourses et des sociétés anonymes avec appel public à l'épargne. Dans de nombreux secteurs, excepté les banques, le taux s’assoupli entre 49% et 100%. Un changement qui aidera le pays à créer un espace plus ouvert aux investisseurs étrangers, et qui porte déjà ses fruits.
Ewan Markson-Brown, directeur du Pacific Horizon Investment Trust, un fonds d’investissement londonien, annonce avoir déjà déposé une demande pour acquérir des actions au Vietnam. Une décision motivée selon le directeur par un niveau d’instruction et de compétences des travailleurs relativement élevés, et par la nouvelle politique de libéralisation économique du gouvernement. Selon lui, le Vietnam connaîtra une forte croissance de ses exportations et une implantation massive d’usines chinoises, permettant ainsi au pays de dépasser ses voisins dans la région, dont la Thaïlande et l’Indonésie.
La Bourse du Vietnam est encore aujourd’hui classée dans la catégorie des «marchés frontières», c’est-à-dire sujette à plus de volatilité (donc plus risquée), la rendant dès lors moins connue des investisseurs étrangers, par exemple, des fonds de pension. Le prochain objectif est alors de passer à la catégorie des «marchés émergents» pour gagner en attractivité. Et surtout augmenter sa capitalisation.
Pour la période 2016-2018, il est estimé que la Bourse vietnamienne pourrait gagner entre 2 à 3 milliards de dollars supplémentaires, une fois rentrée dans la catégorie des «marchés émergents». - CVN/VNA