Hô Chi Minh (19 mai 1890 - 2 septembre 1969), reconnu par l'UNESCO en tant que "Homme de culture éminent du Vietnam", a été le premier président de la République socialiste du Vietnam.

Sa vie entière, il l'a consacrée à la lutte pour l'indépendance nationale, dont 30 ans à l'étranger.

C'était le 5 juin 1911 que le jeune homme âgé de 21 ans s'est embarqué pour l'Europe à bord du navire français l'Amiral Latouche-Tréville, sans probablement savoir qu'il n'allait revoir son pays que 30 ans plus tard.

Durant trois décennies en effet, il a parcouru une trentaine de pays de quatre continents où, pour subsister, il a exercé des dizaines de métiers. Un parcours initiatique décisif dans la maturation personnelle et surtout idéologique du grand dirigeant...

Pour poursuivre clandestinement ses activités révolutionnaires, le jeune vietnamien a dû, à de nombreuses reprises, changer de noms, souvent utilisés durant une période particulière de sa vie. Initiateur de la presse révolutionnaire du Vietnam, il a eu à son actif 2.000 articles signés de différents pseudonymes.

Le Musée de Hô Chi Minh en a recensé 174 - liste non close -, dont quelques-uns, parmi les plus connus, sont présentés ci-dessous.

1- Nguyên Sinh Cung : nom de naissance. Il est né le 19 mai 1890 au village de Hoàng Trù, commune de Chung Cu (actuellement Kim Liên), district de Nam Dàn, province de Nghê An (Centre).

2- Nguyên Sinh Côn : nom utilisé du temps où il était lycéen à l'École nationale de Huê. Un article de Hô Chi Minh écrit en 1954 est signé de ce nom de jeunesse.

3- Nguyên Tât Thành : nom donné en 1901 par son père Nguyên Sinh Sac. Après avoir reçu le titre de docteur lors d'un concours mandarinal, ce dernier a fait un retour glorieux à son village natal de Kim Liên où, selon la coutume locale, il a tenu une cérémonie rituelle pour donner un nouveau nom à ses deux fils : Nguyên Tât Dat pour Nguyên Sinh Khiêm, et Nguyên Tât Thanh pour Nguyên Sinh Cung.

4- Van Ba : nom utilisé lorsqu'il travaillait comme commis de cuisine sur le navire l'Amiral Latouche-Tréville. C'était le 5 juin 1911 qu'il s'est embarqué sur ce navire français, qui marquait la date officielle du début de son périple à la recherche de la voie du salut national, qui l'emmenait dans une trentaine de pays.

À bord de ce navire, il est allé partout dans le monde : aux États-Unis (où il a visité Harlem), en Amérique du Sud, en Afrique, en Australie et a fait halte aussi dans de nombreux ports comme Oran, Dakar, Port-Saïd ou Alexandrie. Il a voyagé ainsi deux ans avant de mettre fin à son périple sur l'Amiral Latouche-Tréville en 1913, lorsqu'il débarqua en France au Havre et se rendit ensuite en Grande-Bretagne, à Londres, où il restait jusqu'en 1917.

5- Nguyên Ai Quôc (qui veut dire "Nguyên le Patriote") : c'est sous ce pseudo qu'il a commencé ses activités révolutionnaires en France. Le nom de Nguyên Ai Quôc est connu à partir du 18 juin 1919, lorsqu'il a exposé à la Conférence de Versailles la revendication en 8 points des patriotes vietnamiens résidant en France, dont la reconnaissance par le gouvernement français des droits de liberté, de démocratie et d'égalité du peuple vietnamien.

Des centaines d'articles publiés sur des journaux étaient signés Nguyên Ai Quôc. Nombreuses sont les oeuvres qui marquent la Révolution vietnamienne, comme "Le procès du colonialisme français" (1925), "La voie révolutionnaire" (1927). Emprisonné à Hongkong en 1931, Nguyên Ai Quôc a été libéré grâce à l'aide d'un avocat anglais.

Il a repris ses activités clandestines et, en 1933, s'est rendu, pour la deuxième fois, en Russie afin de se joindre au mouvement révolutionnaire international. Son retour au Vietnam date du début de l'année 1941.

Il s'est établi pour des raisons de sécurité à la frontière sino-vietnamienne, où il a choisi les noms de Già Thu (le vieux Thu) ou Thu Son. Le nom de Nguyên Ai Quôc réapparaît dans l'appel du 6 juin 1941, dont le titre est "Avis respectueusement adressé aux compatriotes". Stupeur du côté de la Sûreté française en Indochine où on le croyait mort de tuberculose dans les geôles hongkongaises !

6- Bác (Oncle) : ce nom apparaît au 8e Plénum du Comité central du Parti communiste du Vietnam, en mai 1941, à Pac Bo, province de Cao Bang (Nord), à quelques encablures de la frontière chinoise. Il y a participé en tant que représentant du mouvement communiste international, du nom de Nguyên Ai Quôc. "Nous l'avons appelé +camarade+ au début, puis +Oncle+ après. Un nom qui exprime à la fois l'idée d'intimité et d'admiration", confie Hoàng Quôc Viêt, un membre du Parti de la première heure.

7- Hô Chi Minh : au début des années 1940, Nguyên Ai Quôc a été envoyé en Chine pour une mission importante confiée par le Parti : établir une alliance révolutionnaire internationale entre les mouvements communistes des pays d'Asie-Pacifique pour s'entraider dans la double lutte contre les colonialistes et les fascistes. Pour tromper la vigilance de la police, il a pris alors un nouveau nom : Hô Chi Minh (Celui qui apporte la lumière).

Et de partir en Chine, le 13 août 1942, en qualité de représentant du mouvement du Viêt Minh et aussi de l'antenne vietnamienne de l'Union internationale contre les envahisseurs étrangers.

Durant son long parcours pédestre, il a été arrêté le 27 août 1942 dans la province du Guangxi, par une patrouille locale qui l'accusait d'être un espion. Il était emprisonné au Guangxi durant plus d'un an, avant d'être libéré le 10 septembre 1943, grâce à l'intervention d'hommes politiques chinois. C'était durant cette période carcérale qu'il a écrit "Carnet de prison", son célèbre recueil de poèmes en chinois.

Il a signé Hô Chi Minh pour la première fois dans un article du journal "Alliance", publié en Chine en décembre 1943. Également sa "Lettre adressée à la population de tout le pays", écrite en octobre 1944, en préparation du Congrès national des représentants.

8- Hô Chu Tich (Président Hô) : après la victoire de la Révolution d'Août 1945, Hô Chi Minh proclama l'indépendance du pays le 2 septembre 1945, à Hanoi, et est devenu le premier président du Vietnam. À partir de ce jour, tout le monde, dans le pays comme à l'étranger, l'appelle Hô Chu Tich.

9- Bac Hô (Oncle Hô) : après la victoire de la Révolution d'août 1945, il signe Bac Hô (Oncle Hô) les lettres adressées aux organisations de masse (des pionniers, de la jeunesse, des élèves et étudiants, des femmes...). Ce nom est toujours utilisé affectueusement par les Vietnamiens.

10- Trân Thang Loi : un pseudonyme appliqué dans son article intitulé Notre Parti, publié dans le bulletin du Parti, où il a repris tous les jalons historiques de la Révolution vietnamienne dirigée par le Parti, du mouvement ouvrier de 1917 jusqu'à la reconquête du pouvoir en 1945.

À savoir, entre autres, la participation de Nguyên Ai Quôc à la création du Parti communiste français en 1920, la création de l'Union de la jeunesse révolutionnaire du Vietnam en 1925, le ralliement des organisations communistes en Indochine en 1930, le mouvement révolutionnaire Xô Viêt Nghê Tinh et le soulèvement armé pour recouvrir l'indépendance nationale en 1945.

11- Chiên Si (Soldat) : sous ce pseudonyme, utilisé de 1958 à 1968, Hô Chi Minh a écrit plus de 80 articles publiés dans les journaux "Nhân Dân" (Le Peuple) et "Quân Dôi Nhân Dân" (Armée populaire).

Ses articles portent pour la plupart sur l'agression américaine au Sud, les atrocités sur les populations civiles, et aussi les exemples brillants des jeunes communistes dans la lutte contre les agresseurs. -AVI