Hanoi (VNA) - Les estampes populaires font partie de la vie des Vietnamiens. Elles servent d’ornements dans les foyers, notamment pour le Nouvel An lunaire. Leurs thèmes sont très variés, reflétant la vie, les us et coutumes, les croyances des habitants, avec des images simples et familières.
Selon les mœurs vietnamiennes, sur un pied d’égalité avec les banh chung (gâteaux de riz gluant farci de viande de porc et de haricots verts poivrés), les branches de pêcher et les sentences parallèles rouges, les estampes populaires sont des éléments indispensables lors du Têt traditionnel. Ce loisir distingué apporte à chaque famille une ambiance joyeuse et chaleureuse à l’arrivée du printemps.
L’imagerie populaire est porteuse de maintes significations, qui se divisent en plusieurs groupes : certaines expriment l’aspiration des habitants à une meilleure vie, d’autres évoquent des scènes de la vie quotidienne, les fêtes traditionnelles ou encore les événements historiques du pays, etc. Chaque estampe véhicule aussi un message, une leçon sur l’art de vivre, les valeurs morales, voire des critiques de la société féodale d’autrefois.
Si, au fil du temps, ce loisir tend à se perdre peu à peu, les estampes sont encore bien en évidence dans de nombreuses familles. Parmi celles pour le Têt traditionnel du Vietnam, les produits de Hàng Trông, de Kim Hoàng et surtout de Dông Hô sont les plus cotés.
Les estampes de Hàng Trông
Les estampes populaires de Hàng Trông ont été reconnues comme l’une des écoles d’imagerie populaire les plus typiques du Vietnam. Mais personne ne sait exactement quand cette école a été fondée. Elle se distingue par ses techniques sophistiquées, ce qui explique sans doute pourquoi peu de gens peuvent encore pratiquer ce métier.
À la différence des estampes de Dông Hô, conçues entièrement par impression de couleurs à l’aide de planches de bois gravées (une couleur par pièce de bois), les images populaires de Hàng Trông, faites sur du papier dó (papier traditionnel épais et résistant d’origine végétale), ne reçoivent que le dessin de base apposé à l’aide des planches xylographiques. Les couleurs sont ajoutées par les artisans, laissant la part belle à l’expression de leur talent et créativité.
Les estampes de Hàng Trông ont connu leur apogée à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. À cette époque-là, elles étaient vendues principalement dans les rues de Hàng Trông, Hàng Non, Hàng Hom et Hàng Quat dans le district de Tho Xuong (aujourd’hui arrondissement de Hoàn Kiêm, Hanoï). À l’approche du Têt, les artisans mettaient les bouchées doubles mais cela ne suffisait pas pour répondre à la demande. Décorant les maisons et les autels des ancêtres, elles se retrouvent encore dans les temples et les monuments de cultes des divinités féminines comme le culte des Déesses-Mères.
Les estampes de Dông Hô
Le village de Dông Hô se situe dans le delta du fleuve Rouge, à 35 kilomètres à l’est de Hanoï. Il confectionne les estampes populaires les plus authentiques et les plus originales du Nord, lesquelles reflètent avec une fidélité troublante des scènes de la vie à la campagne : travail dans les rizières, animaux que l’on élève (buffle, cochon, poulet…), fêtes traditionnels (mariage, fête du village…), etc.
En plus de 500 ans d’histoire, l’imagerie populaire de Dông Hô s’est taillée une place de choix dans l’art traditionnel vietnamien. La préparation des matières premières pour fabriquer les estampes de Dông Hô demande beaucoup d’habileté et de patience de la part de l’artisan car tous les ingrédients nécessaires sont naturels.
Pour fabriquer ces estampes, l’artisan utilise du papier do enduit de nacre (diêp), qu’il colorie grâce aux masses correspondant aux différentes couleurs, appliquées sur autant de planches xylographiques de bois. Ces planches ont été gravées au ciseau dans des essences différentes selon le résultat recherché.
Les couleurs sont d’origine naturelle : sève de sumac, obier ou hibiscus pour le rouge, vert de gris, aiguilles de pin et coquilles d’huîtres écrasées pour le vert, cendres de paille de riz et de feuilles de bambous brûlées pour le noir, pousses de sophora pour le jaune, nacre moulue pour le blanc. Le matériel est tout aussi simple : pinceaux de jeunes aiguilles de pin, rondelles de noix de coco dont on frotte les planches, feuilles de luffa pour essuyer le dos du papier, minces copeaux de bambous qui n’absorbent pas l’humidité et dont on entoure la planche quand la peinture est fraîche.
Si autrefois, les estampes de Dông Hô étaient souvent apposées aux murs, aujourd’hui, on les décore avec du bois et les suspend dans le salon. Pour répondre à la demande des clients, elles sont aussi gravées sur le cuivre, sur le bois ou la pierre. Malgré de petits changements en matière de couleurs, les estampes de Dông Hô possèdent toujours une vitalité tendance, particulièrement quand le Têt traditionnel arrive à grand pas. -CVN/VNA