Pékin (VNA) – Le 1er juillet dernier, le Vietnam a franchi une étape majeure dans sa réforme administrative en réduisant le nombre de ses villes et provinces au niveau central, passant de 63 à 34, tout en mettant en place un régime d’administration locale à deux niveaux. Selon des experts chinois, cette réforme audacieuse devrait générer des retombées positives à moyen et long terme pour le pays.
Répondant à une interview accordée à l’Agence vietnamienne d’Information (VNA) à Pékin, le professeur associé Li Junkai, vice-doyen du département d’enseignement multilingue à l’Institut des études sur l’hémisphère Sud de l’Université de Tianjin, a souligné que cette fusion territoriale, accompagnée de la suppression du niveau de district dans l’ensemble du pays, constitue une réforme structurelle ambitieuse. Elle vise à moderniser la gouvernance tout en réduisant les coûts, en s’appuyant sur une révision constitutionnelle.
Cette nouvelle organisation permettra, selon lui, de regrouper les ressources financières, humaines et les compétences d’approbation budgétaire auparavant dispersées au profit de gouvernances provinciales plus puissantes. Par ailleurs, grâce aux plateformes numériques gouvernementales, les services publics autrefois fournis au niveau des districts seront désormais directement accessibles dans les communes et quartiers, avec l’objectif d’une intégration fluide entre services physiques et numériques.
Le professeur Li Junkai compare cette réforme administrative à une opération chirurgicale de grande ampleur, à l’image des récentes réorganisations régionales en France ou des réformes territoriales en Chine consistant à « supprimer les districts pour établir des arrondissements » et à fusionner communes et bourgs. Toutefois, le Vietnam va plus loin en supprimant entièrement le niveau administratif intermédiaire des districts, tout en mettant en place des « bureaux de représentation régionaux », évitant ainsi tout vide de gouvernance. Cette démarche témoigne d’un large consensus et d’une forte volonté politique au plus haut niveau.
En analysant les effets attendus de cette réforme sur le développement futur du pays, M. Li Junkai affirme que les nouvelles entités provinciales, plus grandes et plus autonomes, disposeront de davantage de moyens pour prendre des décisions financières et d’investissement stratégiques. Cela permettra au Vietnam d’allouer davantage de ressources à l’infrastructure, au bien-être sociale et à l’économie numérique, réduisant ainsi le gaspillage bureaucratique.
Sur le plan de l’aménagement industriel, la fusion des provinces du Nord et du Centre favorisera l’harmonisation de la planification des ports, des réseaux ferroviaires et des zones industrielles, renforçant la connectivité avec le Sud-Ouest de la Chine et les pays voisins de la péninsule indochinoise. En matière de services publics, si la plateforme « Une province, un cloud » fonctionne efficacement, les données telles que les cartes d’identité, les dossiers d’assurance maladie ou les titres de propriété pourront être partagées entre provinces, raccourcissant ainsi les procédures administratives pour les citoyens.
Selon Li Junkai, le Vietnam pourrait, à l'instar de la France et de la Chine, tirer pleinement parti des avantages d'échelle et de la vitalité urbaine générés par ce type de réforme territoriale, à condition de maintenir les politiques d'accompagnement nécessaires. À moyen et long terme, les retombées positives s'annoncent prometteuses.
Concernant les perspectives de développement du pays, l'universitaire chinois souligne le dynamisme remarquable démontré ces dernières années par le Vietnam dans les secteurs de la fabrication pour l'exportation, de l'industrie numérique et des énergies renouvelables. Si la simplification administrative engagée est menée à bien, elle contribuera à réduire les coûts de transaction institutionnels, à clarifier les guichets d'investissement provinciaux pour les capitaux nationaux et étrangers, et à créer un environnement plus favorable aux partenariats Sud-Sud dans les domaines des énergies vertes, de l'agriculture intelligente et des ports numériques.
Enfin, Li Junkai recommande au Vietnam de tenir compte des aspirations de sa population, d'équilibrer les opportunités de développement entre les grandes villes et les zones locales, et d'intégrer les identités régionales dans ses stratégies territoriales, à l'image de la France. Il propose également de réduire les disparités entre zones urbaines et rurales grâce à la gouvernance numérique, en s'inspirant de l'exemple chinois.
Ainsi, le Vietnam pourrait non seulement consolider sa trajectoire de croissance rapide, mais aussi offrir un modèle de gouvernance innovant, combinant rationalisation structurelle et transformation numérique, aux pays à revenu faible et intermédiaire. Cela lui permettrait également de jouer un rôle accru dans le développement commune des pays en développement.- VNA

Le leader demande d’assurer le fonctionnement fluide des administrations locales à deux niveaux
Le secrétaire général du Parti, Tô Lâm, a demandé vendredi 4 juillet aux comités provinciaux du Parti de renforcer leur leadership afin que toutes les opérations des administrations provinciales et communales se déroulent de manière fluide et efficace, avec pour objectif principal de mieux servir les citoyens et les entreprises.