Des fèves aux tablettes, les faiseurs du chocolat de luxe au Vietnam

Le chocolat Marou, fabriqué au Vietnam, serait l’un des meilleurs chocolats du monde, selon le New York Times. Il est à base de fèves de chocolat trinitarios et criollos du district de Tân Phu Dông.

Hanoi, 31 janvier (VNA) – Que peuvent bien faire ensemble un ex-cadre de la société générale et un pro de la pub au Vietnam ? Du tourisme ? Non. Du business ? Oui, certes. Du chocolat surtout ! Une belle histoire de création d’entreprise qui se porte plutôt très bien, dans un secteur gourmand, celui du chocolat.

Des fèves aux tablettes, les faiseurs du chocolat de luxe au Vietnam ảnh 1Marou ne travaille qu’avec des producteurs locaux. Le résultat est surprenant et très agréable au goût ! Photo : VNP
Le chocolat Marou, fabriqué au Vietnam, serait l’un des meilleurs chocolats du monde, selon le New York Times. Dans un récent article, la journaliste Lawrence Osborne a considéré le Marou comme le meilleur chocolat du monde. Visitant la chocolaterie Marou, en banlieue de Hô Chi Minh-Ville, elle a découvert la fabrication de ce mets «féérique». Ce dernier est à base de fèves de chocolat trinitarios et criollos du district de Tân Phu Dông de la province Tiên Giang, dans le delta du Mékong. Sachez que si ces dernières sont très rares, leur arôme est exceptionnel. Le processus de fabrication est sérieusement contrôlé, de la sélection des matières premières à l’emballage du produit.

Marou Faiseurs de chocolat

L’histoire de la naissance de la marque «Marou Faiseurs de chocolat» est une belle aventure, qui allie initiative et passion de deux Français, Vincent Mourou et Samuel Maruta, qui ont quitté leur travail dans la pub et la finance, en France, pour s’installer au Vietnam. Leur ambition était de faire un chocolat mettant en valeur le cacao vietnamien, le fabricant assurant l’ensemble de la chaîne du traitement des fèves à l’emballage du produit (en anglais bean-to-bar).

Ce mode de production n’existait pas au Vietnam. En 2011, les deux fondateurs de la marque s’installent : ils investissent 200.000 euros, leurs économies et une aide financière de leurs parents et amis. Ils embauchent une douzaine de familles d’agriculteurs qui exploitent de petites parcelles de terre, de 2 ha environ chacune. Ces dernières cultivent le cacaoyer en polyculture avec d’autres essences comme l’anacardier et le cocotier, et s’occupent eux-mêmes de la fermentation et du séchage des fèves. Vincent Mourou et Samuel Maruta rendent visite périodiquement à leurs fermiers, les forment à la fermentation et au séchage, ainsi qu’à la sélection de meilleures fèves. Ils ont également installé une fabrique de chocolat 100% artisanale à Thu Duc, en banlieue de Hô Chi Minh-Ville, qui comprend une équipe de 20 personnes.

Aujourd’hui, 70% des ventes sont à l’export, sur trois principaux marchés que sont la France, la Suède et le Royaume-Uni. Le «Chocolate Marou» est également présent aux états-Unis, au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Thaïlande et au Japon. Une partie de la production est commercialisée dans les hôtels, les cafés et les restaurants. Ce chocolat de qualité européenne a été couronné de plusieurs prix dont «Les Espoirs du Salon du chocolat de Paris 2012», les prix d’or, d’argent et de bronze de l’«Academy of Chocolate London 2013».

Le prix à la vente du Marou est un peu plus élevé que ses concurrents car sa fabrication est totalement artisanale, ce qui garantit qualité et saveur. Ces tablettes à l’emballage artistique relèvent du segment du haut de gamme du marché vietnamien et international. Le chocolat Marou est en train de gagner la reconnaissance des gourmets, des chefs et des amoureux du chocolat au Vietnam comme de par le monde.

Chaque terroir a ses particularités

Quand on pense terre de chocolat, on pense plutôt à l’Amérique latine ou à l’Afrique. Pourtant, le Vietnam fait figure d’eldorado. Le pays commence en effet à se faire connaître dans le cercle des initiés, des amateurs de fèves de cacao. La production de cacao a été introduite au Vietnam en 1880, lors de la colonisation, mais ne s’est pas étendue. Il faudra attendre les années 2000 pour que cette culture soit encouragée.

Le goût unique du chocolat Marou provient de la qualité des fèves utilisées, sélectionnées avec soin auprès des fermiers vietnamiens qui cultivent le cacaoyer en polyculture et s’occupent eux-mêmes de la fermentation et du séchage des fèves. Chaque terroir a ses particularités : richesse du sol, fréquence des pluies, climat de chaque province..., confèrent une saveur particulière aux cacaos du delta du Mékong, des contreforts de la cordillère de Truong Son ou des Hauts Plateaux du Centre.​​​​

Des fèves aux tablettes, les faiseurs du chocolat de luxe au Vietnam ảnh 2Vous êtes certainement déjà tombés sur les tablettes de chocolat Marou, avec leur packaging si particulier. Photo : VNP

Les deux faiseurs de chocolat ont souhaité mettre en valeur ce cacao méconnu et d’une très grande pureté. C’est en ce sens qu’ils ont créé un produit d’origine : de la fève à la tablette, le chocolat est entièrement fait au Vietnam. Samuel Maruta et Vincent Mourou sont même allés plus loin en donnant les accents du terroir à leur collection. Leur gamme de chocolat comprend cinq origines différentes, qui révèlent tous les arômes des cacaos sélectionnés. Tiên Giang, 70%, Dông Nai, 72%, Lâm Dông, 74%, Bà Ria-Vung Tàu, 76%, et Bên Tre, 78%, offrant ainsi une palette d’arômes fruités (Bà Ria-Vung Tàu), épicés (Dông Nai), floraux (Tiên Giang)...

Une fois la sélection des fèves fermentées effectuée, le processus de transformation commence. Les fèves sont très souvent stockées dans des sacs de jute pour laisser respirer la matière première. Une première étape consiste à les torréfier : elles passent par un torréfacteur (une rampe de brûleurs à gaz chauffent un grand tambour métallique) pendant une trentaine de minutes pour les libérer d’une partie de leur humidité et augmenter leur arôme.

Les fèves sont ensuite refroidies à l’aide d’un souffleur. La différence principale avec la torréfaction du café est que celle du cacao produit énormément de poussière qui n’est pas évacuée avec les cendres et la vapeur du procédé de torréfaction. C’est pourquoi un cyclone emporte les grosses particules en sortie. La deuxième étape consiste à désolidariser la coque de la fève de cacao. La coque est alors fragmentée. Le résultat de cette «fragmentation» est appelé grué. Un concassage brut permet d’éviter l’obtention d’une bouillie.

La troisième étape, dite vannage, consiste à séparer le grué des coques. Le produit de ce concassage repasse par un souffleur. Pour l’anecdote, les machines qui effectuent ce travail ont été créées par Samuel et Vincent, avec l’aide d’agronomes vietnamiens, à partir de plans d’une machine qui concasse des graines pour oiseaux ! Créativité sans limite ! Le grué est maintenant sans résidu ! Il passe alors par la quatrième étape nommée conchage : le grué est broyé par des meules en granite, qui brassent et écrasent le cacao. Les particules, initialement d’environ 3 millimètres, passent à 20 microns. Les arômes volatils s’évaporent et l’acidité est éliminée.

L’étape suivante est en dérivation. Le produit issu du conchage, presque du chocolat, est pressé. La matière grasse du cacao est alors séparée du tourteau. Représentant 50% de la masse totale, elle est appelée beurre de cacao. Seule une partie du beurre sera ensuite réintroduite pour apporter du fondant au chocolat. Le tourteau, lui, donne par pulvérisation le cacao en poudre. La quatrième étape est le tempérage. En attendant cette mise en tablette, il est stocké dans une tempéreuse. Le chocolat chaud se charge de cristaux de cacao et se fige en refroidissant. La cristallisation dure et fine apporte une bonne conservation et un bel aspect brillant et cassant à la tablette. On passe alors au moulage !

Déterminé à conserver l’esprit artisanal

La dernière étape consiste à emballer les tablettes. Celles-ci sont triées en fonction de la provenance des fèves. Après toutes ces étapes, il n’y a plus qu’à déguster ! Au cas où vous ne seriez pas au courant, sachez que la matière première de ce chocolat se trouve dans le delta du Mékong ou sur les plateaux du Sud du Vietnam. Personne n’avait pensé avant eux à utiliser les fèves de cacao des plantations du delta, relativement petites.

Les projets de ces deux «faiseurs» de chocolat atypiques ? «Nous avons fait un choix de vie ici. Nous adorons notre activité, qui nous apporte à la fois du plaisir et une bonne dose d’adrénaline, lance Samuel. Il nous faudra encore quelques années pour développer vraiment l’entreprise, car nous voulons y aller progressivement, en conservant l’esprit artisanal. Nous ne sommes pas issus des grandes familles de chocolatiers, comme Pralus, Bernachon... Nous explorons un territoire inconnu et avons beaucoup de chose à prouver». Un bel exemple de reconversion passion ! – CVN/VNA

Voir plus

Le premier prix a été décerné à BioWraps, qui transforme les écorces d’orange en une solution d’emballage biosourcée et durable. Photo : VNA

Le Festival d’entrepreneuriat 2025 met à l’honneur les meilleurs projets

Le Festival d’entrepreneuriat 2025 a constitué le plus grand événement annuel résumant un programme d’accompagnement des startups d’un an. Parmi les activités clés figuraient des dialogues politiques sur les mécanismes de promotion des fonds de capital-risque, l’annonce et la remise des prix aux projets les plus remarquables de 2025, et le lancement du Programme national d’entrepreneuriat 2026.

Usine de confection de la société Maxport. Photo : VNA

Textile-habillement : une croissance résiliente malgré la pression d’une profonde restructuration

Le secteur textile vietnamien accélère pour atteindre d'ici la fin 2025 un chiffre d’affaires à l’export de 46 milliards de dollars, dans un contexte mondial particulièrement difficile. Bien que ce résultat soit inférieur à l’objectif de 48 milliards, il représente une hausse de 5,6 % par rapport à l’année dernière et maintient le Vietnam dans le « top 3 » mondial.

Lors de l'ouverture de la Foire-exposition des cadeaux, des produits industriels ruraux typiques et des produits OCOP (« À chaque commune son produit »), couplée au Festival culinaire des délices des Hauts Plateaux du Centre 2025, au Centre culturel et touristique provincial de Dak Lak. Photo : VNA

Dak Lak : plus de 250 stands à la Foire des produits OCOP et industriels ruraux

Le 20 décembre, le Département de l’Industrie et du Commerce de la province de Dak Lak a inauguré la Foire-exposition des cadeaux, des produits industriels ruraux typiques et des produits OCOP (« À chaque commune son produit »), couplée au Festival culinaire des délices des Hauts Plateaux du Centre 2025, au Centre culturel et touristique provincial.

Le Premier ministre Pham Minh Chinh, chef Comité national de pilotage chargé de la mise en œuvre de la Résolution n°68-NQ/TW du Bureau politique sur le développement de l’économie privée s'exprime lors de la réunion. Photo : VNA

Le Premier ministre insiste sur le développement substantiel et efficace du secteur privé

En concluant de la troisième réunion du Comité national de pilotage chargé de la mise en œuvre de la Résolution n°68-NQ/TW du Bureau politique sur le développement de l’économie privée tenue le 20 décembre à Hanoï, son chef, le Premier ministre Pham Minh Chinh, a insisté sur le développement substantiel, efficace et de percée du secteur privé.

Le Premier ministre Pham Minh Chinh prend la parole, soulignant l’orientation fondée sur l’esprit des « cinq pionniers, cinq “avoir” et cinq “ne pas” ». Photo : VNA

Économie et société numériques : le Premier ministre fixe les priorités stratégiques

Dans son discours de clôture présenté lors du IIIᵉ Forum national sur le développement de l’économie et de la société numériques, organisé ce samedi en ligne à destination de 34 villes et provinces, le Premier ministre Pham Minh Chinh a souligné et exigé la mise en œuvre de l’orientation fondée sur l’esprit des «cinq pionniers, cinq "avoir" et cinq "ne pas"».

Une usine de fabrication de composants pour l'habillement située dans le parc industriel de Cam Khe, province de Phu Tho. Photo : VNA.

Rehausser le niveau de la sous-traitance industrielle

La capacité de la sous-traitance industrielle reflète directement l'autonomie d'une économie. Si le Vietnam a réalisé ces dernières années des avancées notables dans ce domaine, considéré comme l'épine dorsale de la production industrielle, il se heurte encore à des difficultés majeures, principalement des goulots d'étranglement technologiques. La maîtrise de la technologie et l'innovation demeurent donc les facteurs décisifs pour renforcer la compétitivité, accroître la valeur ajoutée nationale et contribuer à l'industrialisation du pays.

BAD et BIDV : 250 millions de dollars pour l’agriculture verte vietnamienne

BAD et BIDV : 250 millions de dollars pour l’agriculture verte vietnamienne

La Banque asiatique de développement (BAD) et la Banque commerciale par actions pour l'investissement et le développement du Vietnam (BIDV) ont signé un accord de financement syndiqué de 250 millions de dollars pour promouvoir une agriculture durable au Vietnam et soutenir les petites et moyennes entreprises (PME) détenues par des femmes.

Le Premier ministre Pham Minh Chinh (centre) et les délégués appuient sur le bouton lançant les travaux, inaugurant et mettant en service technique les projets et ouvrages concernés. Photo: VNA

Le développement des infrastructures socio-économiques identifié comme l'une des trois avancées stratégiques majeures

À l'occasion du 79ᵉ anniversaire de la Journée de la Résistance nationale (19 décembre 1946), 234 projets et ouvrages majeurs ont été simultanément lancés, inaugurés ou mis en service technique le 19 décembre dans 34 provinces et villes du pays, pour un investissement total estimé à près de 3,4 millions de milliards de dôngs. Ces événements s'inscrivent dans la dynamique de célébration du XIVᵉ Congrès national du Parti.

Cérémonie de mise en chantier d'une centrale biomasse de 114,9 millions de dollars à Lào Cai. Photo: VNA

Mise en chantier d'une centrale biomasse de 114,9 millions de dollars à Lào Cai

La construction de la centrale biomasse Yên Bai 1, d'une capacité de 50 mégawatts et d'un investissement d'environ 3 000 milliards de dôngs (114,9 millions de dollars), a officiellement débuté le 19 décembre. Ce projet s'inscrit dans les efforts du Vietnam visant à développer les énergies renouvelables et à réduire ses émissions de carbone.