L'installation par la Chine de la plate-forme pétrolière Haiyang Shiyou-981 dans la zone économique exclusive et le plateau continental du Vietnam constituent une violation sérieuse du droit international, ont affirmé des experts et intellectuels vietnamiens des universités Harvard et Massachusetts Boston.

Ces derniers ont hautement apprécié les mesures de protestation que le Vietnam a pris et continue de prendre et observé également les possibilités d'intenter par le Vietnam un procès contre la Chine devant la Cour internationale de La Haye (Pays-Bas). Leurs observations ont été reprises par le correspondant de l'Agence vietnamienne d'Information (VNA - Vietnam News Agency) à New York.

"Etant Vietnamien, je condamne avec véhémence l'implantation par la Chine de la plate-forme de forage pétrolier dans les eaux vietnamiennes. D'après moi, ses actes revêtent une intention davantage politique qu'économique. La Chine a une ambition très grande en Mer Orientale et "la ligne de la langue de boeuf " exprime plus nettement cette ambition d'expansion. Lors du séminaire sur la mer et les îles que j'ai organisé à Harvard en janvier 2014, j'ai invité des experts étrangers à donner leurs opinions. Personne n'a reconnu "la ligne des neuf tronçons" revendiquée par la Chine", a dit le docteur Ngo Nhu Binh, directeur du Programme de vietnamien relevant de la Discipline de civilisation et de langue de l'Asie de l'Est de l'Université Harvard.

A propos de la réaction du Vietnam face aux actes de la Chine, je trouve des signes positifs. Le gouvernement vietnamien a clairement communiqué son opinion auprès de la population et cette dernière a condamné énergiquement les actes de la Chine.

Selon lui, les vues divergent encore quant à la question du règlement de l'actuelle tension en Mer Orientale. Certains prônent l'introduction de ce problème à la Cour internationale. Le Vietnam doit profiter de l'appropation et du soutien de la communauté internationale pour faire face à la Chine.

Concernant l'intention d'un procès contre la Chine devant la Cour internationale, il faut, selon lui, demander conseil aux experts en droit international. Si le Vietnam s'engage dans cette voie, il devra disposer de bases juridiques sûres, consulter les Philippines, s'attacher les services de grands avocats étrangers et écouter attentivement leurs opinions.

Quant au docteur Ta Van Tai, avocat, ancien enseignant de l'Ecole du droit Harvard (Harvard Law School) de l'Université Harvard, il a estimé que la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 exigeait toujours des parties d'effectuer des négociations, voire la réconciliation avant l'application des procédures obligées. Les négociations diplomatiques bilatérales et multilatérales sont ainsi on ne peut plus nécessaires.

Le Vietnam, a-t-il ajouté, peut également présenter ce problème à l'Assemblée générale de l'ONU ou au Conseil de Sécurité de l'ONU. Une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU est une pression de l'opinion internationale qui pourrait empêcher la Chine de poursuivre ses actes. Bien qu'au Conseil de Sécurité, la décision puisse se heurter au véto de la Chine, le Vietnam doit le présenter ou demander à une grande puissance de le faire car c'est une procédure que l'on peut lancer n'importe quand, pourvu que la paix et la sécurité internationales soient menacées. Dans le cas présent, le fait que la Chine mobilise des navires de guerre et recourt à la force à l'encontre de la Surveillance des ressources halieutiques, des Garde-côtes et des pêcheurs vietnamiens, sont des agissements susceptibles de donner du crédit et d'appuyer la démarche du Vietnam auprès de l'opinion internationale.

Le chercheur Nguyen Ba Chung de l'Institut de recherches William Joiner de l'Université Massachusetts Boston a dit qu'il suivait de près sur la presse l'installation par la Chine de la plate-forme de forage pétrolier dans les eaux maritimes du Vietnam. Il est satisfait de l'indignation de l'opinion internationale à l'encontre des actes chinois, et du Vietnam qui bénéficie d'un réel soutien de par le monde. De plus, les Vietnamiens, qu'ils vivent dans le pays ou en dehors protestent vivement contre ces agissements.

Le point de vue du gouvernement vietnamien est clair, a-t-il souligné. Si la Chine ne retire pas la plate-forme pétrolière, le gouvernement vietnamien prendra des mesures qui recevront le soutien des Vietnamiens partout dans le monde.

L'implantation par la chine de la plate-forme de forage pétrolier dans la zone économique exclusive et le plateau continental du Vietnam a provoqué une vive indignation de la communauté des résidents vietnamiens à l'étranger. Les intellectuels aux Etats-Unis, notamment à Boston, ont jugé d'irraisonnables les actes de la Chine.

"La déclaration par la Chine de la "ligne de la langue de boeuf" est d'un intérêt vital. Je trouve qu'aucune mesure n'a encore été trouvée pour empêcher qu'un acte analogue (l'installation de la plate-forme de forage pétrolier) se reproduise. Dans ces conditions, le Vietnam devra, tôt ou tard, intenter un procès contre la Chine devant la Cour internationale", a conclu le chercheur Nguyen Ba Chung.

Le 2 mai 2014, la Chine a implanté la plate-forme de forage Haiyang Shiyou-981 à 15 degrés 29 minutes 58 secondes de latitude Nord et 111 degrés 12 minutes 06 secondes de longitude Est, au Sud de l'île de Tri Tôn, 80 milles marins à l’intérieur du plateau continental du Vietnam, à 119 milles de l'île de Ly Son et à 130 milles des côtes vietnamiennes. Cet emplacement est situé profondément dans la zone économique exclusive du Vietnam selon la convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 (CNUDM).

La Chine a mobilisé des avions et de nombreux navires, dont des bâtiments de guerre, pour protéger cette plate-forme de forage pétrolier. -VNA