Des progrès à pas de géant des greffes d'organes
L'hôpital militaire 103 a réalisé avec succès la première
transplantation cardiaque au Vietnam, marquant un tournant dans la
médecine nationale. Le receveur était Bùi Van Nam, âgé de 48 ans et
domicilié dans la province de Nam Dinh (Nord).
Selon le
professeur-docteur Nguyên Tiên Quyêt, directeur de l'hôpital d'amitié
Viêt Duc, "nous avons débuté les greffes en 1999. Il s'agissait d'une
greffe du rein. En 2007, l'hôpital a réalisé avec succès la première
greffe du foie chez un adulte. Récemment, nous avons réalisé des
greffes du foie et du rein avec des organes de donneurs en état de mort
cérébrale, et ce sans l'aide d'experts étrangers".
L'hôpital central de pédiatrie, pour sa part, a réalisé six greffes du
foie, dont une sur un patient de deux ans. Selon le directeur de cet
hôpital, le professeur-Docteur Nguyên Thanh Liêm, "l'intervention a été
réalisée par une équipe entièrement vietnamienne".
Selon
un rapport présenté au séminaire "Stratégie nationale pour la greffe
d'organe", jusqu'à fin 2010, plus de 400 malades ont été greffés du
rein dans 12 hôpitaux, 16 du foie et un du cœur. Particulièrement,
depuis l'entrée en vigueur de la Loi sur le don et la greffe d'organes
en 2007, 18 patients ont bénéficié d'une telle intervention.
Le 17 juin 2010 a été un tournant. Ce jour-là, une équipe de l'hôpital
militaire 103, avec le soutien de deux experts taïwanais, a réalisé
avec succès une première transplantation cardiaque. Le directeur de cet
établissement, Hoàng Manh An, fait savoir qu'afin d'atteindre ce
résultat, ces dernières années, l'hôpital a dû pratiquer des
interventions sur des porcs. "Actuellement, la communication sur le don
d'organes, surtout le don du cœur, auprès des familles dont l'un des
proches est en état de mort cérébrale est une question épineuse. Il
s'agit pourtant de l'unique source pour les greffe du cœur",
explique-t-il.
Début mars, une 2e greffe du cœur a été
réalisée à l'hôpital central de Huê (Centre). Le patient est Trân Mâu
Duc, 26 ans, de Huê.
Le Vietnam compte 10.000 patients
souffrant de néphrite qui nécessitent une greffe d'organes, et 300.000
qui doivent bénéficier d'une transplantation de la cornée. D'après une
enquête menée dans cinq grands hôpitaux de Hanoi, plus de 1.300 parmi
environ 4.000 malades (occupant 33,7%) souffrent d'une inflammation du
foie. Parmi plus de 1.800 patients du département cardiovasculaire de
l'hôpital militaire 103, le taux de malades atteint d'insuffisance
cardiaque est de 30,7% dont 20% nécessitant une greffe. À l'hôpital
national cardiovasculaire, selon les statistiques de 2008, environ 30%
des 11.400 patients devraient être opérés.
Le besoin en greffe d'organes demeure grand. À ce jour, plus de 400 patients ont été greffés, surtout du rein.
Actuellement, la transplantation cardiaque dépend totalement des
donneurs en état de mort cérébrale. Selon des recherches menées dans
les hôpitaux Viêt Duc, Bach Mai et 103, le taux de patients morts suite
à un traumatisme crânien est de 80%. Rien qu'à l'hôpital Viêt Duc, on
en dénombre 1.000 cas chaque année. Ainsi, avec une bonne communication
auprès des familles de personnes en état de mort clinique, le don
d'organes, essentiellement de cœur, pourrait augmenter.
Selon le professeur-Docteur Pham Gia Khanh, chef du programme national
d'étude pharmaceutique et sanitaire, le don d'organes pourrait sauver
de nombreux patients. "C'est pourquoi, il faut renforcer les activités
de communication en la matière", ajoute-il. Le directeur de l'hôpital
Viêt Duc estime que l'État devrait proposer des règlementations
concrètes pour encourager le don d'organes.
Parmi toutes
les greffes d'organes, celle du cœur exige les préparatifs les plus
minutieux. Le succès de la première transplantation par une équipe 100%
vietnamienne à l'hôpital central de Huê a été un grand pas pour la
médecine vietnamienne. - AVI