Hanoi (VNA) – Lors du voyage du Nord au Sud à bord du train Thông Nhât (Réunification), chaque destination a apporté à Oliver Raw - un contributeur du journal Nikkei Asia - des expériences nouvelles et émotionnelles sous l’angle d’un visiteur étranger.
Nous vous présentons l’article d’Oliver Raw :
Un demi-siècle après la fin de la guerre, rien n’est peut-être plus significatif que d’explorer l’histoire du Vietnam à travers un voyage à bord du train Thong Nhat sur une ligne de chemin de fer de 1 700 km de long qui s’étend de Hanoi à Hô Chi Minh-Ville.
Tout d’abord, j’ai passé une journée entière à explorer les symboles historiques de Hanoi : le temple de la Littérature, le pont Long Bien et la prison de Hoa Lo. Les objets exposés ici montrent véritablement les méthodes de torture cruelles que les colonialistes français infligeaient aux prisonniers politiques. Le musée attire également l’attention avec une série de photos de pilotes américains capturés, dont une photo du jeune John McCain prise après que son avion ait été abattu en 1967.
Le lendemain, j’ai pris le train de 15h30 pour Hô Chi Minh-Ville. En quittant la gare de Hanoi, le train a lentement traversé une ruelle étroite pleine de cafés, c’est la rue du train extrêmement célèbre sur les réseaux sociaux, puis s’est dirigé vers la banlieue. Tout au long du voyage, le train s’inclinait et oscillait constamment sur les vieux rails.

Le chemin de fer a été construit par le gouvernement français au début du XXe siècle, dans le but de relier le Nord et le Sud pour servir le commerce et le contrôle. Durant la guerre, le chemin de fer devint une voie de communication vitale pour l’approvisionnement des forces du Nord, et en même temps une cible de frappes aériennes féroces de l’aviation américaine. Après la réunification en 1975, le chemin de fer a été restauré d’urgence comme symbole de l’unité nationale, avec plus de 1 500 ponts et 150 gares réparés en un peu plus d’un an.
À environ une heure de train de Hanoi, le paysage est progressivement apparu devant mes yeux avec des rizières dorées. À la tombée de la nuit, les montagnes calcaires de Ninh Binh apparaissent faiblement dans l’obscurité - c’est une étape familière pour les touristes étrangers. Le train a continué à rouler toute la nuit.
Avant l’aube, le train a traversé silencieusement le 17e parallèle et peu de temps après, nous sommes arrivés à Huê, première escale de mon voyage vers le Sud.
Huê a une apparence moderne mais calme, en contraste frappant avec le rythme effréné de la vie à Hanoi. Cet endroit était autrefois la capitale de la dynastie Nguyen, commémorant l’événement en 1862 lorsque le roi Tu Duc a signé un traité cédant des terres à la France.

La citadelle de Huê (aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’UNESCO) était autrefois un bastion de l’Armée de libération. « Environ 80 % du palais intérieur a été détruit lors de la contre-attaque américaine », a déclaré le guide touristique Johnny. Les travaux de restauration sont toujours en cours, les appartements privés de la reine ayant été restaurés l’année dernière.
De Huê, le train m’a emmené à Da Nang, la plus grande ville du Centre du Vietnam. Le train serpente à travers des collines couvertes de vignes, à travers une série de tunnels sombres, puis s’enfonce soudainement sur un paysage marin brillant avec des baies de sable blanc immaculé et de petites îles rocheuses disséminées parmi l’eau bleu clair. Peu de temps après, l’horizon de Da Nang est apparu vaguement au loin, se profilant derrière la côte sinueuse.
En février 1965, deux bataillons de Marines américaines débarquent à Da Nang, marquant officiellement la participation américaine à la guerre du Vietnam (le nombre de soldats atteint alors 500 000). Après seulement quelques années, la ville côtière devient rapidement une base stratégique, point de départ de violentes frappes aériennes vers le Nord et de la stratégie américaine de « recherche et destruction » d’une grande partie de l’Armée de libération.

Soixante ans plus tard, Da Nang est devenue une ville moderne, propre et en pleine croissance de 1,2 millions d’habitants. Le littoral moderne attire de nombreux touristes coréens et russes grâce à ses bars, ses salons et ses clubs de plage. Il est difficile d’imaginer que ce qui était autrefois une ligne de front en temps de guerre deviendrait une destination touristique animée.
En quittant Da Nang, je continue mon trajet en train de 20 heures jusqu’à Hô Chi Minh-Ville. De la fenêtre, j’ai vu le train traverser des collines couvertes d’hévéas et d’eucalyptus, des villages aux maisons carrelées se dressant parmi les cocotiers et des cimetières colorés.
Le train est arrivé à la gare de Saigon tôt le matin. Hô Chi Minh-Ville est, comme Hanoï, animée toute la journée et toute la nuit. Alors que Hanoï conserve encore son aspect ancien avec ses villas de style européen et ses rues bordées d’arbres, Hô Chi Minh-Ville s’est transformée en une métropole typique de l’Asie du Sud-Est : surpeuplée, densément fréquentée et pleine de vie.

En 1973, le dernier soldat américain s’est retiré du Vietnam. Cependant, la guerre entre les deux régions continuait. Deux ans plus tard, la guerre prit fin lorsque deux chars de l’Armée de libération défoncèrent les grilles du Palais de l’Indépendance à Saïgon, libérant le Sud et réunifiant le pays.
Devant le Palais de l’Indépendance, j’ai vu une jeune fille en « ao dai » posant pour la caméra, derrière elle se trouvait un ami tenant le drapeau vietnamien. Les jeunes ont répété avec persévérance chaque mouvement – se tourner, agiter le drapeau, saluer – jusqu’à obtenir le moment le plus satisfaisant.
J’ai demandé avec curiosité et j’ai appris qu’ils suivaient une tendance populaire sur les réseaux sociaux vietnamiens appelée « Vietnam I Love ». 50 ans après la libération du Sud et la réunification du pays, 80 ans après la proclamation de l’indépendance, les échos de l’histoire semblent encore résonner sur les voies ferrées comme un rappel du chemin parcouru par le Vietnam. – NDEL/VNA