Hanoi (VNA) – Depuis près de six ans, la Belgique soutient un projet de croissance verte au Vietnam. Krista Verstraelen, représentante résidente de l’Agence belge de développement, a accordé une interview au Courrier du Vietnam sur les résultats obtenus.
- Le projet baptisé Green Growth Strategy Facility vise à assister le Vietnam dans la mise en œuvre de sa Stratégie nationale de croissance verte. Pourriez-vous faire un résumé de ses activités?
Le Green Growth Strategy Facility (GGSF), comme son nom l’indique, s’harmonise parfaitement avec la Stratégie nationale de croissance verte du gouvernement vietnamien. D’une valeur de 5,5 millions d’euros, dont 5 millions financés par l’Agence belge de développement (Enabel), le GGSF a été mené d’août 2013 à juin 2019 par le ministère vietnamien du Plan et de l’Investissement (MPI), en collaboration avec six villes et provinces choisies à titre d’essai. Il a été géré par une équipe vietnamienne basée à Hanoï, et appuyé par des experts belges sous la supervision du MPI. Il a permis de mettre en place un Fonds destiné à financer les initiatives, les études ou les projets pilotes.
Ce Fonds, d’abord alimenté par des participations belges et vietnamiennes, est appelé à recevoir des contributions de la communauté internationale. L’appui belge s’est concentré sur le soutien aux organismes gouvernementaux vietnamiens qui modèrent et gèrent le financement de l’atténuation et de l’adaptation aux changements climatiques et l’élaboration des plans d’action de croissance verte à l’échelle provinciale. Sans oublier la mise en œuvre à titre d’essai de projets pilotes dans six provinces du Centre que sont Hà Tinh, Ninh Thuân, Binh Thuân, Binh Dinh, Phu Yên et Khanh Hoà.
- Le GGSF arrive à sa fin en juin. Quels sont ses résultats obtenus?
Les résultats sont nombreux. Parmi les plus marquants, le projet a créé un mécanisme pour que le Vietnam puisse plus facilement accueillir et recevoir des fonds en provenance des bailleurs du secteur privé, des banques ou des organisations multilatérales. Ces sources de financement aideront le pays à faire face aux défis, notamment les effets des changements climatiques, et à développer la croissance verte. L’équipe en charge du projet a élaboré le cadre administratif et opérationnel du Fonds ainsi que son système de gouvernance qui doivent, entre autres, être conformes aux exigences du Fonds vert pour le climat des Nations unies.
Dans le cadre de ce projet, un film sur la croissance verte a été réalisé et les études sur l’engagement du secteur privé et les opportunités commerciales pour la croissance verte ont été menées. Le MPI a bénéficié d’un soutien pour l’étude et l’élaboration de politiques pertinentes sur la mise en œuvre des engagements du Vietnam dans le cadre de la conférence sur les changements climatiques COP22. Comme une façon de "montrer le chemin", le GGSF veut aussi aider le Vietnam à mieux canaliser les fonds dans l’avenir.
En particulier, le GGSF a mené des sous projets pilotes. Il a choisi, parmi les candidats, six provinces précitées. On les a appuyées très concrètement pour les aider à élaborer leur propre plan provincial de croissance verte. Comme vous le savez, actuellement il y a une bonne partie des provinces qui n’ont pas encore ce type de plan en raison de différentes difficultés. Nous avons vraiment assisté ces six provinces dans la rédaction d’un plan concret dans lequel sont définies les priorités.
- Êtes-vous satisfaite de ce qu’a atteint le GGSF? Quels sont les résultats qui vous ont le plus impressionné?
Nous sommes absolument satisfaits des résultats finaux. Et il y en a qui sont vraiment très bons. Nous trouvons qu’avec nos partenaires du MPI et surtout ceux dans les localités concernées, nous avons bien travaillé pour que le projet aboutisse. Pour moi, ce qui m’a le plus marqué durant la mise en œuvre du GGSF, c’est le succès des projets pilotes mis en œuvre dans ces six provinces. Nous en avons plusieurs et j’espère qu’ils vont être imités dans d’autres villes et provinces vietnamiennes.
En effet, bien que les moyens et les méthodes de la mise en œuvre ne soient pas phénoménaux, les habitants locaux bénéficient de choix qui sont excellents. Je veux vous citer un exemple très concret. Nous avons récemment été dans la province de Hà Tinh où nous avons visité un ouvrage qui permet de contenir l’eau sale, en provenance d’un marché traditionnel local, et qui se jette dans la rivière Ngèn. La pollution de cette dernière, une question cruciale pour la province, a considérablement diminué. Et c’est un résultat significatif car même les commerçants du marché en sont ravis.
Je peux vous citer de nombreux autres exemples de réussites, dans d’autres provinces, où l’on voit qu’avec une bonne idée et une concrétisation rapide et efficiente, on voit la différence. Lors de ma visite sur le terrain pour inspecter la mise en œuvre des projets, les liens étroits entre les mentors du projet et la population locale m’ont également impressionné. Pour moi, c’est la garantie du succès d’un projet durable. Notre projet ne peut se financer, survivre et se prolonger qu’avec le soutien de la population locale. –VNA