Comment les Brau chassent-ils les malchances? hinh anh 1De l’alcool à siroter avec des chalumeaux. Photo : danviet.vn

Hanoï (VNA) - Les Brâu, qui sont un groupe ethnique de la province de Kon Tum, sur les Hauts plateaux du Centre, ont une foi absolue en Yang, leur Dieu au ciel. Lorsque leur communauté fait face à un grand incendie, une épidémie, des éboulements, ou une pénurie alimentaire, ils organisent une fête pour demander la protection de Yang.

La fête dure trois jours et nécessite une préparation minutieuse. Le conseil patriarcal répartit les tâches entre les villageois. Les femmes préparent les aliments, cherchent du bois et de l’eau. Les hommes, eux, vont dans la forêt couper des bambous pour ériger une perche rituelle et construire un petit sanctuaire. Une fois les préparatifs achevés, les habitants se mettent à barricader leur village avec du bois et du bambou. Ils s’autoconfinent!... Si jamais un étranger entre au village avant le jour J, il doit en être sorti avant la fermeture du village ou rester confiné avec les villageois durant les trois jours de fête.

«Le jour J, le patriarche du village attache un buffle à la perche et abat un cochon», fait savoir Thao Loi, un habitant de Bo Y. «Une partie du sang du cochon sera pulvérisée sur la perche et une autre diluée avec de l’alcool. Le patriarche arrose le pourtour du pied de la perche avec ce sang dilué en priant pour s’attirer la bénédiction des divinités, afin de chasser les malheurs».

Le premier jour de la fête, toutes les familles sont tenues d’éteindre le feu dans leur cuisine. Dans la croyance locale, le feu est béni par Yang et le fait que le village traverse une mauvaise période signifie que le feu n’est plus béni, d’où la nécessité d’organiser cette fête pour confirmer la dévotion des villageois envers Yang. Durant ce premier jour de fête, ceux-ci s’abstiennent de manger chaud et se contentent des plats cuisinés la veille.

Le deuxième jour est particulièrement important. C’est le jour où les villageois prient les divinités de leur apporter un nouveau feu. Les offrandes comprennent de la viande, du foie et du sang de buffle, de la viande et du sang de coq et de l’alcool à siroter avec des chalumeaux. Un jeune homme et une jeune femme apportent à la maison communale deux pieds de vieux bambou représentant les deux sexes. Le patriarche invoque Yang pendant que les deux jeunes gens frottent les pieds de bambou jusqu’à ce qu’ils prennent feu. Aussitôt, les gongs retentissent et les villageois dansent et chantent en liesse autour du feu qui signifie, pour eux, la fin de toute instabilité et le début d’une période de bonheur et de prospérité.

«C’est le jour le plus important de la fête, le jour où les villageois obtiennent le feu divin. Ils vont cuisiner le buffle et le porc et en faire bombance. Ils vont aussi chanter et danser jusqu’à épuisement», nous dit Bùi Ngoc Quang, chercheur à l’Académie des sciences sociales du Vietnam.

Si les deux premiers jours sont destinés aux cérémonies rituelles, le troisième et dernier de la fête est le jour des retrouvailles. La femme Brâu prend le feu divin dans la cuisine de la maison communale alors que son homme ramène chez eux la part de viande qui leur a été distribuée. Le premier repas chaud de la famille sera ainsi cuisiné, avec le feu divin et la viande divine. Par la suite, tous les villageois se rendent au ruisseau pour se laver et se débarrasser de toutes les malchances, toutes les rancunes, toutes les colères qui ont empoisonné leur existence, celle de chacun d’entre eux et de leur communauté entière. - VOV/VNA

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