Vu Ngoc Hai était sur le champ de bataille B3 de la province de Kon Tum (Hauts-Plateaux du Centre) de 1968 à 1974. La guerre est finie, mais M. Hai doit faire face à un autre combat, sans fin celui-là, contre des maladies liées à l'agent orange/dioxine.

"Ma vie est liée aux hôpitaux. Je souffre régulièrement de rhumes, de douleurs osseuses et articulaires. Je dois aller consulter le médecin dans tous les hôpitaux, du niveau de district à celui central, mais sans résultats", a dévoilé M. Hai en racontant les difficultés et les peines qui l'affecte en continu.

Né en 1945 dans la commune de Nam Ha, district de Tien Hai, province de Thai Binh (Nord), M. Hai est un des millions de victimes de la plus grande guerre chimique de l'histoire de l'humanité. Entre 1961 et 1971, l'armée américaine a déversé plus de 80 millions de litres d'herbicides et de défoliants contenant de la dioxine sur les forêts du Vietnam.

Plus d'un demi-siècle plus tard, la douleur provoquée par la guerre persiste encore sur les victimes de l'agent orange, produit chimique classé parmi les plus toxiques fabriqués jusqu'ici. La dioxine a entraîné des séquelles sur la santé non seulement des anciens combattants mais aussi de leurs enfants et petits-enfants. Un Centre de désintoxication a été mis sur pied dans la province de Thai Binh, leur apportant un peu d'espoir.

"Il y a deux ans, quand j'ai su qu'il y avait un programme de désintoxication dans ce Centre, je me suis inscrit immédiatement et j'ai eu la chance de participer à la 2e cure. Après près d'un mois de traitement, mon état de santé s'est nettement amélioré", a raconté M. Hai.

Ses accès de fièvres et rhumes sont moins fréquents. Ses douleurs osseuses et articulaires chroniques également, et il a pris 3 kilos. Son état de santé étant meilleur, il a décidé de participer aux activités de l'Association des victimes de l'agent orange de la commune de Nam Ha, afin d'aider ses frères d'armes dans la même situation.

Fondé fin 2010, le Centre de désintoxication de la dioxine de la province de Thai Binh est le premier du genre dans le pays. Il a réalisé 27 cures pour plus de 700 victimes de la province et de l'extérieur, chacune durant entre 20 et 25 jours.

Le traitement applique la méthode Hubbard, sous l'égide de l’organisation internationale ABLE (Association for Better Living and Education International). Ce traitement consiste à éliminer les agents toxiques hors des tissus puis à les évacuer hors du corps par la transpiration.

"La méthode Hubbard est simple et facile à réaliser mais très efficace si l'on respecte rigoureusement le processus fixé", a fait savoir le président de l'Association des victimes de l'agent orange/dioxine de la province de Thai Binh, Nguyen Duc Hanh.

Cette méthode se base sur les points suivants: examens médicaux, prise de vitamines à fortes doses (notamment Niacin-Vitamine B3), gymnastique et saunas, régime alimentaire strict.

D'après le directeur de ce Centre, Nguyen Kim Nhat, cette méthode est parfaitement sûre et aboutit à de bons résultats. 80 à 100% des patients souffrant d'inflammations de la peau, d'allergies, d'insomnies, de photopsie ou de vertiges ont été guéris.

La province de Thai Binh compte des dizaines de milliers de victimes. Mais avec seulement cinq salles de sauna, le Centre de désintoxication ne peut traiter que 40-50 personnes par cure. Cela signifie qu'en l'état, il faudra une dizaine d'années pour que toutes les victimes de la province bénéficient de ce traitement.

"Je souhaite que l'Association de l'agent orange/dioxine de la province reçoive davantage le soutien des généreux donateurs et des organisations vietnamiennes et étrangères pour pouvoir élargir ce Centre", a confié M. Nhat, ajoutant que fin juin dernier, le Centre avait ouvert des cours de formation pour du personnel médical d'autres localités.

Espérons que d'autres Centres de désintoxication de la dioxine verront le jour ailleurs dans le pays, pour redonner de l'espoir aux victimes comme M. Hai. - VNA (à suivre)

Première période: Les victimes de l'agent orange ne luttent jamais seules

Deuxième période: Agent orange: l'énergie du désespoir