Le remplacement progressif des briques en terre cuite par des éco-matériaux (non-cuits) contribuera - en plus de comporter des avantages indéniables sur le plan socioéconomique - à protéger l'environnement.

En avril 2010, le Premier ministre Nguyên Tân Dung a adopté le programme de développement des matériaux de construction vivants à l’horizon 2020 (programme 567). En avril 2012, le chef du gouvernement a signé une directive sur le renforcement de l’utilisation des matériaux non-cuits et de limitation de la production et l’utilisation des briques en terre cuite «traditionnelles».

Conformément à la circulaire 09 du ministère de la Construction, en vigueur depuis le 15 janvier 2013, les ouvrages financés par l’État doivent obligatoirement être construits à l’aide de matériaux vivants. Concrètement, cela signifie que les ouvrages bâtis dans les centres urbains (à partir de la 3 e catégorie) doivent être construits avec 100% de matériaux non-cuits. Un taux qui tombe à 50% dans les autres zones, mais qui sera lui aussi de 100% dès 2015. Pour les ouvrages de neuf étages et plus, il est obligatoire d’utiliser un minimum de 30% d’éco-matériaux, quel que soit l’investisseur. Taux qui sera porté à 50% après 2015.

Selon les statistiques du ministère de la Construction, le pays consomme chaque année 24 milliards de briques. Des besoins estimés à 40 milliards d’unités en 2020. Ainsi : "Les usines - équipées d’une technologie obsolète -consomment 1,5 million de mètres cubes de terre cuite, 150.000 tonnes de charbon en 2015, avec pour conséquence l’émission de plus de 500.000 tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère", a précisé Lê Van Toi, chef du Département des matériaux de construction, ministère de la Construction.

La fabrication d’éco-matériaux permettra d'absorber les sous-produits d'autres secteurs tels que ceux des centrales thermoélectriques, de la métallurgie ou encore de l'exploitation minière, ce qui contribuera à économiser des ressources naturelles comme le coût du traitement de ces sous-produits.

La capacité de production encore faible

En 2011, 20,9 milliards de briques traditionnelles ont été produites dans le pays, soit 83,7% du volume des matériaux de construction. En 2012, 16,5 milliards d’unités l’ont été (82%).

Même si le ministère de la Construction a demandé l’utilisation obligatoire de matériaux non-cuits, les usines les fabriquant sont à l’heure actuelle incapables de satisfaire la demande.

"Dans la province de Quang Binh (Centre) par exemple, il n’existe qu’un seul établissement de production de briques en argile non-cuites, d’une capacité de 10 millions d’unités par an", a déploré Nguyên Van Quyêt, directeur du Service provincial de la construction. Une situation identique dans la province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre).

"La capacité de production (de ce type de matériaux) est très modeste", a ajouté Nguyên Dung, vice-directeur du Service provincial de la construction. Pour sa part, Truong Chi Trung, vice-directeur du Service de la construction de la province de Quang Tri (Centre) a regretté que cette province ne dispose d’aucune usine de ce type. Et il en va de même dans la province de Lào Cai (Nord), où tous les bâtiments mis sur pied consomment les briques cuites fournies par les six usines de la province, d’une capacité totale de 6 millions d’unités par an.

"Le Vietnam est aujourd’hui le seul pays d’Asie du Sud-Est à encore utiliser des matériaux de construction cuits", a déploré le vice-ministre de la Construction, Nguyên Trân Nam.

Dans l’objectif de développer l’utilisation de ces matériaux alternatifs, outre le fait d’injecter des investissements massifs pour la création et l’agrandissement de nouvelles usines, le ministère de la Construction va promulguer toute une série de mesures de sanctions administratives à l’encontre des entreprises du bâtiment qui ne respectent pas la nouvelle réglementation en vigueur depuis le 15 janvier 2013. -AVI