Le montantdes produits vietnamiens consommés par les Vietnamiens résidants àl’étranger ( Viêt kiêu ) s’élève depuis ces dernières années à unecentaine de millions de dollars par an, et celui consommés par les Viêtkiêu en voyage au Vietnam, à une dizaine de millions de dollars.
Or, selon Dô Thang Hai, directeur du Département de promotion ducommerce du ministère de l’Industrie et du Commerce, ces données sontencore bien inférieures aux potentiels exploitables. Selon desstatistiques incomplètes, près de 2,7 millions de Vietnamiens viventdans près de 90 pays et territoires, dont 80% dans des pays développés.
Dans son nouvel arrêté de septembre 2012 relatif aurenforcement de la campagne «Le Vietnamien consomme vietnamien», lePremier ministre Nguyên Tân Dung a souligné la nécessité de développerla consommation de produits nationaux au sein de la communauté desVietnamiens résidants à l’étranger. Pour ce, il a recommandé auministère des Affaires étrangères de coopérer avec les servicesconcernés afin d’assister les entreprises domestiques à saisir toutesles opportunités d’exportation, plus particulièrement dans les régionsoù habitent de nombreux Viêt kiêu.
En réalité, les Vietnamiensd’outre mer préfèrent consommer des produits alimentaires etspécialités de leur pays natal comme épices, riz, fruits, légumes,thé... Mais au quotidien, il est souvent difficile de trouver de telsproduits directement importés du Vietnam.
Pourtant, cesproduits sont fréquemment présentés dans les foires et expositionsinternationales comme Worldfood, ou plus spécialisées comme lesexpositions annuelles sur le thé ou le café, a estimé Pham Quôc Toàn,chef du service marketing de la sarl Incentra (Moscou, Russie). EnUkraine où vivent plus de 10.000 Vietnamiens, les besoins en produitsvietnamiens sont importants : chaussures, textile et habillement, objetsd’art et artisanat, produits agroalimentaires, agricoles et aquatiques.Mais leur exportation dans ce pays demeure modeste.
Pourremédier à cette situation, Dô Thang Hai, directeur du Département depromotion du commerce (ministère de l’Industrie et du Commerce), asouligné l’importance de présenter des marques vietnamiennes, surtoutdans les pays où les Vietnamiens sont nombreux comme les États-Unis,l’Europe de l’Est ou l’Union européenne. Il a énuméré quelques-unes desmesures envisagées pour renforcer ces exportations, entre autres,l’organisation d’un programme de distinction des hommes d’affairesvietnamiens à l’étranger, encourager les hommes d’affaires Viêt kiêu àrevenir dans leur pays natal pour monter une coentreprise avec unpartenaire, ou encore inviter les hommes d’affaires Viêt kiêu à revenirau Vietnam pour trouver des opportunités d’exportation de produitslocaux... Selon Dô Thang Hai, ces hommes d’affaires peuvent aussicoopérer avec des entreprises vietnamiennes pour fabriquer sur place desproduits portant une marque vietnamienne.
Vogue des spécialités du Têt
Oignons et ciboules salés, banh chung (gâteau de riz gluant farci deharicot et de viande de porc), confitures... sont depuis longtempsexportés en Europe, aux États-Unis et au Japon où vivent de nombreuxVietnamiens d’outre-mer afin de retrouver les goûts du Têt traditionnel.
Selon les exportateurs, les spécialités alimentaires vietnamiennessont désormais commercialisées dans les supermarchés et épiceries, alorsqu’auparavant elles ne l’étaient que dans de petits magasinsvietnamiens. Ce n’est plus seulement banh chung et confitures que l’on ytrouve, mais aussi d’autres spécialités du Têt de diverses régions duVietnam comme galettes de riz, échalotes macérées, nuoc mam (saumurede poisson)...
Le Japon et les États-Unis sont les deuxprincipaux marchés pour le nuoc mam de Phu Quôc.
Récemment, laprovince de Kiên Giang (Sud) a reçu le certificat d’indicationgéographique pour le nuoc mam de cette île. Cette spécialité locale estle premier produit vietnamien à avoir été reconnu comme tel par l’Unioneuropéenne (UE). Les trois conditions principales pour recevoir cecertificat sont l’origine, la qualité et le service. Cette saumure esttrès réputée au Vietnam, mais les Européens sont loin de tous laconnaître. Ils vont en avoir l’occasion maintenant, grâce à cettecertification qui permet au nuoc mam de Phu Quôc d’être commercialisédans les réseaux de la grande distribution européenne.
Autrefois, les consommateurs de produits alimentaires viet-namiensétaient principalement des Vietnamiens de l’étranger, mais depuis qu’ilssont référencés dans les supermarchés, la clientèle locale commence àles apprécier. En France et aux États-Unis, les clients aiment enparticulier les oignons et légumes macérés qu’ils consommentrégulièrement comme des «pickles», selon une entreprise exportatrice.– AVI