Dans la peau d'un potier et heureux de l'être à Bát Tràng
Situé à dix kilomètres du bouillonnant centre-ville de Hanoi, le village de Bát Tràng fait figure de petit hâvre de paix. En plus d’attirer les touristes, il séduit aussi les jeunes Hanoïens désireux de s’exercer l’espace de quelques heures à l’art de la poterie.
Bát Tràng fait partie des villages
artisanaux les plus anciens du delta du fleuve Rouge (Nord du Vietnam)
et aussi des plus florissants. Il est en effet devenu une importante
centrale d’achat qui produit dans tous les styles, à l’intention d’une
clientèle internationale. Il poursuit la fabrication de céramiques
traditionnelles et tente l’aventure de créations décoratives, de facture
plus contemporaine.
Niché au bord de ce fleuve, le village est
devenu ces dernières années un des lieux incontournables des voyagistes.
C’est sans conteste le village d’artisanat du Vietnam le plus connu des
touristes étrangers, celui qui figure dans tous les guides de voyage.
Depuis quelques temps, il est possible de se mettre dans la peau
d’un céramiste de Bát Tràng le temps de quelques heures, bref de
confectionner son propre objet, de le personnaliser pour ensuite le
ramener chez soi.
La porte du village affiche la couleur :
«Bienvenue dans le monde des céramiques». La rue principale est une
bousculade de boutiques dont les produits débordent jusque sur le
trottoir. Vases, vaisselle, services à thé jouxtent statues, objets de
décoration… Tout le monde y trouve son compte.
Durant la
journée, visiteurs vietnamiens et étrangers se succèdent. L’ambiance
monte d’un cran le week-end avec l’arrivée de jeunes de la ville bien
décidés à s’amuser. Car certains ateliers proposent depuis quelques
années de mettre la main à la pâte, c’est-à-dire de confectionner
soi-même une «oeuvre» de son choix, du modelage au tour jusqu’aux
finitions au pinceau en passant par la cuisson.
Découvrir le métier de potier
L’atelier de Phung Huy propose 200 m² aux «potiers en herbe», séparés en deux espaces distincts : modelage et coloration.
Dans
le premier sont disposés une quarantaine de tours. Les mains enduites
d’argile, chacun laisse libre cours à son imagination : vase en forme de
cœur, chaussure, cloche, nid d’oiseau...! «C’est vraiment intéressant.
Avec de l’argile et un peu d’eau, il est possible de créer n’importe
quoi», s’enthousiasme une étudiante.
Certains passent des heures à modeler et «démodeler» sans réussir à réaliser l’objet de leur choix. Qu’à cela ne tienne ! L’important est de découvrir certains aspects du métier et surtout de passer un bon moment entre amis.
Une
fois que l’objet est terminé vient la cuisson, d’une quinzaine de
minutes. La dernière étape est la finition, au pinceau. Difficile de
décrire le sentiment de ces «potiers d’un jour», grands et petits, qui,
avec un brin de fierté, s’apprêtent à couvrir leur objet de couleurs et
dessins. Le tout est ensuite recouvert d’une légère couche de fixateur.
En
prenant dans ses mains un joli dragon multicolore, la petite Ngoc Lam
confie avec un sourire : «Je suis née l’année du dragon. Cette année
2012 est aussi l’année du dragon. Ce sera pour moi un souvenir
extraordinaire».
Pour tout ceux que le modelage rebute, il est possible de s’essayer uniquement à la coloration d’objets préfabriqués.
Des
rangées de petites tables garnies de pinceaux et de peintures invitent
les visiteurs à s’essayer à cet art. Ils ont un large choix d’objets et
de figurines, vendus entre 10.000 et 30.000 dôngs pièce.
Une
ambiance studieuse règne dans l’atelier. Autour d’une table, des
fillettes colorent leurs figurines, aux sons d’une musique légère.
Faire connaître le label de Bat Tràng
«Je ne me souviens pas combien de fois je suis venu ici! Ce qui me
plaît, c’est la tranquillité en comparaison avec Hanoi. Et ici je peux
satisfaire ma passion pour la poterie. En plus, ça me permet de faire de
jolis cadeaux à mes proches» , confie Lan Huong, étudiante en
agronomie. Pour Viêt Anh, étudiant en économie : «Bát Tràng, pour moi,
c’est synonyme de détente après une semaine de cours. C’est vraiment un
plaisir de pouvoir créer soi-même de petits objets» .
Selon M. Phung Huy, cette activité a connu un vrai développement ces derniers temps. Un service pourtant guère rentable, car avec seulement 10.000 dôngs, il est possible de passer la journée dans l’atelier ! Mais la motivation des patrons d’atelier est ailleurs. «Pour l’instant, c’est surtout un moyen de promouvoir les produits de Bát Tràng. Plus il y a de visiteurs, plus le label +Céramique de Bát Tràng+ voyage, non seulement au Vietnam mais aussi à l’étranger» , explique-il. - VNA