Artistique et humain avant tout hinh anh 1L’architecte Lê Thi Thanh. Photo :CVN
Hanoï (VNA) - Qu’il est bon de pouvoir raconter de belles histoires et de mettre en valeur de beaux parcours personnels et professionnels. Voici le cas de Lê Thi Thanh, originaire de la province de Thanh Hoa, dirigeante d’un cabinet d’architectes paysagistes et d’un atelier de maroquinerie.

Lê Thi Thanh est née dans un village entouré de rizières et de montagnes de la province de Thanh Hoa (partie septentrionale du Centre). La petite a bien grandi et passé toute son enfance et son adolescence sur sa terre natale jusqu’à son entrée à l’Université d’architecture de Hanoï (HAU), en 2008.

Pour elle, il y a un lien très clair entre son enfance et sa passion pour l’architecture et l’aménagement des paysages : "Petite, avec les enfants de mon village, je jouais tous les jours aux champs ou dans les chemins vicinaux. La nature, la beauté des paysages et la vie en collectivité sont dans mon sang".

Entre 2008 et 2010, Thanh s’inscrit à un cursus d’architecture avant d’apprendre une nouvelle qui va changer sa vie : la HAU va s’ouvrir en 2011 à la francophonie en créant un cursus francophone en architecture du paysage, en collaboration avec plusieurs universités françaises.

Sans hésiter une seconde, Thanh pose sa candidature pour suivre cette filière inédite à l’époque. Elle commence à découvrir le français et décroche son diplôme d’architecture du paysage en 2013. De bonnes nouvelles en bonnes nouvelles, la jeune fille apprend en 2014 que l’ambassade de France propose des bourses pour les meilleurs étudiants vietnamiens. Et la voici qui se lance pleinement dans l’apprentissage du français en suivant un cours intensif sur mesure pendant un an.

Ses efforts sont récompensés : elle obtient une bourse pour un Master 2 en urbanisme à l’université Bordeaux Montaigne (Sud-Ouest de la France). "Je dois rendre ici hommage à ma mère qui a fait beaucoup de sacrifices pour moi. C’est la seule personne qui m’a donné la chance et l’opportunité d’apprendre le français. C’est aussi elle qui a accepté ma demande de suivre la filière francophone à la HAU. C’était un vrai pari car c’était réellement un nouveau domaine et les débouchés restaient incertains", se souvient la jeune fille.
Artistique et humain avant tout hinh anh 2Lê Thi Thanh (première à droite) en mode excursion en France. Photo : CVN


Personnalités influentes

En 2016, Thanh obtient son master d’urbanisme à Bordeaux et commence à travailler en tant qu’architecte paysagiste. "J’ai travaillé dans une agence de paysage à Bordeaux, où j’avais effectué un stage pendant mes études", raconte-t-elle. En 2017, la Vietnamienne s’installe à Valence dans la Drôme, et trouve un emploi dans une agence de paysage dont elle apprécie le projet, la philosophie et la culture du travail. Elle s’en inspire aujourd’hui dans ses ateliers.

C’est toujours en France que Thanh se prend de passion pour la peinture. Profitant du moindre temps libre, elle peindra beaucoup de tableaux. De son passage dans l’Hexagone, elle garde en mémoire la philosophie et l’œuvre de nombreuses personnalités qui vont impacter sa formation et son inventivité : Gilles Clément, jardinier, paysagiste, botaniste, entomologiste, biologiste et écrivain français ; Michel Corajoud, paysagiste français ; Ernst Götsch, agriculteur, expérimentateur et chercheur suisse ; ou encore Francis Kéré, architecte burkinabé, le premier Africain et le premier noir à remporter le Prix Pritzker, l’équivalent d’un Prix Nobel en architecture.

Parfaitement formée et prête à défendre ses projets personnels dans le développement durable et la coresponsabilité, la jeune femme décide de retourner au Vietnam en octobre 2020. Elle choisit de s’installer à Hô Chi Minh-Ville pour créer et mettre en place ses propres activités : le bureau d’architecture paysagère Interscene 3.0 Co et l’atelier de maroquinerie ThanhSimone. 

Projets variés

"Interscene 3.0 Co est un cabinet- atelier d’architectes paysagistes portant un regard nouveau sur chaque lieu à aménager grâce à sa double compétence en paysage et urbanisme vert. Cette sensibilité particulière pour le paysage et l’environnement, acquise au gré de nos voyages et expériences, nous permet d’intervenir sur des projets variés. Nous menons chacun de nos projets dans le respect de la biodiversité, en ayant fait le choix de favoriser le végétal et de créer ou recréer du lien social", partage Thanh.

Favoriser la biodiversité urbaine au gré des sujets d’études et développer l’urbanisme végétal pour répondre aux nouvelles problématiques écologiques sont les enjeux permanents des projets d’Interscène. "L’art de construire, à l’ère de l’écologie, nous pousse à nous réinventer sans cesse et à repenser le pay-sage dans un ensemble cohérent où chacun pourra trouver sa place", poursuit-elle.

En parallèle, Thanh a beaucoup réfléchi sur l’artisanat. Elle pense qu’il doit prendre toute sa valeur non seulement pour les artisans, mais aussi pour une clientèle demandeuse de liens et de communication. C’est pourquoi elle a créé sa marque artisanale de maroquinerie avec une merveilleuse équipe jeune et créative. "C’est là que je peux communiquer directement avec mes clients, mes collègues. J’accueille les gens non seulement pour vendre, mais aussi pour leur expliquer mon travail, ma philosophie, les étapes de fabrication, comment choisir le cuir et les matériaux et bien sûr pour écouter leurs besoins", précise-t-elle.

Sa marque, ThanhSimone, s’inscrit ainsi dans une démarche de développement durable et de coresponsabilité non seulement par la sélection de matières qui ont un impact positif sur l’environnement et la santé, mais aussi par le respect du travail d’équipe, avec de bonnes conditions de travail et une belle culture de l’artisanat.

La créatrice a d’autres projets en tête : "Je souhaite créer une véritable pépinière où l’on pourra faire pousser des plantes locales après les avoir prélevées dans les forêts et les parcs nationaux pour les mettre en valeur dans des projets de construction urbaine, neufs et concrets pour le développement de la biodiversité". On n’a pas fini de parler d’elle. - CVN/VNA
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