La préservation des épopées entre tradition et espoir
Mais de nombreux chants étaient,
paraît-il, tombés dans l'oubli à cause du désintérêt des jeunes, de
l’influence croissante de la culture moderne et de la raréfaction des
maisons longues où se racontent ces histoires épiques… Eclairage par la
Voix du Vietnam.
“Les épopées du Tây Nguyên sont un
trésor immense, unique au monde pour sa diversité. Elles risquent de
disparaître complètement quand il n’y aura plus de conteurs. Les épopées
n’existent plus que sur papier, elles ne vivent plus au coeur de la
communauté. Il reste très peu de conteurs, et tous s’apprêtent à nous
quitter. Or, les épopées ne se transmettent réellement que par voie
orale. Aujourd’hui, il est très difficile de trouver un conteur capable
de raconter une histoire toute une nuit durant”, explique Linh Nga Niek
Dam, une folkloriste connue de la province de Dak Lak.
Face
à cette situation, l’Institut des lettres et des arts du Vietnam
envisage d’enregistrer d’urgence les derniers conteurs. Les épopées
pourront ainsi être diffusées à la radio, pour que les populations
ethniques puissent les entendre aussi régulièrement que possible.
Selon
le Docteur Hoang Son, directeur-adjoint dudit institut, il faut aussi
publier les épopées en version bilingue, dialecte-vietnamien, et les
introduire dans les bibliothèques des écoles qui reçoivent des enfants
d’ethnies minoritaires.
“Nous devons faire en sorte que
les derniers conteurs qui restent puissent avoir un espace pour
transmettre les épopées aux jeunes”, dit-il . “Il s’agit en fait de les
apprendre à la tranche d’âge la plus proche, ce qui revient à dire que
les octogénaires peuvent apprendre aux soixantenaires. Ceci dit, les
autochtones ne pourront pas se débrouiller tous seuls, il faut que les
autorités mettent la main à la pâte. Et vite, suivant le modèle de
classe que nous avons ouvert pour transmettre la culture des gongs.”
En
réalité, les premières classes d’épopées ont été ouvertes dans la
province de Kon Tum. Mais les résultats restent mitigés, la
participation des maîtres conteurs étant pour l’instant plutôt timide.
“Après avoir collecté et traduit des épopées, nous avons publié les
premiers recueils et ouvert des classes à l’intention des enfants de
minorités ethniques”, indique Phan Van Hoa, un responsable du Service
provincial de la culture, des sports et du tourisme . “Ce sont les
maîtres conteurs qui transmettent leur savoir. C’est un travail de
longue haleine. Nous devons prendre des mesures d’assistance pour
encourager ces artistes populaires.”
Déjà, 62 recueils,
soit 60.000 pages, contenant 75 épopées ont été publiés en version
bilingue. Six ethnies - Banar, Sedang, M’nong, Ede, Cham et J’rai -
peuvent désormais conserver, au moins sur papier, leur trésor culturel.
Le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a
chargé les services compétents d’établir un dossier scientifique pour le
classement de “la transmission orale des épopées du Tây Nguyên” au
patrimoine culturel national, et plus tard, international. – VNA