Grande réforme pour une École souvent critiquée
L’enseignement suscite actuellement beaucoup de questionnements. La
qualité de l’éducation reste inférieure aux attentes parentales en
termes de programme et de compétences du corps professoral. Le programme
scolaire met peu en avant la pratique et l’application concrète des
connaissances théoriques. Les méthodes pédagogiques, de contrôle et
d’évaluation sont arriérées.
Le système éducatif reste
inflexible, les cycles d’enseignement manquent de cohérence entre eux.
La gestion quant à elle présente de nombreuses lacunes, sa qualité n’est
pas satisfaisante. Enfin, les critères d'attribution des enveloppes
budgétaires sont inchangés depuis des années, en dépit des évolutions
socio-économiques territoriales. Certaines disposent de mêmes crédits
alors que leur bassin de population et leurs enjeux éducatifs sont
différents.
Ces multiples faiblesses ont fait l'objet
d'une étude en haut lieu, qui a abouti à l'établissement d'un projet de
"Réforme de fond de l’éducation nationale dans le contexte de
modernisation, d'industrialisation et de mondialisation". Le ministère
de l’Éducation et de la Formation a rendu public ce projet important à
la mi-septembre. Il sera déposé au Comité central du Parti communiste
vietnamien en octobre.
Les objectifs de la réforme
Les faiblesses de l’éducation nationale s'expliquent par différentes
raisons. D'abord, les autorités de différents échelons ne prennent pas
suffisamment la mesure du rôle de l’éducation dans l’économie de marché
"à orientation socialiste". Si en théorie, "l’éducation est l'un des
piliers du développement", la réalité est toute autre.
Les bilans et évaluations arrivent souvent en retard, et restent parfois
à l'état de brouillon. Le rôle des enseignants et des gestionnaires
éducatifs n'est pas valorisé, et leurs avis pourtant professionnels sont
souvent ignorés, notamment dans l'orientation. La course aux résultats
passe avant les conseils des professeurs qui souhaitent diriger leurs
élèves vers une filière professionnelle. Il faut obtenir un diplôme
universitaire, à tout prix.
Le vice-ministre de
l’Éducation et de la Formation, Nguyên Vinh Hiên, souligne que réforme
de fond ne signifie pas tout refaire, mais «consolider et valoriser ce
qui marche», tout en «corrigeant les erreurs et les aberrations». La
réforme doit avoir des objectifs concrets et être adaptée aux évolutions
de la société.
Dans un sens plus large, l’ensemble du
projet constitue un "renouvellement de la gestion", indique le
vice-ministre. "Le secteur éducatif va faire des efforts pour donner aux
écoles davantage d'autonomie. Les établissements pourront prendre des
initiatives et bénéficier d'une certaine liberté. Concernant les travaux
d’évaluation, il faudra par la suite vérifier que les établissements
respectent bien la loi et que la qualité de l’éducation est
satisfaisante".
Les objectifs principaux de cette
réforme à l'horizon 2030 sont les suivants : effectuer une
transformation de fond de l’éducation, résoudre les faiblesses
structurelles du système actuel et qui font l’objet de pressantes
inquiétudes, afin que l’éducation participe pleinement au développement
rapide et durable du pays. Les auteurs du projet veulent que l’éducation
vietnamienne atteigne en 2030 le niveau avancé du Sud-Est asiatique, et
suive la tendance mondiale en termes de programmes et de qualité. La
réforme de l’éducation nationale devra permettre de faire des
Vietnamiens des citoyens autonomes, créatifs, respectant les traditions
familiales, disposant de toutes les connaissances et les compétences de
base, et contribuant activement au progrès national. Il s'agit pour cela
de mettre en place une éducation ouverte, un bon enseignement, un bon
apprentissage et une bonne gestion.
Concrètement, le
projet a fixé des objectifs pour chaque cycle d’enseignement. Parmi
lesquels, se trouve la généralisation de l’éducation maternelle
obligatoire pour les enfants de cinq ans en 2015. Les enfants de moins
de cinq ans pourront aller à l’école maternelle gratuitement.
Aujourd'hui, les frais d'études maternelles varient entre 60.000 et
120.000 dôngs par mois par enfant dans les écoles publiques. Après 2020,
l’éducation de base deviendra obligatoire pour les jeunes entre six et
15 ans. L’enseignement supérieur se concentrera par ailleurs sur la
formation du personnel de haut niveau.
Pour atteindre
ces objectifs, les auteurs du projet ont avancé neuf mesures :
intensifier la direction du Parti et la gestion de l’État vis-à-vis de
la réforme de l’éducation ; refonder le programme éducatif (objectifs,
contenus, méthodes) ; changer radicalement les méthodes d’évaluation
pour assurer plus d'objectivité. D’autres mesures enfin concernent le
mécanisme financier, les infrastructures, la mobilisation de la
contribution de l’ensemble de la société à l’éducation des futures
générations. -VNA